Mai 2025, Francesco Picasso, directeur d'exploitation agricole de l'EPLEFPA de Castelnau-le-Lez
Printemps des transitions 2025 : Les serres de la Frondaie relèvent le défi de la transition climatique

Économiser l’eau et l’énergie, réduire ses consommations de tourbe et de plastique, favoriser les solutions basées sur la nature, telles sont les mesures que l'exploitation horticole les Serres de la Frondaie sur l'EPLEFPA de Castelnau-le-Lez met en place pour faire face aux défis de la transition climatique et environnementale. Celles-ci étaient présentées lors d’une visite guidée dans le cadre du Printemps des transitions.
En plein cœur de la ville, l’Etablissement Public Local d’Enseignement et de Formation Professionnelle Agricole de Castelnau-le-Lez s’organise autour des serres de La Frondaie. Avec un espace dédié à la vente, cette exploitation horticole moderne et performante sert de support pédagogique aux différentes formations proposées par le lycée Honoré de Balzac dans les filières professionnelles et technologiques des secteurs de l’horticulture, de la fleuristerie, de l’environnement et du conseil vente en univers jardinerie. Elles servent de lieu de formation en mettant les élèves en situation pratique et professionnelle. "Rénovées en 2014, les serres ont été conçues pour faire face aux défis de la transition climatique et environnementale. Elles ont évolué pour être capables d’enseigner à produire autrement”, explique le directeur d’exploitation agricole, Francesco Picasso. Les mesures mises en place ont été présentées lors d’une visite guidée dans le cadre du Printemps des transitions.
Économiser l’eau
Préparer à la transition passe d’abord par économiser l’énergie, à commencer par l’eau. La pluie qui tombe sur la toiture de la serre est récupérée dans une cuve de 30 m³, située dehors, en face du parking clientèle. Elle est utilisée pour les arrosages. Lorsque l’eau vient à manquer, l’exploitation horticole utilise l’eau du réseau détaxée. Dans le même esprit, l’eau d’arrosage est recyclée. L’eau d’arrosage est enrichie en engrais solubles minéraux. Le pH (acidité) et l’Ec (électro-conductivité) sont régulés. L’eau enrichie remplit les tables de culture, et elle est absorbée par le terreau. Ensuite, elle est drainée dans une cuve de 3 m³, dans la serre. Cette eau est encore riche en engrais et elle est réutilisée pour un nouvel arrosage. Elle est mélangée à l’eau de la cuve d’eau pluviale dans une station de ferti-irrigation, pilotée par ordinateur.
Limiter tourbe et plastique
Les terreaux horticoles adaptés à la sub-irrigation de la culture de plantes ornementales en pots plastiques sont des supports de culture riches en tourbe. Cette tourbe est issue de milieux naturels, dans des zones humides du nord de l’Europe. Pour limiter ces prélèvements, la tourbe est en partie remplacée par des fibres de bois, issues de l’industrie de la menuiserie, valorisant ainsi un déchet. Egalement, les plastiques sont très présents dans la filière horticole. « Nous essayons d’en limiter l’usage en remplaçant les emballages plastiques par du papier. » Nous choisissons des pots les plus fins possibles, plus légers et utilisant moins de ressources. Nous privilégions les pots en plastique recyclables et recyclés. Nous payons une contribution à la filière du recyclage, explique le DEA.
Économiser l’énergie
Comme les autres bâtiments du lycée, les serres sont chauffées par une chaudière au granulés de bois provenant de la région Occitanie. Une sous-station au gaz naturel prend le relais si nécessaire. Les consignes de chauffage des serres sont abaissées, avec un minimum à 12 °C, pour limiter la consommation. Le chauffage se fait avec de l’eau basse température (40 °C), localisée sous les tables. Le vitrage de la toiture est triple épaisseur, à faible émission thermique. Il est également question de remplacer les toiles d’ombrage par des écrans thermiques qui limiteraient le refroidissement de la serre la nuit. Energivores, les lampes à vapeur de sodium qui délivrent un éclairage artificiel photosynthétique ne sont plus utilisées, de même que les tours de refroidissement qui, positionnées devant les serres, permettaient d’abaisser la température intérieure.
Des solutions fondées sur la nature
D’un beau volume, bien aérée en saison froide, la serre présente un climat suffisamment sain pour que les fongicides, d’origine naturelle comme de synthèse, ne soient plus utilisés. Au lieu d’avoir recours aux insecticides, des lâchers d’auxiliaires limitent la population des ravageurs : parasitoïdes ou prédateurs. Par exemple, des lâchers de coccinelle permettent de lutter contre les pucerons. De la même façon, des plaques engluées bleues ou jaunes sont installées entre les plantes ou au bord des serres. Ces couleurs attirent les insectes, qui s’y collent. Cette méthode permet de limiter les populations par piégeage et de contrôler leur apparition. Entre les cultures sont installées des plantes relais : la tomate en arbre (Cyphomandra). Ces plantes de la famille de la tomate attirent les pucerons qui servent d’indicateur, et se font parasiter par des microguêpes. Ces auxiliaires s’installent dans la serre et limiteront par la suite la présence des pucerons sur les cultures.
Ces méthodes de lutte biologique favorise la population d’insectes bénéfiques. Elles favorisent la biodiversité et « nous apprennent à être tolérants, selon le DEA. Il est nécessaire d’accepter la présence d’insectes ravageurs tout en essayant de contenir leur population au minimum. En effet, sans ravageurs, pas d’auxiliaires. Sans chenilles pas de papillons. Il faut qu’il y ait à manger pour tout le monde, visible et invisible à nos yeux. Et pour limiter la présence de ces insectes ravageurs, ce sont également des solutions fondées sur la nature qui sont utilisées. Jouant le meme rôle que les « plantes compagnes » dans un potager, des diffuseurs d’huiles essentielles (eucalyptus et lavande), sont disposées sur les tables de culture, perturbant les insectes ravageurs. Des lampes à lumière bleue attirent les insectes nocturnes (moustiques mais aussi papillons de nuit) qui sont grillés par des fils électrifiés dans le but de limiter la population de chenilles. »