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La Cazotte, une exploitation labellisée Digiferme®

L’exploitation de l‘établissement de la Cazotte à Saint Affrique, en Aveyron, a déjà une longue expérience de l’expérimentation. Depuis 2022, elle est devenue membre du réseau Digiferme® et explore les apports du numérique en production ovine.

Tout d’abord, voici un petit tour de plaine de l’exploitation. La ferme de la Cazotte dispose aujourd’hui de 240 ha de surface  cultivée, dont 110 en agriculture biologique. Ces terres sont très hétérogènes et le parcellaire est morcelé. Une soixantaine d’hectares sont cultivés en céréales (orge bio, blé conventionnel), méteils  fourragers, lentilles et pois chiches. Le reste de la surface est en production fourragère. Ces cultures et ces prairies permettent à l’exploitation de viser l’autonomie alimentaire, même si la gestion du système fourrager se complique ces dernières années. 620 brebis laitières Lacaune en zone de collecte Roquefort AOP, 64 brebis allaitantes Lacaune en AB, 22 chevaux de race New Forest et 20 génisses en engraissement pour la vente directe composent les différents ateliers animaux de l’exploitation. Cette diversité animale est un atout car elle permet une bonne valorisation des fourrages : les meilleures prairies sont dévolues aux brebis laitières, alors que les chevaux de race rustique peuvent valoriser les espaces moins productifs

Un système de production en évolution pour s’adapter au nouveau contexte climatique

Actuellement, l’heure est à la prudence. Les stocks fourragers sont plus compliqués à constituer ces dernières années. La faute au changement climatique et aux périodes sèches qui se multiplient et s’allongent. De ce fait, l’exploitation doit s’adapter et plusieurs leviers d’adaptation sont mobilisés. Au niveau du troupeau, le cheptel ovin viande se réduit un peu alors que le nombre d’animauxavait plutôt augmenté les années auparavant.  Au niveau du système fourrager, des solutions sont aussi testées : intégration de plus de surface de luzerne (avec un travail sur l’optimisation de l’itinéraire de culture couplé à une recherche de variétés adaptées au contexte local) et une réflexion sur les modes de restauration des prairies endommagées. Pour améliorer le bien-être animal, une parcelle en agroforesterie a été mise en place et des parcelles ont été redécoupées et aménagée avec la plantation de haies. Toutes ces actions se déroulent dans le cadre du programme AgroEcoLab, en partenariat notamment avec la Chambre d’Agriculture de l’Aveyron. Du côté de l’élevage, un projet d’agrandissement de la bergerie pour les ovins laitiers est prévu, avec l’arrivée du séchage en grange et une rénovation des installations, dont la salle de traite et le système d’alimentation. Ces travaux seront financés par le Conseil Régional d’Occitanie.

Evaluer la pertinence du numérique pour améliorer le suivi du bien-être animal du troupeau ovin lait.

Depuis longtemps très impliquée dans les programmes d’expérimentation de la filière ovine, la ferme de la Cazotte a renouvelé sa convention de partenariat avec l’Institut de l’élevage (IDELE)en 2020.  Dans le cadre du renouvellement de cette convention, un nouvel axe de travail a émergé : l’évaluation des solutions numériques. L’exploitation a ainsi intégré le réseau européen Sm@RT et participé au projet CASDAR Otop3D avec des tests de matériel d’autopesée (réalisation de pesée des animaux du troupeau sans l’intervention de l’éleveur). Le partenariat fort avec l’IDELE permet également à l’exploitation d’intégrer le programme européen TechCare (2020-2024) qui a pour ambition de faire émerger des solutions numériques pour fournir des alertes précoces permettant d’améliorer le bien-être des petits ruminants (ovins et caprins). C’est ainsi que Alain Hardy, directeur de l’exploitation, et Germain Tesnière, chargé de projet au service « Capteurs, Equipements, Bâtiments » de l’Institut de l’Elevage, nous présentent ici le dispositif en phase de test dans la bergerie :

Au-dessus des 2 abreuvoirs à disposition du lot de brebis dédié à cette expérimentation sont placées une caméra et une antenne captant les signaux des boucles RFID haute fréquence dont sont équipées les brebis au niveau de l’oreille. Un compteur d’eau connecté termine également l’installation. Il permet de suivre la consommation d’eau de l’abreuvoir en temps réel. « Lorsqu’une brebis passe la tête au niveau de l’abreuvoir, sa boucle est captée. Il est alors possible de savoir quel animal est venu s’abreuver à tel ou tel moment. La caméra à détection de mouvement permet de vérifier et de valider les données captées par l’antenne » explique le directeur de l’exploitation. Un peu plus loin, deux autres antennes permettent de capter le passage des brebis au niveau de l’entrée et de la sortie de la salle de traite. L’ensemble de ces données sont collectées et enregistrées pour être accessibles via une application en ligne. L’objectif est de détecter d’éventuels changement de comportement d’une brebis à l’abreuvement ou dans l’ordre de passage à la traite. C’est alors une alerte précoce d’un éventuel problème sanitaire, par exemple une boiterie. Cela peut permettre alors à l’éleveur d’être prévenu plus précocement d’un changement de comportement d’un individu ou du lot et de pouvoir prendre en charge plus rapidement le problème éventuel. Pour compléter le dispositif, le tank à lait a été équipé de pesons à chacun de ses pieds pour automatiser le relevé de la production de lait du lot à chaque traite.

