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À La Réunion, l’établissement FORMA’TERRA est très engagé dans la transition agroécologique

Riche de quatre sites, l’établissement d’enseignement agricole de Saint Paul ou FORMA’TERRA s’est engagé de longue date dans le plan « Enseigner à produire autrement » notamment sur Ecophyto, l’AB, la biodiversité et l’agroforesterie. Très investi dans les transitions avec le zéro glyphosate et un essai zéro pesticides, l’exploitation a obtenu d’excellents résultats en durabilité comme le montre la méthode IDEA RUN testée en octobre 2021 avec l’appui du CIRAD.

L’établissement FORMA’TERRA est très actif dans les expérimentations agroécologiques

Dès 2009, l’établissement d’enseignement agricole de Saint Paul était impliqué dans l’action 16 du premier plan Ecophyto (2009-2015) avec un objectif de réduction des produits phytopharmaceutiques. Ces travaux ont permis à l’exploitation agricole de développer des expérimentations et de proposer un accueil pédagogique de plus en plus important. Les étudiants BTSA GPN ont participé à la démarche « d’entretiens stratégiques » en 2021 pour contribuer à l’élaboration du plan local « enseigner à produire autrement ». La licence professionnelle « Agriculture et développement durable en milieu Tropical et Insulaire » réalise chaque année une évaluation de la durabilité de l’exploitation avec la méthode IDEA RUN. Le projet Ecophyto’Ter (2021-2023), piloté sur place par Jérôme Masson, est suivi par la Bergerie nationale. Le projet CASDAR TAE « Agro Haies + » (2018-2021) est coordonné par François Van-Meerhaeghe. Il a permis de renouveler et de déployer les haies à partir de plantes indigènes notamment grâce à l’Appel à Projets « Plantons des haies » du Plan de Relance. L’exploitation dispose d’une collection de 39 variétés de mangues dans un verger conservatoire en partenariat avec le CIRAD et la chambre d’agriculture. Les expérimentations sont menées sur l’exploitation avec des partenaires locaux : le CIRAD, l’Armeflhor, la FDGDON, Ercane, la chambre d’agriculture et le GAB. Tous ces projets et actions ont permis une forte implication des apprenants dans l’exploitation agricole.

En réduisant l’usage des pesticides, FORMA’TERRA s’est largement engagé dans le plan Ecophyto

Dans le cadre du projet Ecophyto’Ter, l’établissement de Saint-Paul a développé plusieurs projets collectifs pour accompagner les apprenants. Jérôme Masson, référent du projet, indique que « l’idée principale est de créer un parcours pédagogique sur l’exploitation agricole avec un jeu éducatif, un Pocket-film et un projet de quizz agroécologique réalisé dans le cadre d’un projet d’iniative et de communication (PIC) de BTS ». Le projet ST0P (Système de production Tropicaux zéro Pesticides de synthèse) est un DEPHY EXPE mené avec l’Armeflhor et le CIRAD pour tester le zéro pesticide en fruits et légumes (Ananas victoria, grenade, figuier, corossol, aubergine, laitues et courges). L’utilisation de moyens de lutte tels que les pièges à mouches des fruits mais aussi les augmentariums est omniprésente dans les cultures. La conversion en AB a permis de diminuer l’usage des pesticides et le glyphosate a été supprimé. Les herbicides sont encore présents en canne à sucre mais en dessous de l’IFT de référence (Source : IFT 4,1 en 2017)  avec une moyenne de 2,2. L’exploitation fait partie d’un réseau DEPHY Mangue et souhaite faire évoluer son verger vers l’AB. L’établissement Forma’Terra a publié de nombreux guides pratiques Ecophyto en lien avec l’agroécologie avec l’appui de Jérôme Masson.

Un projet « Agro Haie + » au service de la biodiversité et des plantes indigènes dites « péï »

