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« Da l’ortu à u piattu », des fruits et légumes bios et locaux pour la restauration collective à Borgo

A Borgo en Haute-Corse, l’EPLEFPA Corsic’Agri Borgo-Marana est engagé depuis plusieurs années pour une alimentation durable. Il porte un projet expérimental de système alimentaire local et durable « Da l’ortu à u piattu (du jardin à l’assiette) afin d’approvisionner la restauration collective en légumes bios. Ce projet est financé par la Collectivité de Corse.

L’EPLEFPA de Borgo est situé à proximité de Bastia, dans la plaine orientale de la Corse. Cette grande plaine de 80 km de long et 15 km de large environ se caractérise par la présence de vignobles, oliveraies, agrumes (clémentiniers particulièrement) plantations de kiwis et maraîchage.

L’établissement dispose d’un verger de clémentiniers, d’une collection de citrus et, depuis peu, de parcelles en maraîchage biologique. Il se caractérise par une dynamique de travail en mode « projets » particulièrement forte dans des domaines variés : coopération internationale avec des échanges avec la Finlande, la Sicile, l’Espagne, outils pédagogiques numériques, projets pour la transition agroécologique.

Depuis 2 ans, il porte le projet expérimental de système alimentaire local et durable « Da l’ortu à u piattu (du jardin à l’assiette) : vers un système durable au sein d’un territoire pour approvisionner la restauration collective ». Liliane Phantharangsi, cheffe du projet, précise ses objectifs : « il s’agit de définir les conditions à remplir pour approvisionner la restauration collective locale en légumes et fruits bios et locaux et d’expérimenter des solutions ».

Une dynamique forte pour une alimentation durable

La dynamique sur le développement d’un système alimentaire local et durable (SALD) a été engagée depuis plusieurs années au sein du Campus Corsic’Agri Borgo-Marana. « Nous avançons par étapes en capitalisant au fil des projets, précise Liliane Phantharangsi : nous avons commencé en 2015 avec un projet de 2 ans financé par la DRAAF pour évaluer la possibilité d’organiser des repas en produits bio et locaux à la cantine. Puis entre 2016 et 2018, un projet pour réduire le gaspillage alimentaire lancé par l’ADEME et la DRAAF a permis de réduire les déchets de 35% à 40%, de mettre en place un salad-bar et des supports pour l’éducation à l’alimentation et à l’équilibre alimentaire. Il a permis de poser les premières bases de la lutte contre le gaspillage alimentaire et de faire des économies substantielles pour l’amélioration de la qualité des denrées achetées. En 2018, l’établissement s’est focalisé sur l’économie circulaire, avec une étude fine des effectifs des élèves à la cantine, la poursuite de la lutte contre le gaspillage. Ces actions ont permis d’augmenter progressivement la consommation de fruits et légumes dans la cantine, la diversification des légumes proposés. En 2020, l’établissement a débuté le projet expérimental « Da l’ortu à u piattu » financé par la Collectivité de Corse et regroupant plusieurs partenaires.

Parallèlement à cela, la DRAAF a réalisé une étude de 6 mois sur « comment concilier les objectifs de la loi EGAlim sur la restauration collective avec le développement des filières locales en Corse », auprès de larestauration collective et de la profession agricole, pour objectiver les freins et leviers.

« Da l’ortu à u piattu », un projet structurant pour l’établissement et pour le territoire

Ce projet implique 11 partenaires du territoire : la collectivité de Corse qui finance le projet et notamment le poste de chef de projet, l’ODARC, la DRAAF Corse, la DREAL Corse, l’Ademe, l’INRAe, Interbio Corse, la chambre d’agriculture 2B, les jeunes agriculteurs et les collèges voisins de Biguglia et de Lucciana.

L’expérimentation dans le cadre du projet est progressivement déployée à 3 niveaux territoriaux : il s’agit d’abord d’acquérir et capitaliser des connaissances et références à l’échelle du Campus Corsic’Agri Borgo Marana sur un approvisionnement direct en fruits (verger d’agrumes) et légumes bio (atelier maraîchage) issus de l’exploitation agricole. Ensuite, la réflexion est élargie avec 2 collèges de proximité et des producteurs ou organisation de producteurs du bassin de production proche. Enfin, il s’agit d’étudier avec les acteurs du territoire et de façon concerté ce mode d’approvisionnement et amorcer à construire un maillage cohérent du territoire: « Aujourd’hui, nous avons progressé sur les 2 premiers niveauxavec l’identification des besoins, les freins et leviers à la mise en place d’un approvisionnement en fruits et légumes auprès des 3 cantines (sur le campus de Borgo et dans les 2 collèges voisins), de la production à la restauration en passant par la logistique. Nous poursuivons avec l’expérimentation dans la mini légumerie pour tester la pré-transformation (épluchage et conditionnement sous-vide) en suivant les recommandations d’un plan de maîtrise sanitaire PMS» précise Liliane Phantharangsi. L’activité maraîchage a réellement redémarré en janvier 2022 avec le recrutement de nouveaux salariés dédiés au maraîchage. Actuellement l’approvisionnement en légumes bio issus de l’exploitation représente environ 10% du volume de légumes achetés par la cantine, variable selon les saisons. Par ailleurs, un système de vente directe a été mis en place cet été et rencontre progressivement sa clientèle tous les mercredis matins.

