Guillaume Pelet (Nutreets) et Félix Haget (Eauzons) présentent ensuite les vertus potentielles de l’aquaponie, si tant est que l’on a la possibilité de bénéficier de sources de chaleur fatale sur site (à proximité de centrales énergétiques, d’industries ou de programmes immobiliers), que l’on optimise le plus possible le taux de renouvellement en eau et les pompages et que l’on sorte des produits à forte valeur ajoutée, notamment d’origine exotique (crevettes, vanille,…). Avec des coûts de production 30% plus chers qu’en pisciculture gravitaire, ils estiment à 3 000 m2 minimum le seuil de rentabilité d’une entreprise d’aquaponie (soit 20 tonnes de poissons produits par an).
Lors de la table ronde des retours d’expériences, deux étudiants de retour de stages témoignent d’adaptations : en Brenne, pour faire face à la perte de volume des étangs liée à l’augmentation des températures (néfaste pour les brochets), l’exploitation suivie par Mérick a diminué la densité d’élevage et avancé la période de capture. Marine quant à elle rapporte que sa salmoniculture aveyronnaise en AB ne rencontre pas de difficultés particulières du fait d’une faible densité d’empoissonnement (15 kg/m3). Pierre Herrgott, enseignant en sciences et techniques des équipements hydrauliques, souligne également, au-delà des solutions high tech, l’intérêt de la modularité des structures et des fluides (grâce à la variation de vitesse des moteurs par exemple), pour des systèmes plus résilients. « Il est nécessaire de préparer les jeunes aux réalités tout en restant optimiste », précise-t-il enfin.
Philippe Leroy boucle la boucle en envisageant sur l’exploitation du lycée, qui a dû pour sa part augmenter sa production (de 15 à 26 tonnes de poissons/an), la possibilité de « fermer » le circuit d’eau des bassins de grossissement pour passer les moments difficiles. Il souligne pour conclure l'importance d'anticiper les crises aigues sur la gestion de l'eau et d’accroître les réunions de concertation entre usagers localement.