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Saint-Yrieix La Perche poursuit sa transition agroécologique en arboriculture

Très investie dans le plan Ecophyto et en zéro glyphosate, la ferme de Saint-Yrieix La Perche est impliquée en agroforesterie, en conservation des sols et en santé animale. Elle a développé son autonomie en diminuant drastiquement ses achats d’intrants. Avec un marché de pommes défavorable, elle évolue vers un verger de plus en plus robuste. Elle tend à valoriser une part de sa production par la transformation en jus et en compote pour la vente directe.

A Saint-Yrieix La Perche, l’autonomie est au cœur du système de l’exploitation

Avec une SAU croissante à 208 ha en juillet 2024 (189 ha en 2023) grâce à de nouveaux fermages ou des mises à disposition de terres, la ferme a atteint l’autonomie fourragère en ayant un report de stock qui permet de couvrir un mois. La part des achats alimentaires en concentrés protéiques a diminué de moitié. Le directeur d’exploitation, Marc Bassery, précise que pour l’irrigation : « La réserve naturelle d’une capacité de 60.000 msuffit amplement pour irriguer le verger de pommiers et les châtaigniers avec un volant annuel qui avoisinent les 20.000 m3 sur 10 ha. ». La production de céréales est réalisée en ACS ou en TCS sans utilisation de glyphosate. Elle est utilisée en totalité pour l’autoconsommation. « Pour semer les céréales (maïs, sorgho, blé, triticale, seigle, orge) et le méteil, j’utilise mes propres semences pour 80 % des semis, les achats servant de renouvellement. Cela permet une économie importante sachant que le tri de mes propres semences est réalisé à façon à un coût modique de 250 € pour 1800 kg. ». Les rendements de céréales sont satisfaisants et même au-dessus de la moyenne du territoire (14 tonnes en maïs non irrigué qui peut baisser à 11 T en année sèche, le sorgho produisant à des niveaux comparables). Dotée de 4 salariés agricoles en plus de son directeur, l’exploitation assure son autonomie de travail en comptant sur deux salariés polyvalents, un en arboriculture et un dernier en élevage.

La préservation de la biodiversité est une priorité

L’établissement s’est engagé dès 2016 en plantant 2.300 m de linéaire de haies avec l’aide des apprenants. Les haies plantées constituent un rideau très dense autour du verger de pommiers ce qui permet d’éviter la dérive. A l’époque, le projet CASDAR TAE (2016 à 2019) a posé les bases d’une réflexion sur l’entrée système et a préparé l’élaboration du PLEPA. Des nichoirs pour mésange ont été aménagés sur la parcelle en AB de 2 ha. Âgés de huit ans, les châtaigniers plantés en intraparcellaire dans les prairies et les parcelles céréalières sur 4 ha vont démarrer leur production. Le Directeur d’exploitation Marc Bassery s’intéresse également à la biodiversité domestique : « J’envisage la plantation de variétés anciennes de pommiers. ». Un travail a également été fait pour planter différentes espèces d’arbres fourragers afin de les tester comme compléments alimentaires pour les Limousines.

La transition agroécologique s’enrichit continuellement avec une approche plus systémique

Saint-Yrieix La Perche a développé sa réflexion pour l’autonomie de son élevage tout en réfléchissant à une stratégie d’adaptation au changement climatique et à la préservation des sols. Nicolas Cartier, enseignant d’agronomie, précise : « Nous nous sommes investis dans une réflexion systémique dans le cadre du groupe de travail « sols et climat » animé par la Bergerie Nationale de Rambouillet. Nos itinéraires techniques s’appuient sur les couverts végétaux grâce au CASDAR TAE qui nous a permis d’améliorer notre système de production avec une production de Limousines plus autonome (journée CASDAR 2023). ». Plus récemment, les brebis ont été utilisées pour la tonte notamment sur le verger AB (voir l’article par ce lien) dans un test avec l’IDELE. Actuellement des réflexions sont en cours pour développer une parcelle de reconception en pommiers et pour valoriser les résultats économiques.

