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Animation et développement
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Rivesaltes diversifie ses productions en AB avec des PPAM en appui à la formation (Plantes à Parfum Aromatiques et Médicinales)

L’établissement de Perpignan-Roussillon a consolidé sa notoriété en participant au développement de la filière PPAM de son département. Bruno Colange, directeur-adjoint, gère le domaine du lycée à Rivesaltes avec toutes les productions en AB : principalement vignes, abricots, olives et PPAM. Avec sa stratégie de diversification de la production à la vente, il a pu répondre aux attentes de la pédagogie. La réhabilitation du site de Théza, distant de 20 km, viendra compléter les acquis.

Le système d’exploitation s’est consolidé en se diversifiant en AB et en impliquant les formations

En 2002, l’exploitation de Rivesaltes, dont les parcelles sont réparties sur six îlots distants d’un à huit km du lycée, produisait du vin en coopérative avec 17ha de vignes, et des abricots sur 1 ha.  Une serre horticole permettait de produire des plantes en pots. Les difficultés économiques, la crise viticole, des sècheresses successives et des besoins de formations ont entrainé une évolution. La serre horticole est devenue un atelier pédagogique, de nouveaux vergers d’abricotiers, d’oliviers et de cerisiers ont été plantés sur 10 ha et la conversion à l’AB s’est étendue à 100 % du domaine dès 2008. La production de PPAM a vu le jour sur 3,3 ha en AB avec la création d’un syndicat de producteurs et l’investissement dans un alambic départemental. Rivesaltes est ainsi devenu pôle d’excellence régional en PPAM (lire l’encadré). Les formations se sont peu à peu organisées autour des productions horticoles (Bac pro PH à Rivesaltes et BTSA PH à Théza), au CFA en BTSA AP, CAPA viti et des PPAM au CFPPA (Certificat de spécialité PPAM et autres).

Une production 100 % BIO avec des transformations et des circuits de vente diversifiés

Depuis 2011, 100 % de la production est certifiée en AB et 2 ateliers de transformation ont vu le jour. Une cave particulière permet de vinifier la production de 2,5 ha de vignes soit 13 500 bouteilles en 2018. Un alambic départemental permet de distiller les PPAM issus de 3,3 ha : thym à linalol, lavande maillette et romarin, pour produire des huiles essentielles et de l’eau florale. Ces productions, comme d’autres produits (jus de raisin, nectars d’abricots et de cerises, olives de bouche et huiles d’olive) sont en vente à la boutique du lycée mais aussi dans différents magasins de proximité. Ce sont 27 références en AB (hors olives conditionnées) que l’exploitation peut proposer à ses partenaires commerciaux : Biocoop, magasins locaux et épicerie fine. Cette diversification des circuits courts s’accompagne du maintien de circuits longs permettant « d’installer la structure » comme nous précise Bruno Colange. Enfin, la production de 7 ha de vigne est toujours destinée à la coopérative vinicole qui a développé une filière de vins bios.

Rivesaltes, pôle d’excellence régional en PPAM

Rivesaltes bénéficie d’une reconnaissance régionale comme pôle d’excellence avec l’implantation de 3,3 ha de PPAM en culture AB, une unité de transformation basée sur le site de Théza avec un alambic départemental d’une capacité de 700 litres, plusieurs expérimentations en PPAM (AAP innovation régionale en PPAM sèches et herboristerie, test de variétés de thym, références agro-économiques). Des modes de commercialisation en circuits longs et courts permettent d’écouler facilement la production. Bruno Colange est à l’origine de la création du premier syndicat de producteurs en PPAM du département. La surface cultivée en PPAM va passer prochainement à 6 ha.

Une exploitation engagée en systèmes bas-intrants, en biocontrôle et en agroforesterie

Le suivi du cahier des charges de l’AB induit des pratiques agroécologiques s’appuyant sur la diversification du système de production. Bruno Colange présente son implication en agroécologie avec deux arguments : « Les PPAM, ayant remplacé la vigne et les vergers, demandent moins de phytos et c’est un plus pour le paysage et les touristes ! », et « produire plus de jus de fruits permet de contribuer au système alimentaire du territoire ».
Pour combattre les bioagresseurs, l’exploitation utilise la confusion sexuelle contre les vers de la grappe et applique la méthode OPTIDOSE® pour diminuer les doses de cuivre et de soufre dans les vignes. L’IFT en viticulture varie de 5 à 7 avec une dose de cuivre inférieure à 3 kg/ha. L’implication dans un groupe DEPHY ferme pour les vergers d’abricotiers a permis d’abaisser l’IFT de 15 à 5 malgré une forte pression du psylle vecteur de l’enroulement chlorotique. Depuis 2005 des haies composites sont implantées sur le verger. Le domaine participe à l’Observatoire Agricole de la Biodiversité (OAB).
Avec les besoins de déplacements et l’entretien du sol, une question préoccupe Bruno Colange : « Qu’en est-il de notre empreinte carbone ? ». Par exemple, dans les vergers :   10 passages d’inter-ceps sont nécessaires pour enfouir l’engrais organique et pour gérer l’enherbement, « d’où un coût élevé de mécanisation et des impacts sur la santé des salariés liés au tracteur ».  Des essais d’enherbement avec du trèfle blanc nain sont envisagés avec une irrigation par micro-aspersion pour limiter les émissions de CO2. Dans les vignes, des engrais verts pourraient aussi être expérimentés dans le cadre du projet de croissance de l’activité en cave particulière.
De nombreuses expérimentations ont été réalisées ou sont en cours : un projet de préservation viticole (GIEE Dom Brial), une production en serre de plantes réservoirs d’auxiliaires (GIEE phytobiomar), un CASDAR sur le dépérissement du vignoble et un projet d’agroécologie en vergers.  Un verger maraîcher avec le CIVAMBio 66 et la SICA Centrex (Marforest) pour obtenir des références en fruits et légumes cultivés ensemble, sera étendue sur la cerisaie à Théza.  Un appel à projet en herboristerie (tisane) permet de diversifier encore la gamme des produits en vente tout en mettant en place au niveau de l’établissement un projet pédagogique innovant (« Espaces cogérés en transition agro-écologique » financé à 50 % par le conseil régional, budget : 50.000 €). Des références en PPAM sèches (plaquette retour d’expérience 2014-2018), des essais variétaux de thym et une contribution au livre « A la conquête des plantes du Roussillon » consolident la notoriété du site.

