La Manche, premier département français par la taille de son cheptel laitier bovin et second en matière de production laitière, subit de plein fouet la crise du lait conventionnel. C’est dans ce contexte que nombre d’exploitations se convertissent à l’agriculture biologique pour laquelle le prix du lait est plus attractif (10% de conversion dans la Manche/an ces 2 dernières années). Or, ces conversions ne sont dans bien des cas qu’une adaptation conjoncturelle qui conduisent à une fragilisation des systèmes d’exploitation. D’autre part, le marché du lait bio reste incertain ce qui nécessite d’anticiper les probables chutes des cours. Sécuriser les systèmes et améliorer leur robustesse pour rester compétitifs et attractifs dans ce contexte et pour s'assurer un avenir laitier sont des enjeux de taille pour l’agriculture manchoise. La réduction du montant des charges opérationnelles est un levier clé de réussite, en particulier la diminution des coûts alimentaires dont la part représente bien souvent 50% des charges opérationnelles.
C’est pourquoi l’EPL de Coutances souhaite optimiser ce volet économique en s’appuyant sur les données technico-économiques existantes de son exploitation agricole. Ayant achevé sa conversion en bio depuis 2014, elle commence à avoir suffisamment de recul pour avoir une vision globale du fonctionnement d’un système laitier bio, des facteurs clés de fonctionnement et des difficultés rencontrées. De plus, l’établissement de Coutances est le seul dans le département à avoir fait le choix de la production biologique pour l'intégralité de son exploitation, ce qui l’engage à produire des références en ce sens d’autant plus qu’en bio, peu de données sont à l’heure actuelle disponibles.
Le projet vise à conduire des expérimentations sur un ou plusieurs facteurs de production selon les opportunités, afin d'évaluer leurs impacts, favorables ou défavorables, sur la robustesse d'un système laitier biologique. Les résultats obtenus seront ensuite diffusés dans le monde professionnel et aux différents partenaires afin d'alimenter et/ou d'actualiser les références déjà existantes sur ces sujets. Les expérimentations pourront ainsi porter sur des pesées d’animaux, l’élaboration et le suivi de rations, le choix d’assolement, des observations de parcelles, des comptages dans les cultures… Un diagnostic initial et final de l’exploitation complètera cette démarche et permettra de la situer dans son territoire et d’évaluer l’impact des choix techniques. Les apprenants (BTS ACSE, Term STAV, CGEA, apprentis CS lait) seront impliqués à diverses étapes du projet : participation aux expérimentations (relevés, observations, choix techniques) et analyse, diffusion des résultats dans des revues techniques. Les références produites viendront nourrir les formations notamment le CS lait bio. En fonction des résultats obtenus, de leur validité et de leur cohérence, l’organisation d’un colloque final pourrait permettre de présenter les résultats du projet.
Le projet s’appuiera sur un partenariat riche déjà établi : le GIEE (Groupement d’Intérêt Economique et Environnemental) Agrinitiative sur l’autonomie protéique dont l’exploitation agricole est membre, le CAS DAR Résilait dont nous sommes partenaires, les instituts techniques, (institut de l’élevage, chambre d’agriculture), les fournisseurs d’aliments. En fonction des thématiques expérimentées, d'autres partenaires devraient pouvoir être également associés au projet.
La mission proposée répond aux objectifs
- Pédagogiques et de formation,
- de production de l’exploitation par l’expérimentation de solutions technique pour sécuriser le système de production,
- du projet d’établissement en s’inscrivant dans l’axe stratégique d’innovation,
- territoriaux par la diffusion de références auprès de la profession agricole pour les accompagner dans leur conduite d’exploitation.