Enseignant d’aménagement paysager Tiers-temps de 2017 à fin 2021, François Van-Meerhaeghe précise que « l’établissement FORMA’TERRA avait initialement conçu un sentier botanique et un arboretum de plantesindigènes ou plantes  péï, en créole réunionnais. ». C’est sur ces bases que le projet CASDAR TAE « Agro Haie + » a été mis en place à la rentrée 2018/2019. Avec l’appui d’un volontaire service civique en biodiversité et durabilité pour l’encadrement de stagiaires (Bac pro et BTS), il est prévu de planter 1,2 km de haies avec des espèces indigènes y compris endémiques pour 48 espèces issues de forêts sèches répertoriées et protégées. L’établissement coopère avec le CBNM (Conservatoire Botanique National de Mascarin) pour réunir les plants. François précise que « ceux-ci proviennent de l’autoproduction en serre, de dons du CBNM et d’achats chez un pépiniériste local. ». L’établissement a adhéré à l’AFAC et souhaiterait développer un label pour valoriser ses haies, plantées en zéro pesticide, avec un paillage organique issu de l’exploitation agricole, une irrigation pendant trois ans, du compost local (produit au niveau de l’intercommunalité), des plantes mellifères et une taille volontairement limitée. « A ce stade,nous avons déjà planté 800 plants pour 35 espèces avec le suivi scientifique du CBNM et le suivi de pièges à auxiliaires avec la FDGDON. » indique François. Sur le plan pédagogique, plusieurs formations contribuent au projet « Agro Haies + » : les bac pro GMNF, les STAV, le BTSA GEMEAU, le BTSA GPN (module M56), le BTSA TC agrofournitures et la licence ABCD par apprentissage. Les BTSA DARC ont participé à l’analyse des sols avant les plantations.

 

La méthode IDEA RUN confirme d’excellents résultats en agroécologie

Finalisée en 2014 sur la base d’un travail de plusieurs années, la méthode IDEA RUN s’appuie sur les travaux d’IDEA 3 avec une adaptation spécifique pour l’île de La Réunion. L’école technique réalisée dans le cadre du projet Territoires Durables qui s’est tenue à l’initiative du CIRAD HortSys et du conseil scientifique IDEA du 11 au 13 octobre 2021 a permis de réaliser une nouvelle évaluation de la durabilité de l’exploitation agricole de Saint-Paul. Un manuel IDEA RUN a été publié en 2018. Il a fait l’objet d’une réédition à l’occasion de ces rencontres. La synthèse des notes se traduit par 3 piliers notés chacun sur 100. Les résultats obtenus à Saint-Paul donnent une excellente note agroécologique : 91 points sur 100 à comparer avec l’enquête des étudiants de licence professionnelle qui l’avaient légèrement surévalué, l’écart s’expliquant par l’appréciation de l’enquêteur (94 points). Le pilier socio-territorial est notée à 65 points ce qui reste bon. Enfin le pilier économique, non évalué à cette occasion, avait été noté à 41 points par la licence pro avec leur enseignant, Fady Fontaine ; ce qui représente une note en dessous de la moyenne mais sans surprise pour un établissement qui a un objectif de service public (accueil pédagogique).

 

La démarche « d’entretiens stratégiques » a permis d’élaborer le plan local EPA

Avec l’appui de deux enseignants, Aurélien Velle (Référent Enseigner à Produire Autrement) et Anna Auré, la classe de BTSA GPN première année de Saint-Paul a réalisé des entretiens stratégiques auprès de Mylène Wilt, DEA jusqu’en janvier 2021, de Josian Delaunay (nouveau DEA) arrivé en février 2021 et de François Van-Meerhaeghe, enseignant en aménagement paysager et responsable du projet  Enseigner le Développement Durable (EDD) avec le CASDAR AgroHaie+. L’objectif était de réaliser des propositions pour l’élaboration du plan local Enseigner à produire autrement (Objectif 3.1 du PLEPA). L’établissement s’est également appuyé sur l’outil de positionnement DD-EDD pour travailler sur le PLEPA en développement durable et en éducation au développement durable (EDD). Parmi les chantiers prioritaires issus des entretiens stratégiques, les étudiants ont identifié les travaux à mener pour optimiser l’irrigation, le passage des mangues à l’agriculture biologique, la restructuration de la production de pitayas pour augmenter son rendement et la création de haies productives en fruits et plantes médicinales. La plantation de fruits anciens appelés « lontan » en créole réunionnais reste également une piste intéressante. La démarche menée à Saint Paul a fait l’objet d’un témoignage dans un document de 4 pages.


Ressources utiles


Chiffres clés de l’exploitation (source BD – ALEXIA)

  • Surface totale : Saint-Paul 10 ha ; Piton Saint Leu 5,9 ha et 3 ha forêts ; Saint Benoît 2,8 ha et Étang salé 4.000 m2 sous abri en location. Soit verger 12 ha ; canne à sucre 11,6 ha ; légumes et fruits 4,9 ha.
  • Productions : Mangues, canne à sucre, pitaya (4 T/ha), litchis, ananas, maraîchage, bananes et 50 ruches.
  • Salariés : 5,5 ETP plus deux apprentis et deux volontaires service civique.
  • CA 2020 : 83 KF (2019 : 190 KF)

Contacts utiles


Janvier 2022– Philippe Cousinié, animateur Réso'them de l'enseignement agricole et Cécile Rubagotti, chargée de mission ADT-ADEI au SFD de la DAAF de l’île de La Réunion