C’est une image de carte postale : devant nous, une vaste prairie, délimitée de l’autre côté par la ripisylve de l’Èchez, puis le domaine forestier de l’établissement et en toile de fond les sommets des Pyrénées, encore enneigés malgré le printemps bien avancé. En effet, une révolution s’effectue ici sur l’exploitation, qui passe désormais pour ses 60 vaches laitières (70 % Prim’Holstein, 30 % Brunes)  d’une stabulation conventionnelle sans pâturage à une mise à l’herbe sur huit ha, subdivisé en 11 paddocks. Cette opération permet une substantielle réduction des coûts alimentaires du troupeau, tout en contribuant au bien-être animal.
Clara Font, la directrice de l’exploitation, présente également la haie de bordure multi espèces (10 au total) de 700 m, « qui vient tout juste d’être plantée ici par les élèves et étudiants, pour protéger le merlon, procurer de l’ombrage l’été ainsi que du fourrage. » De l’autre côté du chemin qui mène aux bâtiments, une parcelle de cinq ha dont un qui va être dédié au projet d’agroforesterie (un complexe d’arbres fruitiers et d’arbres fournissant du bois d’œuvre) et sur laquelle s’ébattent déjà quelques mères Lourdaises et Béarnaises avec leurs veaux. Et avant d’atteindre l’étable, on peut admirer encore la zone des carrés de cultures fourragères, charmante collection végétale plantée en partenariat avec l’interprofession des semences SEMAE, ainsi que le jardin permacole, deux exemples de réalisations impliquant très fortement tous les apprenants du lycée, encadrés par Alban Lagahe, enseignant en biologie-écologie.

À quelques centaines de mètres de là, en bordure du ruisseau l’Uzerte, les étangs de La Barthe constituent un autre ensemble du domaine de l’établissement, bien prisé par les enseignants et les élèves. Alban Lagahe évoque l’historique : « le site a été aménagé dans les années 1980 par un enseignant qui souhaitait créer une filière et diffuser de la formation professionnelle en pisciculture d’étang afin de valoriser les retenues collinaires du territoire ». Les espèces produites, essentiellement goujons, gardons, tanches et carpes, sont vendues à un grossiste pour les fédérations de pêche et à un indépendant local. Constitué d’un grand étang d’un hectare, d’un autre de 60 m de diamètre et de cinq petits étangs de vidange de 15x15 m, le site est désormais davantage considéré comme un réservoir de biodiversité. On peut y observer quelques espèces protégées, comme la pie grièche écorcheur, de très nombreux amphibiens (grenouille agile, rainette, triton palmé et marbré), des reptiles, des papillons (notamment le Cuivré des marais), des libellules, … Les étudiants en BTSA Gestion et protection de la nature prennent en charge les inventaires faunistiques, accompagnés par toutes les autres formations. L’écopâturage assuré par un petit troupeau de huit brebis Landaises, en partenariat avec le Conservatoire des races d’Aquitaine, permet un entretien doux des berges. « Mais nous demandons l’introduction supplémentaire de chèvres pour l’entretien des ronciers au niveau des clôtures » précise Angélique Berteaux, la technicienne de laboratoire, également en charge du « laboratoire du vivant » du domaine (avec le jardin Mandala et le jardin permacole).

C'est donc “tout naturellement” que l’établissement s’est inscrit dans le dispositif Biodiv’expé de mise en réseau de sept lycées agricoles. Comme le précise Franck Bocher, le directeur de l’EPLEFPA, "J’ai souhaité faire bénéficier les équipes d’un accompagnement et d’échanges d’expériences de niveau national pour apporter une réelle plus-value à tout ce que l’on faisait déjà autour de la nature : faire du collectif ; décloisonner les filières agri, nature et forêt ; mettre en synergies les compétences des différents centres ; et travailler avec les acteurs d’un territoire pour ancrer nos stratégies éducatives et de formation dans la complexité de la vraie vie.”
Concrètement, au bout de trois années de travail en ce sens, outre la journée d’intégration intergénérationnelle chaque début d’année scolaire avec comme fil rouge la biodiversité, les projets fleurissent ici : élection d’ambassadeurs du vivant dans chaque classe de l’établissement, développement d’un partenariat avec la société des Gravières de Vic pour la restauration de sites, création collaborative d’un jeu sérieux sur les bonnes pratiques de gestion agricole, sylvicole et d’aménagement (se basant sur la maquette d’un bassin versant typique de l’Adour), projet agroforestier sur l’exploitation.

À Vic, c’est sûr, on cultive l’esprit d’équipe au service d’une gestion intégrée des milieux...