La reconquête de la ressource en eau, tant sur le plan quantitatif que qualitatif constitue un enjeu de premier ordre, notamment dans un territoire picard de plus en plus soumis à des épisodes de sécheresses printanières et estivales. Sur le secteur du Paraclet, la proximité d’un point de captage en eau potable et d’une zone humide en font un site particulièrement sensible aux produits phytosanitaires et aux pollutions azotées.
Si l’exploitation n’est, à ce jour, pas convertie à l’agriculture biologique, elle mobilise tout un panel de leviers agronomiques pour limiter son impact environnemental en adoptant majoritairement un travail simplifié du sol et conduit une partie de son assolement en agriculture de conservation des sols, en maximisant la couverture végétale et en semant directement les cultures dans ces couverts.
Ce type d’agriculture semble présenter un grand intérêt sur la maitrise de l’érosion des sols et sur l’amélioration de la biodiversité du sol, mais reste à ce jour très dépendant du glyphosate pour maitriser les couverts. Sous réserve d’éventuelles dérogations, le glyphosate est voué à disparaître des programmes phytosanitaires des exploitations agricoles des lycées publiques d’enseignement agricole d’ici à 2021. Ainsi, en 2018, un projet CASDAR a été mis en place sur l’exploitation de l’EPL du Paraclet, afin d’expérimenter d’autres modalités de destruction de couvert et d’en évaluer les impacts agronomiques, économiques et environnementaux. Ce projet, largement piloté par les équipes du CFA, devrait arriver à terme fin d’année scolaire 2023. Dans l’objectif d’élargir le champ pédagogique de ce projet à d’autres formations, un suivi des nitrates et du glyphosate dans les eaux du sol des parcelles CASDAR a été proposé et mis en place par l’établissement et les enseignants du BTSA GEMEAU, soutenu actuellement par une décharge de référent EPA 2.
Ce suivi, réalisé à travers un dispositif de bougies poreuses permettant la collecte de l’eau du sol, a révélé un potentiel pédagogique intéressant, permettant de mobiliser plusieurs formations, allant du BTSA GEMEAU dans la mise en œuvre du protocole et la collecte des échantillons au BTSA ANABIOTEC dans l’analyse en laboratoire des eaux du sol, en passant par les STAV dans le cadre des enseignements pluridisciplinaires. En outre, ce projet permet de mettre en avant une réflexion plus globale sur la gestion et la maitrise de l’eau au sein du système de production de l’exploitation et de l’EPL. C’est à ce titre que ce dossier de candidature est proposé, afin de permettre la mise en œuvre d’actions au sein de l’EPL qui puissent répondre à la volonté de reconceptualiser son système de production dans le cadre des transitions agroécologiques tout en renforçant l’engagement des différentes formations de l’EPL
Avec l’exploitation du lycée, un diagnostic sur le système de culture pourra être conduit par les apprenants dans le cadre de leur formation, sur les besoins en eau et la reconception du système de culture en lien avec le plan Ecophyto’ TER, ainsi que sur les systèmes d’abreuvement du cheptel Nantais qui entretiennent et valorisent les marais samaréens suivi par le Conservatoire des Espaces Naturels de Picardie.
En lien avec un autre projet et afin d’étendre la vision des apprenants sur la gestion de l’eau dans les systèmes agricoles, un groupe d’apprenants va également mener un diagnostic et proposer la conception d’un système d’irrigation au centre de formation d’Amnougar au Maroc, visant l’autonomie alimentaire dans une région où la ressource en eau est soumise à de lourdes tensions sur les usages et une gestion peu optimale. Forts de cette expérience, ils pourront activement contribuer aux actions et transformations à mener au Paraclet. En effet, les périodes de stress hydrique semblent s'allonger sur le site du Paraclet et les étudiants GEMEAU étudierons la pertinence ou non de la mise en place d'un système d'irrigation sur une partie de l'assolement de l'exploitation.