Le but du projet est de mettre au point le dispositif et de tester sa robustesse. En effet les capteurs sont installés en conditions réelles d’élevage, soumis à l’épreuve de la présence des animaux, aux salissures, poussières et aux éclaboussures. C’est une deuxième version du dispositif qui est en test actuellement, il évoluera encore.  À ce jour, il est encore nécessaire de travailler sur le type d’antenne et sur son placement.  Il est important de ne détecter que l’animal qui s’abreuve, sans détecter la brebis qui passe en même temps la tête à proximité. La question de la synchronisation des horodatages sur les différents capteurs n’est également pas si simple qu’il n’y paraît, il y a des phénomènes de dérives qui apparaissent petit à petit, et qu’il faut rectifier. L’objectif est donc de mettre au point une version suffisamment aboutie, qui sera déployée l’année prochaine dans une dizaine d’élevages de la zone « Roquefort » pour valider le dispositif (en lien avec le programme régional OccitaNum). D’autres équipements complètent les nouvelles installations du projet TechCare sur la ferme : station météo, capteurs de paramètre d’ambiance en bergerie (température, humidité, CO2).  À long terme, les données issues de ce projet pourront aussi aider à mieux comprendre et affiner nos connaissances sur le fonctionnement d’un troupeau d’ovins lait, en faisant encore mieux le lien entre le comportement des animaux, l’ambiance des bâtiments, les données de l’alimentation et la production laitière.

L’intégration au réseau des Digifermes ®.

À la vue de leurs nombreuses collaborations autour des questions du numérique, l’IDELE et l’établissement de la Cazotte ont décidé de présenter leur candidature pour permettre à l’exploitation d’intégrer le réseau des Digifermes®. Le dossier a été retenu et l’exploitation de la Cazotte est devenue officiellement Digiferme® en février 2022. En 2023, le réseau réunit 19 fermes expérimentales qui travaillent sur l’évaluation « grandeur nature » de solutions numériques répondant aux besoins identifiés des agriculteurs, ceci dans plusieurs secteurs de productions (bovins, autres ruminants, vigne, polyculture, horticulture). Parmi ces 19, on trouve deux exploitations d’EPLEFPA dans ce réseau : La Cazotte et la Ferme du Pradel de l’EPLEFPA d’Aubenas. L’intérêt est de valoriser et de donner plus de visibilité au travail réalisé par l’établissement sur cette thématique. Intégrer ce réseau permet aussi de bénéficier d’une veille technologique, d’échanges d‘expériences sur le sujet, et d’accéder à ces nouvelles technologies plus facilement en étant accompagné de personnes ressources. Bien évidemment, cela demande du temps de coordination, de concertation et d’animation qui est partagé aujourd’hui entre le chargé de projet IDELE et le directeur d’exploitation, mais c’est un investissement « donnant-donnant », comme l’explique Alain Hardy.

Si les projets numériques de la ferme de la Cazotte ne sont pas aujourd’hui les thèmes d’expérimentation qui prédominent en volume d’activité, ils prennent une importance croissante. Ils permettent de donner un nouvel éclairage et une nouvelle visibilité à l’exploitation, notamment grâce à son label Digiferme. Pour la suite, un des défis à relever pour l’établissement concerne la valorisation pédagogique de ces projets, et la façon d’aborder la question de ces nouveaux équipements dans les formations de l’établissement. C’est une question d’actualité, en période de réforme des référentiels. Un défi à portée de l’établissement, vu l’implication des élèves dans les projets de l’exploitation et leur présence forte sur la ferme.

lire aussi l'article : "Saint Affrique : une ferme expérimentale et pédagogique, outil « grandeur nature » pour l’agroécologie"

 

Le parcours du directeur de l’exploitation, Alain Hardy

Après avoir commencé sa carrière dans l’enseignement agricole en 1986 comme enseignant et responsable d’atelier ovin au lycée agricole de la Bretonnière, il y devient directeur d’exploitation après 9 ans d’expérience. Arrivé sur le lycée de Saint Affrique en 1995 comme enseignant en zootechnie, il développera un projet 1/3temps « agriculture et biodiversité » avant de reprendre de nouveau le rôle de directeur d’exploitation sur la ferme de la Cazotte en 2014. Depuis, il a développé la part de l’AB sur l’exploitation, développé la partie expérimentation et renforcé une équipe sur laquelle aujourd’hui, il peut s’appuyer.

 


Quelques chiffres clés

Surfaces : 240 ha, dont 110 en AB

Salariés : 5 salariés et 1 apprenti pour 5 ETP au total.

CA : 550 000 €/an


Contacts utiles :

Site internet de l’établissement : la-cazotte.educagri.fr

Alain Hardy, directeur de l’exploitation : alain.hardy@educagri.fr

Germain Tesnière, chargé de projet de l’Institut de l’Elevage : germain.tesniere@idele.fr

Présentation du projet TechCare : techcare-project.eu/francais/

Présentation du réseau des Digifermes® : https://digifermes.com/

Page Linkedin avec les actualités des Digifermes® ? https://www.linkedin.com/company/digifermes/

Mars 2023 – Vincent Jéhanno, animateurs Réso’them de l’enseignement Agricole.