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Animation et développement
des territoires
de l'enseignement agricole

Vaches, poules et pommes normandes et plus encore : C’est à Sées !

L’exploitation du lycée agricole de Sées a pris le virage de l’agroécologie : autonomie alimentaire du troupeau, conservatoire de races locales de volailles, …. Bien implantée dans le territoire, elle accueille des élèves toujours plus nombreux et propose de la mise en bouteille de jus pommes en prestation de service.

Territoire de l’exploitation et exploitation du territoire

L’accueil des élèves est le mot d’ordre ici : en travaux pratiques et travaux dirigés bien sûr, en mini-stages pour la traite, pour l’alimentation et la surveillance des animaux mais également pendant leur temps libre. A Sées, chaque classe peut développer un projet. Les BTSA ACSE agricole organisent un marché de producteurs locaux dans le cadre d’un projet d’Initiative et de communication, les élèves de 3ème participent à un projet artistique : le 29 avril, la stabulation des vaches laitières deviendra une salle de spectacle. C’est toutefois une habitude puisqu’en septembre dernier, un spectacle de danse contemporaine était en itinérance dans la ferme.
Mais les enjeux ne sont pas que culturels. L’exploitation est engagée avec les agriculteurs de la commune pour faire évoluer le périmètre de l’AOP Camembert de Normandie« Nous produisons avec un troupeau 100% normand de 70 vaches, alimenté avec du tourteau de colza sans OGM. Chaque vache a plus de 20 ares accessibles comme le demande le cahier des charges. Intégrer l’AOP nous permettrait d’obtenir une plus-value de 40€/1000 litres de lait ». C’est un combat engagé par plusieurs agriculteurs du département. Participer à ce projet a du sens pour l’établissement. S’il n’aboutit pas, Stéphanie envisage d’étudier la conversion à l’agriculture biologique.

L’implication dans le territoire concerne également l’autre atelier animal : l’exploitation est conservatoire de races anciennes de volailles normandes depuis 2004. Initié par le parc naturel régional de Normandie, le projet ne s’est pas arrêté avec la fin des subventions. « Il est très apprécié du public qui découvre la race Gournay, la Coucou de France et la Merlerault » précise Stéphanie. Avec un effectif de 30 adultes par race, l’atelier n’est pas à l’équilibre économique mais il permet aux élèves de 3ème d’étudier la préservation de la biodiversité domestique depuis le tri des reproducteurs, la mise en couveuse, la surveillance.
En parallèle, l’atelier de production de pommes bio a pris de l’ampleur. Ce sont 60 tonnes de fruits qui sont transformées en jus de pommes, cidre et autres boissons. L’ensemble est vendu à la ferme ou dans des circuits très courts à une distance inférieure à 25 km. Depuis huit ans, l’exploitation a développé un atelier à façon grâce à l’achat d’un pasteurisateur d’occasion. 47 000 litres de jus transitent dans l’atelier pendant les dix semaines de la saison : les pommes sont pressées par un prestataire, pasteurisées puis mises en bouteilles par les clients eux-mêmes. Cette activité pourrait se développer : « la demande est forte. Nous étudions l’opportunité d’embaucher pour élargir nos horaires et journées d’ouverture » explique Stéphanie. Finalement, ce sont 10 à 15 personnes par semaine qui viennent avec leurs pommes et croisent celles qui viennent acheter du lait, tous les jours, directement avant sa mise au tank. Pascal, salarié de la ferme depuis 30 ans apprécie particulièrement ces moments d’échanges avec les visiteurs : « il y a les habitués, on discute, ça participe à l’intérêt du métier ».

Sécuriser le système grâce à l’autonomie alimentaire

Depuis un an, l’exploitation dispose d’une fabrique d’aliments à la ferme. Elle permet de valoriser l’aliment concentré fermier composé d’orge, de blé et d’un mélange triticale – feverolle. C’est un pas supplémentaire vers l’autonomie alimentaire. Un méteil ensilé vient compléter l’aliment. L’exploitation est impliquée dans un groupement d'intérêt économique et environnemental « autonomie protéique » et Stéphanie s’autorise un mélange complexe composé de féverolle, pois protéagineux, vesce, avoine, trèfle squarrosum, seigle. Récolté le 20 mai dernier, il a fallu réfléchir à la culture à implanter après. « Un Ray Gras Italien n’aurait pas résisté à la sécheresse. J’ai tenté un mélange Moha et trèfle d’Alexandrie, mieux adapté. On a récolté cinq tonnes de matière sèche par hectare qui sont venus s’ajouter aux dix Tonnes de MS du méteil. Et tout ça avec zéro phyto ». La base de la ration hivernale des vaches reste l’ensilage de maïs. Selon les années, une partie des 17 hectares est récoltée en maïs épi. Dès le mois de mars, les vaches pâturent mais le parcellaire est morcelé : pour les changer de parcelles, un parc de contention mobile est utilisé. Il permet d’exploiter au mieux les 30 ha de prairies.

Et l’agroécologie dans tout ça ? Engagement dans un GIEE, conservation de races locales, diminution des traitements sur les animaux et les cultures, recherche de mélanges culturaux adaptés aux variations climatiques, vergers conduits en agriculture biologique, implantation de ruchers dans les vergers. On peut ajouter le chauffage de la ferme assuré par une chaudière à bois déchiqueté issu des haies bocagères de la ferme, la récupération de l’eau de pluie des bâtiments d’élevage pour l’arrosage de la carrière du centre équestre de l’établissement.  L’exploitation du lycée agricole de Sées est résolument en transition agroécologique.


Chiffres clés de l'exploitation :

  • SAU : 98ha (23 ha de céréales, 23 ha de céréales, 17 ha de maïs, 7 ha de méteils, 38 ha de prairies et 7ha de vergers conduits en AB depuis 2007
  • 70 vaches laitières de race normande, 480 000 litres de référence laitière possible
  • Conservatoire de races de volailles anciennes
  • ETP : 3 salariés à temps plein
  • Chiffre d’affaires : 226 500€ en 2017 (117 000€ de vente de lait, 18 000€ de vente de productions végétales, 43 000€ de vente de cidre et miel, 29 000€ de vente d’animaux, 11 000€ de prestations de service)

    Contacts utiles : EPLEFPA de l'Orne :

  • Guy Foucher, directeur de l'EPL guy.foucher@educagri.fr 
  • Stéphani Cormier, directrice de l'exploitaion agricole stephanie.cormier@educagri.fr 
  • site de l'EPL: http://www.lap61.fr/index.php 

Mars 2019 - Emmanuelle Zanchi, animatrice Reso’them de l’enseignement agricole