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Animation et développement
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Les troisièmes rencontres « légumineuses pour l’alimentation humaine » s’invitent à Toulouse autour de la lentille

Les troisièmes rencontres du groupe de travail national « légumineuses pour l’alimentation humaine » se sont tenues du 1er au 3 avril à l’exploitation agricole de l’EPLEFPA de Toulouse-Auzeville. Dix enseignants et directeurs d’exploitation ou d’atelier technologique de huit établissements y ont assisté. Cette formation a permis d’étudier la filière lentilles du champ à l’assiette et de travailler sur des projets dans chaque établissement.

Une formation autour de la lentille à Toulouse du 1 au 3 avril 2025

Avec l’appui du GIP- LIA (Groupe d’intérêt public « lien, innovation et agroécologie » en Occitanie) et de la Bergerie nationale de Rambouillet, cette formation avait pour objectif d’accompagner et de valoriser des projets de développement des filières légumineuses dans les établissements agricoles. Le GIP-LIA mène des expérimentations chez des agriculteurs locaux. Une visite a été organisée chez l’un d’entre eux avec l’appui technique des référents nationaux lentilles (Zoé Le Bihan) et pois-chiche (Quentin Lambert) de Terres Inovia, l’institut technique agricole chargé de développer les oléagineux, les protéines végétales et la filière chanvre. Irène Allais a ouvert la formation en rappelant les intérêts des légumineuses en termes de diversification des systèmes, de santé, d'autonomie protéique, de décarbonation de l'agriculture et de l'alimentation.

Programme en pdf

Un contexte français face à des scénarios ambitieux pour 2050

Comme l’explique Muriel Gineste de CISALI, sociologue en transition alimentaire : « la consommation de légumes secs en France est passée de 7 kg/habitant/an en 1920 à 1,4 kg en 2015 pour remonter légèrement à 2,2 kg en 2025. Elles sont consommées à 60 % sous forme appertisée (en conserve). L’objectif pour 2040 est de dépasser le niveau de 1920 soit 7 à 10 kg ce qui correspondrait à deux repas par semaine avec des légumineuses. » ; en accord avec les recommandations du Plan National Nutrition Santé.  Des scénarios alimentaires pour l’autonomie protéique en France donnent un objectif pour 2050 qui varie de 20 à 30 kg par habitant et par an. Par exemple, le scénario TYFA vise pour la France une autonomie de 100 % en protéines végétales (dont 75 % de protéines végétales pour 25 % animales) contre une autonomie de 80 % pour celui d’Afterres 2050 de SOLAGRO (le ratio préconisé est de 62 % de protéines végétales pour 38 % animales dans l’alimentation). Les différents scénarios préconisent d’inverser le ratio des protéines végétales et animales au profit des sources végétales avec un objectif compris entre 55 et 75 %. 

 

Des initiatives territoriales fortes

En Occitanie, FILEG (association loi 1901) a été lancé en 2017 à l’issue de l’année internationale des légumineuses en 2016. FILEG est une association visant à structurer la filière « légumineuses à graines » en Occitanie. « Cette association réunit tous les acteurs en région autour des légumineuses comme Terres Inovia, la région Occitanie, l’agence de l’eau, l’état (DRAAF) avec trois collèges : production, transformation et distribution/consommation. » précise Cyrielle Mazaleyrat co-animatrice de FILEG. « Pour le lien à l’enseignement agricole, le GIP-LIA et l’école d’ingénieurs de Purpan sont des membres associés » indique-t-elle. « Parmi les enjeux, il y a la création de nouvelles variétés car les sélectionneurs n’investissent pas assez. Il y a aussi la baisse de la surface cultivée du fait des maladies et des ravageurs des légumineuses. La production reste ainsi le maillon faible. Il faut accompagner la prise de risque des agriculteurs. » rajoute Cyrielle.