L’exploitation, lieu d’accueil des formations

L’atelier PPAM est avant tout le support de formation pour le certificat de spécialisation PPAM en AB, proposé par le CFPPA, formation ayant un rôle fondamental pour la consolidation de la filière dans le département. Tous les projets en agroforesterie reposent avant tout sur les BTSA PH à Théza. Les formations Bac pro PH dans la serre horticole participent à la production des plantes hôtes des auxiliaires, permettant aux élèves d’être en relation avec des producteurs du GIEE Phytobiomar. Les formations du CFPPA interviennent dans toutes les cultures et les élèves de filière service participent à la commercialisation des produits de l’exploitation en animant également une « ruche qui dit oui ».

L’innovation en agroécologie va se poursuivre sur les deux sites de Rivesaltes et de Théza 

Le projet agroécologique se poursuivra avec une baisse des IFT prévue en arboriculture grâce à des innovations (site de Rivesaltes) et à des plantations d’espèces plus rustiques à Théza (ex : figuiers, grenadiers et plaqueminiers). A Rivesaltes, la cave particulière viticole va s’accroître de 2 ha et la SAU des PPAM va doubler à 6 ha. Le projet qui verra bientôt le jour, est celui d’un atelier apicole pour profiter du potentiel mellifère des vergers et des PPAM. Mais Bruno a toujours des projets plein la tête : utiliser la fausse roquette, plante spontanée de la vigne, pour faire produire un pesto par la halle technologique de Théza, développer un verger de figuiers pour une récolte en août pendant que les saisonniers sont présents, et bien d’autres projets avec le territoire pour bénéficier de financements LEADER …  Pour baisser l’empreinte carbone, un projet de bâtiment avec des installations photovoltaïques, pour alimenter véhicules et outils électriques, est à l’étude… A Théza, avec les essais d’agroforesterie et des plantations de vergers et de PPAM, l’enjeu est de réhabiliter l’exploitation avec la création d’un poste de directeur.

Les 3 questions de fin

- De quoi êtes-vous la plus fier ? "De l’évolution du système de production qui a permis de consolider l’exploitation et qui a fait tache d’huile dans le département ; de la création du syndicat de producteurs en PPAM qui a fait de l’exploitation un pôle d’excellence en région et de la création de deux emplois à temps plein.”

- S’il fallait améliorer quelque chose ? “L’empreinte carbone avec une meilleure gestion des sols ; le rattrapage du retard à l’investissement et les moyens humains.” 

- Un conseil à donner à un éventuel successeur ? “Être bien organisé, en particulier sur les expérimentations qui ont toutes des exigences budgétaires différentes.” 

L’exploitation agricole de l’EPLEFPA Perpignan Roussillon :

Le domaine du lycée à Rivesaltes est conduit 100 % en AB depuis 2008 et certifié 100 % AB depuis 2011. Avec 2,7 ETP permanents en plus du DEA, il développe 10 ha de vignes en appellation (Côtes du Roussillon Villages, Rivesaltes, Muscat et IGP) dont 2,5 ha en cave particulière. La production arboricole comprend principalement 7,5 ha d’abricotiers et 2,6 ha d’oliviers. Les PPAM (Plantes à Parfum Aromatiques et médicinales) occupent 3,3 ha (thym, romarin et lavande) et l’exploitation dispose d’un alambic départemental d’une capacité de 700 l pour les huiles essentielles et les eaux florales. La commercialisation directe s’appuie sur une gamme de 27 références. Le chiffre d’affaires était de 230.000 € en 2017, issu principalement des ventes de fruits, d’olives (huile et olives vertes) et de vin. 

L’exploitation agricole de l’EPLEFPA Perpignan Roussillon s’étend sur 2 sites :
- Le domaine du lycée à Rivesaltes sur 26 ha, mentionné ci-dessus.
- Le site de Théza sur 9,5 ha de surface en AB est à réhabiliter avec des cultures complémentaires à Rivesaltes : PPAM sur 5,3 ha (origan, helichryse, mélisse, sarriette et verveine), arboriculture sur 2,2 ha (abricotiers et oliviers) et agroforesterie avec les partenaires sur 0,7 ha.

Contacts utiles :

 

Avril 2019 – Philippe Cousinié et Françoise Degache, animateurs Réso’them de l’enseignement agricole.