1. Des constats et une réglementation en mutation
Dans nos cultures occidentales les insectes sont souvent vus comme des sources de nuisances, mais il en est autrement ailleurs dans le monde. En effet, les insectes contribuent aux moyens de subsistance de populations, ils s'avèrent être des aliments de qualité à faible coût écologique, et rendent des services environnementaux (FAO 2014).
"FEED animals"
Depuis le 1er juillet 2017 (règlement UE 2017/893), il est autorisé d’introduire des produits issus d’insectes en alimentation aquacole. Or les farines d'insectes sont riches en protéines de bonne qualité. Elles sont une alternative intéressante aux farines de poissons ("Small fish : big impact", 2012).
L'utilisation d'insectes en pet-food est également un domaine prometteur, car les propriétaires d'animaux de compagnie sont particulièrement sensibles à la considération de l'animal (implication des élèves de TCVA).
"FOOD for humans"
Depuis le 1 janvier 2018 suite au règlement UE 2015/2283, la commission européenne a introduit les insectes dans les «novel food». Ainsi, les insectes rentrent dans la catégorie des aliments qui sont aujourd'hui acceptés sous certaines conditions.
Dans un contexte de hausse de la population mondiale et d'une demande croissante en viandes et en poisson, les insectes sont bien moins impactant pour l'environnement que les sources de protéines classiques ce qui reposent sur :
- une grande efficacité alimentaire
- un large spectre d'alimentation
- de faibles besoins en eau
- la possibilité de recycler des sous-produits organiques
Par ailleurs, les insectes sont reconnus comme une ressource alimentaire saine et nourrissante, riche en matières grasses intéressantes (AGPI), en protéines, vitamines, fibres et minéraux. Ils sont déjà autorisés depuis plusieurs années dans certains pays de l'UE, où ils sont proposés comme des alternatives à la consommation de viandes ou comme compléments alimentaires.
2. Actions en cours
Suite à des sollicitations en feed et en food, l’ATP mène déjà différents travaux :
- accueil d'un stagiaire béninois pour 8 mois : mise en place d'un élevage pilote d'insectes, et étude de leur incorporation en alimentation aquacole (présentations des travaux aux élèves)
- partenaire du programme régional ERI2F avec des producteurs d'insectes en feed et en food
- essais à l'étude avec un fabricant d'aliment aquacole (présentation en classe par un technico-commercial)
- étude dans le cadre de missions pour l'ONU au Bénin de fabrication d'aliments piscicoles locaux incorporant des insectes (témoignages aux élèves)
3. Actions visées dans le cadre du tiers-temps
3.1. Etude de l'évolution du pilote
L'unité d’élevage sera amenée à évoluer en fonction de différents critères :
- intérêt pédagogique : la production d’insectes sera menée avec les élèves d’aquaculture et de vente en animalerie
- formations envisagées à terme avec le CFPPA de Laval
- modèle économique envisageable à terme
3.2. Mise au point et tests d'aliments destinés aux animaux
L'ensemble de la filière aquacole s'intéresse aux insectes et provoque des rencontres (participations d’élèves).
Le traitement des insectes sera réalisé par une entreprise spécialisée. Il faudra considérer la destination des résidus d'élevage (compost...).
La composition des aliments sera étudiée avec les formulateurs, puis analysés avec les élèves. La fabrication sera assurée par le fabricant d'aliment.
Les élèves participeront aux tests des aliments (élaboration du protocole et essais). Il est déjà prévu de prolonger le programme ERI2F sur ce sujet dès 2019.
3.3. Transformation d'insectes et tests d'acceptabilité en food
Des études seront effectuées avec l’ONIRIS, pour transformer et faire découvrir les insectes en alimentation humaine. Cette étude doit permettre de transmettre un savoir-faire aux entreprises afin qu’elles valorisent au mieux leurs produits tout en se diversifiant.
Les élèves seront présents lors des contacts avec les diverses industries comme c'est déjà le cas avec la transformation des poissons d'étang. Toutes ces activités se feront à travers des travaux pratiques, et des cours théoriques incorporés via le module d’adaptation professionnel ou du module professionnel 6 du référentiel productions aquacoles.
Les apprenants effectueront une présentation des travaux menés autour des insectes, lors du conseil d’atelier technologique et des COPIL du tiers-temps. Ils participeront également à la découverte de l’entomophagie au sein de l’établissement et lors de rencontres avec des restaurateurs, collectivités, lors de comices agricoles…
Un service civique travaillera l'an prochain sur les relations expérimentations-pédagogie.
4. Mise en place de formations et transferts de technologies
L’expérience acquise permettra en fonction des territoires des développements au niveau local (traitement de déchets, food, pet-food), régional et national (élevage, feed, formations) voir international (transferts de technologies).