« Dans l’enseignement agricole, la prise de risque a pu être encouragée par le projet Ecophyto’Ter à Bourg en Bresse » témoigne le directeur de l’exploitation agricole, Joris Deville.

La métropole de Toulouse a mis en place le projet « Léguminons ! » avec l’objectif de développer la filière « légumineuses » sur son territoire dans le cadre d’un projet alimentaire territorial (PAT). « Ce projet est financé par France 2030 et la banque des territoires pour une durée de 5 ans. » précise Claire Le Bras d’Agropolis international et en appui à la coordination et animation du projet.

 

Des expérimentations basées chez un agriculteur local

Sébastien Albouy est un agriculteur partenaire du GIP-LIA d’Occitanie. Il cultive des lentilles et des pois chiches sur un sol argilo-calcaire en agriculture biologique pour de la vente directe.  Il conduit aussi plusieurs expérimentations avec l’appui du GIP-LIA. Lors de la visite réalisée le 2 avril à Auriac-sur-Vendinelle, plusieurs dispositifs ont été visités, basés sur deux dates de semis : 28/11/2024 et 21/02/2025. Les comparaisons reposent sur des lentilles vertes (variété Anicia) et du lentillon de Champagne (semence fermière) semés (en) purs ou en association avec du blé tendre (variétés Izalco ou Valbona), du blé dur (Anvergur), de la cameline (Céline) ou du lin de printemps (Trésor). L’association a pour objectif d’apporter un tuteur à la lentille pour faciliter la récolte. Guillem Benet, chargé d’expérimentation au GIP-LIA, précise : « La densité du tuteur doit atteindre 20 % de celle de la lentille (300 g/m2). Nous avons observé une bonne résistance au froid de la lentille identique à celle du lentillon, réputé plus résistant. Le lentillon a eu cependant un taux de levée de 100 % (80 % pour la lentille) et donc une meilleure densité. A ce stade, l’association avec le blé semble la plus prometteuse. »

Le réseau Terres Inovia réalise de son côté des essais variétaux sur les lentilles (verte, blonde et corail) et les pois-chiches (de type Kabuli à graines moyennes à assez grandes et Desi à graines assez petites) et sur les semis précoces de pois-chiche (début février comparé avec début mars). La référente nationale, Zoé Le Bihan, lentilles a présenté au groupe les essentiels de la conduite technique de la lentille.


Les projets en protéines végétales dans le groupe de travail légumineuses à graines

Les 8 établissements présents (Chambéry / la Motte Servolex, Avignon / l’Isle-sur-la-Sorgue, Bourg en Bresse / Les Sardières, Saint-Flour, Hyères, Toulouse - Auzeville, Arras et Auch) ont participé à un atelier de mise en forme de leur projet autour des légumineuses. Ils ont réfléchi aux modules pédagogiques et disciplines mobilisables et aux actions techniques ou territoriales à développer.

Par exemple, à Chambéry / la Motte Servolex, l’équipe pédagogique envisage de développer les féveroles sur l’exploitation et d’encourager la consommation de légumineuses à la cantine. L’équipe travaille sur l’autonomie protéique du troupeau laitier avec des méteils et souhaiterait renforcer les actions sur les légumes secs à la restauration et en classe (avec les élèves).

À Avignon (site de L’Isle-sur-la-Sorgue) le directeur d’exploitation souhaite réintroduire la lentille en parallèle à la culture du pois-chiche en AB pratiquée sur 10 ha de SAU. L’installation d’un moulin est également envisagée.

À Bourg-en-Bresse, la ferme va poursuivre la culture de féverole principalement sous forme de méteil sachant que la féverole est ponctuellement transformée en préparations culinaires pour l’alimentation humaine dans l’atelier de transformation (Voir leur témoignage en 2023 et 2024 sur le padlet ici).

À Saint-Flour, l’atelier technologique va développer ses transformations de la lentille blonde IGP produite à la ferme avec de nouvelles recettes (tartinables, boulettes végétales, boissons) et des produits cosmétiques.

