Appel à manifestation d'intérêt pour une alimentation durable
Lauréat du projet ACCOLAADE "Accompagner la restauration Collective des Lycées Agricoles vers une Alimentation Durable" (1), l'institut Agro-campus de…
1. Contexte agricole et socio-économique de l'EPLEFPA
L'EPLEFPA de Saint Joseph est l'établissement de formation historique de La Réunion. Son existence remonte à 1955. II a été implanté en périphérie de Saint Joseph qui était à l'époque un gros bourg.
Saint-Joseph compte aujourd'hui 40000 habitants et le développement de la ville s'est fait bien au-delà des limites de l'EPL. L'EPL fait référence en matière d'agronomie et est spécialement reconnu sur son volet élevage.
L'exploitation dispose d'ateliers très conséquents (vaches laitières, porcs, volailles, chèvres, abeilles et plus récemment poissons). Elle est représentative des exploitations réunionnaises dans ses orientations et modes de production. La production des effluents est très importante sur le site. Elle est majoritairement constituée de lisiers. Pendant Iongtemps la valorisation s'est faite sur le foncier de l'exploitation (prairies et canne à sucre essentiellement). Des pratiques non maîtrisées dans les dernières décennies ont conduit à une sursaturation des sols en phosphore qui aujourd'hui interdit par arrêté préfectoral tout épandage d'engrais phosphatés et donc d'effluents sur l'exploitation. Compte tenu de l'état des sols cette interdiction est prise pour Iongtemps sauf démonstration par l'EPL de la capacité des terrains à recevoir à nouveau des engrais phosphatés. L'exploitation doit donc :
Depuis 2 ans le problème de la gestion des effluents est devenu une priorité sur l'établissement.
L'exploitation a récemment contractualisé avec un bureau d'étude pour la réalisation d'un diagnostic environnemental complet avec implication des apprenants. La réalisation de ce diagnostic et la correction des anomalies ont été posées par le Procureur de Saint Pierre comme une alternative exceptionnelle à l'application de pénalités évaluées, pour une première tranche, à près de 400.000 euros.
2. Liens avec les axes stratégiques du projet d'établissement,
Le projet d'établissement est en cours de réécriture. Les axes et objectifs opérationnels ont été validés en conseil d'administration en juin 2021.En relation avec les problèmes évoqués ci-dessus le projet d'établissement est largement orienté vers l'agro- écologie et le développement durable. L'axe 5 du projet d'établissement est intitulé : « PROMOUVOIR L'AGROÉCOLOGIE et FAVORISER LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ». C'est un axe transversal dont les idées doivent se retrouver dans l'ensemble des objectifs du projet d'établissement.L'exploitation, fer de lance de l'agriculture réunionnaise a Iongtemps, trop Iongtemps même, été orientée vers des itinéraires intensifs. Le choix de modes de production différents davantage orientés vers le développement durable, est devenu une nécessité. Les virages sont en cours.
Le projet d'exploitation fait l'objet d'une réécriture afin d'intégrer des axes socles tels que l'agro-écologie, le bien- être animal, le développement de valeur ajoutée via les circuits courts et la promotion d'une économie verte et respectueuse de l'environnement en zone périurbaine.
3. Enjeux et opportunités
Les enjeux à l'échelle de l'établissement sont cruciaux. Aujourd'hui l'exploitation est sérieusement menacée.
De nombreux efforts ont été entrepris depuis 2 ans (programme de travaux, remise à plat des documents de suivi, diagnostic environnemental..). Ils sont pilotés par le directeur d'EPL et la directrice d'exploitation. Il faut maintenant passer à la vitesse supérieure.
Les opportunités tiennent essentiellement dans le fait que les problèmes que rencontre l'exploitation de l'EPL préfigurent les problèmes des exploitations d'élevage à La Réunion. La zone d'élevage de La Réunion est située à mi-hauteur des reliefs de l'île dans des zones particulièrement fragiles et protégées. La gestion des effluents n'a pas toujours été prise au sérieux jusqu'à présent. Les choses doivent changer à grande vitesse. La profession entière est en train de se mobiliser pour tenter trouver des solutions de valorisation des déchets organiques dans un contexte très sensible (Parc national, réserve marine, économie touristique de l'Île...). Ces thèmes sont mis en avant ces derniers mois par la chambre d'agriculture, le CIRAD, l'ARMEFLHOR, les groupements de producteurs, les réseaux RITA... L'Administration fait bien évidemment entendre la réglementation.
Entreprendre le projet sur l'exploitation c'est figurer parmi les pilotes, bénéficier du travail de l'ensemble et apporter une contribution très importante au travail collectif.
Objectif 1 : mener une analyse sur la production d'effluents d'élevage à l'échelle de l'exploitation.