La réflexion agroécologique intègre l’économie et les évolutions conjoncturelles du marché

Depuis 2023, le marché de la pomme est en difficulté car il subit la concurrence des pays de l’Est telle la Pologne. Les prix à l’achat ont chuté de 0,8 € à 0,5 € le kg pour la pomme conventionnelle et de 1 à 0,5 € pour la pomme en AB. A ces prix-là, l’exploitation est en déficit et la production en AB n’est plus valorisée. Pour faire face à la conjoncture, sa stratégie a été de développer la transformation à façon avec une valorisation finale au kg de pommes autour de 0,85 €. Pour être mieux valorisée, la récolte en AB est transformée en compote ou en jus pour la vente directe. C’est une petite partie de la production totale de pommes qui avoisinent les 400 tonnes mais elle permet d’expérimenter la commercialisation directe. « La vente directe apparaît naturellement quand le système évolue vers l’agroécologie. » affirme Marc.

En production animale, du fait d’une production nationale en baisse, la conjoncture économique est favorable avec un prix à la carcasse en viande Limousine de 6 €/kg. En production d’agneau, il peut atteindre 10,50 €/kg. La stratégie d’autonomie en élevage s’avère donc particulièrement intéressante dans un contexte de conjoncture favorable aux élevages produisant de la viande haut de gamme.

Vers un prototype de verger encore plus robuste

Historiquement, la mise en place du verger s’est faite pour diversifier la production à la ferme. L’exploitation a développé la pomme Golden du Limousin en AOP à travers la coopérative Limdor. Par la suite, la création d’un verger de pommes en AB sur 2,6 ha a permis de produire les variétés Opal et Dalinette. Le virage de la transition agroécologique a démarré en 2014 : « Dès 2014, on a réfléchi à l’agroforesterie pour planter des châtaigniers en intraparcellaire et des haies autour du verger en AB. Tout a été planté avec les élèves. » précise Delphine Pouil, enseignante d’agronomie. 

Le projet RESAB (2022-2025) a permis de réfléchir avec les apprenants à un verger plus durable et moins consommateur d’intrants. Des visites de terrain ont permis aux apprenants de faire des choix variétaux auprès d’un pépiniériste local. Dans le cadre de ce projet et du tiers temps en vergers, l’exploitation a passé commande aux élèves du BTSA GDEA : « Les élèves travaillent à l’autoconception d’un rouleau FACA pour gérer les couverts végétaux en vergers et en grandes cultures. » indique Delphine Pouil.

De plus, cette dynamique s’est renforcée avec la contribution des ingénieurs fonctionnaires IAE de l’institut agro de Dijon. Plusieurs thématiques ont pu être enrichies avec eux : agroforesterie, gestion de l’eau, création d’une boutique de vente, label bas carbone et vente directe à partir du verger de reconception.

Avec la contribution des apprenants, le verger de reconception va être mis en place progressivement sur plusieurs années sur une parcelle d’un hectare en AB sans certification. « A terme, nous allons installer des variétés anciennes sur des porte-greffes rustiques pour la transformation en jus et compotes en prestation. L’objectif est de développer un verger en zéro phyto de synthèse qui serve de référence sur le territoire. » précise Marc.


Les chiffres clés de l'exploitation

  • Surface totale : 208 ha dont 12 ha de verger, 2 ha de châtaigniers, 119 ha en prairies permanentes, 34 ha en prairies temporaires, 35 ha en céréales et méteil pour l’autoconsommation et 5 ha en luzerne.
  • Productions : élevage viande bovin (110 Limousines) et ovins (180 brebis vendéennes ou croisées)
  • Salariés hors DEA : 4 ETP dont 1 ETP arboriculture, 1 ETP élevage, 2 ETP polyvalents

 


Contacts utiles


 

Juillet 2024 – Philippe Cousinié et Hervé Longy, animateurs Réso'them de l'enseignement agricole