L'exploitation agricole de l'EPL de Brioude est porteuse de nombreuses expérimentations, à la fois pour l'agriculture conventionnelle et l'agriculture biologique. Une équipe d'enseignants s'implique fortement, et l'utilise avec intensité pour les applications pratiques.Parallèlement, les équipes pédagogiques et éducatives des filières préparant aux bac professionnels CGEA et Agroéquipement s'interrogent à propos de la difficulté d'enseigner dans ces classes. Lorsqu'on interroge les élèves sur les ressorts de leur comportement, ils expriment une forte lassitude à l'égard de « l'école ». Ils disent avoir besoin de « bouger ». Plus en profondeur, lorsqu'ils sont amenés à écrire en cours de français, ils révèlent de façon frappante une forme de désespoir. Ils semblent porter les angoisses de leurs parents agriculteurs, affrontés aux diverses crises agricoles, à celle qui se profile dans le secteurs le plus important du département, la production laitière. L'exploitation de l'établissement est inscrite dans ce contexte très préoccupant, puisqu'elle conduit un élevage laitier intensif sur son site principal. Le projet consiste à mettre l'évolution agroécologique de l'exploitation au centre d'une évolution pédagogique et, en même temps, au service d'une sensibilisation des habitants du territoire qui sont notamment parents des élèves des filières concernées.Différents projets seront menés par les équipes pédagogiques avec les élèves des filières professionnelles. Ils seront des réponses pas à pas, partielles ou complètes, aux questions posées pour faire évoluer l'exploitation agricole. En s'appuyant sur une lecture d'équipe des référentiels, une grande partie des enseignements – y compris des domaines de connaissances générales- sera progressivement pensée dans une dynamique de projets construits en réponse à ces questions. En rendant acteurs les élèves, pour répondre à de « vraies » questions, il sera plus facile de les mobiliser pour apprendre.Différents sujets pourront donner lieu à des questions à traiter par les élèves, afin d'avancer dans la réflexion à propos de cette évolution de l'exploitation, ils ont d'ores et déjà été repérés par des enseignants et le directeur d'exploitation. * La rentabilité de l'exploitation- La diversification des produits par la production d'énergie: p.ex. comment définir une insertion satisfaisante dans le système d'exploitation, du méthaniseur prévu par le conseil régional ?- La diversification des produits de l'exploitation par la mise en œuvre d'un circuit court de commercialisation de viande: il serait opportun de tester en petite dimension la démarche.-L'amélioration de l'autonomie fourragère et en protéines pour l'élevage laitier : quelles nouvelles espèces à implanter, et commencer à prendre en compte les évolutions climatiques? - La diminution des autres charges d'élevage: une réflexion globale serait pertinente pour diminuer à moyen terme chaque poste, comme les frais vétérinaires ou les charges de bâtiment. * Les conditions de travail et de sécurité sur l'exploitation, par exemple : - L'amélioration de la sécurité des flux de matériel, de personnes,des animaux sur l'exploitation : il y a à repenser le plan de circulation à l'occasion de l'installation du méthaniseur; et organiser, mettre en place des moyens de contention des animaux dans des conditions plus sécurisées.- L'amélioration de l'ergonomie des outils, des installations : comment organiser un recyclage des objets entreposés ici et là, quelles améliorations possibles à concevoir avec, pour un meilleur confort des animaux, et/ou de l'activité des salariés ? * La communication de l'exploitation avec la société dans sa diversité :- La communication à propos des expérimentations : comment élaborer et présenter les données pour qu'elles soient compréhensibles et utilisables par les partenaires?- La communication en direction des urbains à propos des projets menés pour l'exploitation : Comment les associer avec notamment les outils numériques ? Cette présentation de sujets ne constitue qu'une première approche du socle qui permettra d'élaborer les questions à traiter par les élèves.Enfin, au delà des temps d'enseignement, les activités menées dans les clubs du mercredi (club « vert », machinisme, préparation des animaux et des élèves au concours agricoles) seront des supports pour mêler techniques et outils de communication, culture, en sorte de favoriser l'ouverture d'esprit des élèves, la mobilisation de leurs capacités d'invention, pour les encourager à sortir du fatalisme.Les parents de ces élèves, pour la plupart agriculteurs, seront associés à cette démarche, par des échanges périodiques, sous diverses formes. Ils pourront ainsi réfléchir avec leurs adolescents à ces sujets qui les concernent. Les journées techniques qui sont organisées actuellement seront un point de départ pour cette communication à développer plus largement avec les habitants du territoire.