Les quantités d'effluents sont appréciées dans le plan d'épandage. Malheureusement de grosses carences au niveau des constructions et en particulier des réseaux ont conduit à gonfler considérablement les volumes générés. Dans la mesure où personne ne posait vraiment obstacle à l'épandage de volumes démesurés l'inflation sur les quantités à évacuer n'était pas une priorité. Alors qu'en métropole la plupart des exploitations d'EPL ont bénéficié des programmes de mise en conformité des bâtiments et installations, cette dimension n'a jamais vraiment été la priorité de l'EPL de Saint Joseph. Elle n'a du reste pas été la priorité de La Réunion d'une manière générale.
Depuis 2 ans des travaux sont entrepris pour maîtriser les quantités : séparation des réseaux EP/effluents, rénovation des toitures et gouttières, augmentation des capacités de stockage... Aujourd'hui, dans le cadre du projet il est prévu de coordonner la fin de réalisation de ces travaux et d'apprécier plus finement tant quantitativement que qualitativement les productions atelier par atelier.
Objectif 2 : proposer des pistes visant à maîtriser durablement les volumes et les modes de valorisation.
Globalement l'idée est de tester des voies de transformation et en particulier le compostage. L'établissement dispose déjà d'une mini expertise sur le sujet. L'exploitation est depuis peu le support de formations régionales sur le compostage ; formations qui s'appuient sur des ébauches d'essais menés à partir des effluents de la ferme. Il faut maintenant passer à l'étape suivante et tester des process permettant d'atteindre des produits reconnus et si possible normés. La production de composts permettrait de disposer de produits amenant plus de souplesses en matière de plans d'épandage (assouplissement des contraintes de distances). La mise au point de produit normés serait l'idéal dans la mesure où ces produits peuvent être cédés hors plans d'épandage. Le compostage sur place autoriserait également la valorisation de la matière organique sur les ateliers horticoles de l'exploitation.
L'enjeu du compostage est important. Il doit impérativement être testé à l'échelle de l'établissement avec des contraintes climatiques (chaleur et humidité) très spécifiques. L'EPL se situe sur le littoral. La très grande proximité d'une déchèterie accueillant les végétaux est un atout important en matière de fourniture d'éléments carbonés.
Objectif 3 : mener une analyse de nos sols vis-à-vis de l'élément phosphore en testant différentes cultures et en caractérisant la dynamique des éléments sur le temps.
Les sols ayant reçu des quantités conséquentes de phosphore dans un passé récent les équilibres ioniques sont très dégradés. L'acide phosphorique atteint des niveaux records. Cette situation a conduit l'Administration à prendre un arrêté préfectoral d'interdiction d'épandage d'effluents. Les terres n'ont donc reçu aucun apport phosphaté depuis 3 ans et des carences minérales semblent présentes au niveau des cultures. Dans le troisième objectif on envisage de mettre en place un protocole de suivi du phosphore dans le sol. Ce protocole devra s'appuyer :
Ces protocoles sont envisagés avec l'appui du CIRAD et l'ARMEFLHOR déjà sollicités sur le dossier.
Objectif 4 : communiquer en continu sur l'ensemble de ces résultats
In fine, OBJECTIF GLOBAL:
Les partenaires internes :
Le projet sera piloté par le directeur d'EPL notamment dans sa dimension «relation avec l'extérieur» dont l'Administration dans la mesure où le sujet est très sensible actuellement dans le département. Pour le pilotage le directeur d'EPL s'appuiera très largement sur la directrice d'exploitation qui, après plus de 5 années sur la structure, à un bon recul sur le dossier. La directrice d'exploitation sera tutrice de la chef(fe) de projet.
Le projet sera concrètement mené par la cheffe de projet. La ressource est indispensable. Il est prévu la constitution d'un comité de pilotage à 2 niveaux : un comité interne et un comité élargi à l'extérieur. Outre le directeur d'EPL, la DEA et la cheffe de projet, le comité interne sera ouvert aux directeurs de centre de l'EPL, au chargé EPA2, ainsi qu'à une représentation d'enseignants et formateurs. L'implication de personnels de tous les centres vise à favoriser l'appropriation de la démarche et des résultats par toutes les couches d'apprenants.
Les partenaires externes :
Le projet se déploie sur les champs techniques et réglementaires. Pour le champ technique seront associés au projet :
Pour le champ réglementaire :
Analyse des quantités d'effluents d'élevage produites sur l'exploitation :
Action assurée à 100 % par l'EPL
Analyse de la qualité des effluents produits :
Action assurée en partenariat avec le CIRAD, l'ARMEFLHOR, les groupements de producteurs et les fournisseurs d'aliments.
Test et développement du compostage sur l'exploitation :
Action réalisée pour l'essentiel par l'EPL. Analyses des composts et analyse des protocoles en partenariat avec le CIRAD et l'ARP. Tests et normalisation en partenariat avec le CIRAD
Étude de l'évolution des taux de phosphore dans les sols et les fourrages depuis l'interdiction d'épandage :
Actions menées en partenariat avec le CIRAD, ARMEFLHOR, Météo France et eRcane.