L’exploitation de Hyères a pour projet de réaliser une parcelle de démonstration en pois chiche dans une perspective de diversification à la suite des arrachages de vignes. Il est envisagé de développer des recettes de légumineuses simples et agréables à la cantine.

À Auch enfin, il est envisagé de développer plusieurs cultures de légumineuses : soja, pois chiche, féverole graine et semence et luzerne. Des essais variétaux sont en cours en soja, lentilles, pois chiche et fenugrec (consommé en condiment et pratiqué en couvert végétal). À la cantine, la consommation de produits de la ferme est également prévue.


L’exploitation de Toulouse développe les légumineuses

Le Directeur de l’exploitation agricole de Toulouse-Auzeville, Bruno Colange, est arrivé en 2022. « En arrivant, j’ai fait le constat que beaucoup de travaux sur les légumineuses avaient été réalisés sur la ferme. Les plus gros rendements ont été atteints en pois chiche avec 3 à 4 tonnes/ha en 2023. Pour la lentille, nous avons été confrontés à de grosses attaques de bruches, petits coléoptères ravageurs. La lentille présente un intérêt en AB et en association avec le blé qui lui sert de tuteur. Le pois chiche a cependant une valeur ajoutée supérieure. Les essais de lentilles et pois chiches sont menés avec la participation des étudiants de BTSA ACD (anciennement dénommés APV). » témoigne Bruno avec sa collègue enseignante d’agronomie Alexandra Maltas. Depuis plusieurs années, ces étudiants ont pu travailler sur diverses expérimentations d’associations de cultures, variétés, dates et densités de semis et ont pu évaluer des coûts de production et de triage (lien vers le témoignage).

Des élèves de Toulouse proposent de nouvelles recettes avec des légumineuses

Grâce à l’implication de Janine Bossu, enseignante de génie alimentaire à l’EPLEFPA de Toulouse, plusieurs classes de première ont participé à l’élaboration d’une trentaine de recettes pour les proposer à des collégiens. Parmi quatre recettes sélectionnées, les trois recettes les mieux notées ont été retenues pour être proposées à la cantine. Les ingrédients qu’elles contiennent sont mentionnés dans la fiche de dégustation ci-dessous. Elles ont rencontré un vrai succès auprès des participants à ces rencontres, notamment la recette chocolat - haricot rouge !

Perspectives du groupe de travail national des légumineuses à graines

Le renforcement de la production reste une priorité absolue pour se rapprocher des scénarios alimentaires 2050. Plusieurs pistes de travail ont été évoquées pour une meilleure prise en compte de la thématique légumineuses qui peut être fédératrice au sein des établissements. Il s’agit de travailler en pluridisciplinarité, dans les différents lieux des établissements (ferme, ateliers, cantine, classes) et avec les partenaires. Des difficultés restent à surmonter aux différents maillons de la filière :  comme la génétique (variétés et espèces), la diversification végétale, le tri, le stockage et la transformation, les acteurs des filières, le matériel (agroéquipement, installations et transformation), sans oublier la motivation des consommateurs. Le partage des expériences est important pour progresser et des idées pour les prochaines rencontres 2026 sont déjà sur la table, peut-être autour du haricot ?

 

 


Les chiffres clés de l’exploitation 

  • Surface totale : 50 ha
  • Productions : bio 60 % et conventionnel 40 % dont apiculture : 6,5 tonnes de miel et grandes cultures : Pois chiches, lentilles, tournesol, mais grain, sorgho, blé tendre et dur bio et/ou conventionnel, blés paysans bio.
  • Salariés hors DEA :  2 ETP


Contacts utiles EPLEFPA

Autres contacts 


Recettes mises à disposition par la DRAAF Occitanie (projet Légumicant)

Lien au livre de recettes : lien

Mai 2025 – Philippe Cousinié, Irène Allais et Claire Durox, animateurs Réso'them de l'enseignement agricole