Un séminaire d’échanges sur l’approvisionnement de la restauration collective en produits locaux et durables

« Afin de lancer le troisième niveau de concertation à l’échelle de l’ensemble de la Corse, nous avons organisé un séminaire d’une journée, le 28 septembre dernier, avec tous les partenaires du projet et en invitant les différents acteurs concernés : agriculteurs, collectivités, chercheurs, représentants des PAT … » explique Liliane Phantharangsi. «  Il s’agit de faire le point et d’échanger sur le développement de l’approvisionnement en produits locaux et de qualité pour la restauration collective, les enjeux, les freins et leviers, les perspectives et les partenariats à développer ».

Au fil de plusieurs interventions en séance plénière, cette rencontre  a permis de poser les enjeux de la reterritorialisation de l’alimentation et de la relocalisation de l’approvisionnement pour la restauration collective, avec les contributions de l’INRAE et du RMT alimentation locale. Une intervention du SRAL a précisé le cadre réglementaires de la loi EGalim pour la restauration collective et les différents projets alimentaires territoriaux (PAT) en Corse, illustré par la présentation du PAT de la communauté d’Agglomération du Pays ajaccien. La coopération agricole a présenté son étude sur les marchés publics en restauration collective de Corse. L’atelier technologique de l’EPLEFPA de Nantes Terre Atlantique a apporté son retour d’expérience sur le fonctionnement de sa légumerie qui approvisionne des sites de restaurations collectives du département de Loire-Atlantique, en service depuis 2015.

L’après-midi, trois ateliers thématiques ont permis de dégager des pistes respectivement sur la capacité de production en produits de qualité et locaux pour la restauration collective, sur les outils et la logistique pour regrouper l’offre pour celle-ci et sur le groupement d’achat public de Haute-Corse.

Un projet support pédagogique pour les apprenants et outil de démonstration sur le territoire

Ce projet a déjà permis plusieurs actions pédagogiques. Par exemple, les participants au séminaire du 28 septembre ont été accueillis par les élèves de Terminale SAPAT (Services aux personnes et aux territoires) et leurs encadrantes. Un module d'adaptation professionnelle intitulé « Da l’ortu à u piattu » a été mis en place pour les classes de première et Terminale du Bac pro « SAPAT ».

D’autre part, l’atelier maraîchage a été le support technique pour les stagiaires du brevet professionnel agricole encadrés par leurs formateurs et les salariés de l’exploitation agricole. Ainsi, de nombreux chantiers ont été organisés pour découvrir les différentes étapes d’un itinéraire technique et également le montage de la dernière serre tunnel.

L’organisation de ce type d’évènement contribue au rayonnement de l’établissement qui est très ouvert sur son territoire : des journées portes ouvertes permettent ainsi de le faire connaitre. Le Campus Corsic’Agri Borgo-Marana participe au premier salon des formations et des métiers en octobre 2022 et au  salon Agrisgiani, salon de l’agriculture organisé par la chambre d’agriculture de Corse en décembre prochain. Aujourd’hui, il est reconnu comme un acteur incontournable du territoire.

Un établissement engagé dans plusieurs actions en faveur de la transition agroécologique


Chiffres clés :

  • SAU totalement irrigable de 27,3 ha en HVE
  • Productions : 5 ha agrumes certifiés Global Gap et IGP « Clémentine de Corse », prairies temporaires (14 ha), collection de citrus 7000 m²
  • Depuis janvier 2022 : maraichage 100% en AB en plein champ (3000 m²) : courgettes, salades, tomates, patates douces, pommes de terre, etc. et 3 tunnels de 240 m² chacun sous serres (production de plants, culture d’aromates, de tomates, poivrons, …)
  • Salariés : 1 DEA, 1,5 salariés permanents et 2 salariés permanents pour lancer le projet maraichage. L’exploitation fait appel à des prestataires de services et des saisonniers pour la taille, la cueillette, l’ébourgeonnage.

Contacts utiles :

  • Stéphane Raguenet, directeur de l’établissement : stephane .raguenet(at)educagri.fr
  • Liliane Phantharangsi, cheffe de projet « Da l’ortu à u piattu » : liliane.phantharangsi(at)educagri.fr
  • Jean-Luc Cabau, directeur de l’exploitation : jean-luc.cabau(at)educgari.fr
  • Lionel Turek, responsable projet tiers temps Clem’Abri Bio : lionel.turek(at)educagri.fr,
  • Laetitia Agostini, référente EPA2 : laetitia.agostini(at)educagri.fr

     

Décembre 2022 - Irène Allais, animatrice Réso'them de l'enseignement agricole