Étude expérimentale sur des micro parcelles :
L'idée est de déterminer dans quelles mesures il est envisageable de ré-épandre des effluents ou issus d'effluents sur les parcelles de l'exploitation aujourd'hui soumises à un arrêté d'interdiction d'épandage très pénalisant. A l'occasion cette étude peut servir de référence aux autres éleveurs de l'Île.
Actions menées en partenariat avec le CIRAD, ARMEFLHOR et eRcane
Comme signalé en préambule, l'élevage réunionnais a beaucoup d'ambitions mais se heurte aujourd'hui au problème de la gestion des effluents d'élevage.De nombreuses exploitations sont aujourd'hui menacées car dans l'incapacité de proposer sur du Iong terme des surfaces d'épandages. C'est encore plus problématique pour les projets de création d'élevage alors qu'il importe de réduire la balance d'importation en viande sur le département.
Tout doit être entrepris pour contenir le problème : conquête des terres à ce jour en dehors des plans d'épandage, maîtrise des quantités en optimisant les conduites, choix des cultures exportant le plus de N et K, transformation des effluents.
Dans le même temps les filières horticoles et maraîchères importent de grandes quantités de terreaux, composts et autres substrats.Le projet envisagé sur l'EPL intéresse donc une profession toute entière qui a depuis Iongtemps fait de l'EPL un centre ressource.Il est prévu d'associer les partenaires au comité de pilotage. On envisage par ailleurs un fonctionnement en réseau avec les autres structures qui, dans ce contexte d'urgence, envisage également de s'investir sur le domaine : demandes récemment déposées dans le cadre des dispositifs RITA. La FRCA envisage, courant 2022, la création d'un comité de pilotage sur le sujet et compte sur l'EPL pour y participer.
Tous les apprenants seront concernés par le projet. C'est le projet de l'EPL. C'est donc le projet de toutes les composantes de l'EPL.
Les 3 centres interviennent en continu sur l'exploitation. Depuis 2 ans la maîtrise des effluents d'élevage est un sujet constamment abordée. Ces derniers mois un bureau d'étude indépendant (BRL) a réalisé un diagnostic environnemental exhaustif sur l'exploitation. Un volet pédagogique a permis d'associer élèves et apprentis dans le cadre d'une forme « d'Escape Game » sur l'exploitation. Par le fait, la problématique de l'exploitation est posée comme une base pour tous. Il est prévu d'associer les apprenants à divers niveaux.
Les actions envisagées peuvent ne pas paraître innovantes au regard d'opérations similaires (compostage en particulier) déjà menées dans de nombreuses structures. Le compostage étant une pratique largement maîtrisée à l'échelle nationale. A La Réunion l'activité est bien moins courante même si des essais sont déjà en cours ailleurs.
L'originalité tient dans le fait que le projet est envisagé au niveau de l'EPL dans les conditions propres à l'établissement : effluents de diverses origines essentiellement sous forme liquide qu'il faudra associer au bon complément carboné et surtout process prévus dans une situation atypique pour un élevage (quasiment au niveau de la mer avec des conditions climatiques bien particulières). Les lisiers pourront aussi, de manière singulière sur l'Île, faire l'objet de centrifugation après remise en état des équipements présents sur l'EPL.
La recherche d'un compost normé constitue par ailleurs une innovation à l'échelle locale.
Le projet contribue à la recherche à plusieurs niveaux.
Le chef de projet aura en charge la mise en œuvre du projet et la représentation de l'EPL dans les partenariats liés au projet.
Il pourra s'appuyer sur l'équipe de direction et notamment sur les directeurs de centre pour solliciter les apprenants et proposer des interventions.
Il est envisagé une fois par mois la participation du chef de projet au CODIR hebdomadaire ou davantage au besoin.
Matériel/Équipement | Coûts | Fonds propres | Participations attendues |
Couverture fumières | 220 000 | Conseil Régional : 220 000 | |
Poches à lisier | 30 000 | Conseil Régional : 30 000 | |
Plateforme de compostage | 50 000 | 20 000 | Conseil Régional : 30 000 |
Épandeur/Retourneur d'andains | 42 000 | 13 000 | Plan de relance : 29 000 |
Broyeur | 30 000 | 30 000 | |
Remise en état centrifugation | 10 000 | 10 000 | |
Matériel analyse de compost | 15 000 | 15 000 | |
Analyses | 10 000 | FEADER : 10 000 | |
Livrables | 5 000 | 1 000 | FEADER : 4 000 |
Déplacements | 2 000 | 2 000 | |
Fonctionnement | 20 000 | 20 000 | |
Autres frais | 1 000 | 1 000 |
Outre l'intérêt direct pour l'exploitation, le projet a vocation à sensibiliser le plus grand monde sur le sujet de la maîtrise des effluents et sur l'élevage « propre ». II a également vocation à produire de l'information et des références techniques sur la valorisation des effluents et sur le comportement des éléments minéraux dans le sol.Communication : roll up, fiches techniques, revue périodique, site internet, capsules vidéos, etc.