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Castelnau le Lez : Les Serres de la Frondaie se réinventent face aux changements climatiques

Entièrement rénovées il y a une dizaine d’années, les Serres de la Frondaie, exploitation horticole de l’établissement de Castelnau le Lez, constituent un outil très performant sur les aspects technique et pédagogique. Elles se retrouvent néanmoins aujourd’hui confrontées à des situations nouvelles liées aux changements climatiques : tour d’horizon des problématiques et des projets envisagés, dans le cadre du plan local « enseigner à produire autrement » …

Mi-octobre aux Serres de la Frondaie, en plein coeur de l’établissement de Castelnau le Lez, enclavé dans le tissu urbain : c’est bel et bien encore un été indien qui accompagne la mise en culture des produits d’automne (chrysanthèmes, poinsettias, cyclamens, …) ! Francesco Picasso, le directeur de l’exploitation horticole, confirme l’évolution rapide constatée des conditions climatiques en quelques années seulement : "Cet hiver a encore été très doux, on n’a plus besoin de chauffage, si ce n’est que très localement dans la chapelle de multiplication avec seulement de l’eau chaude sous les tables. Ici, de plus en plus de végétaux passent l’hiver dehors. On observe même des jardins qui refleurissent en septembre, les vivaces méditerranéennes (sauges, gauras, …) sont actuellement magnifiques, alors qu’elles ont souffert cet été !". Le constat est sans appel : si l’on gagne en énergie de chauffage, on va devoir aussi réorienter la gamme. Moins de bisannuelles comme les pensées, plus de vivaces d’origine subtropicale (pervenches de Madagascar, lantanas, …). Idem pour la pépinière, avec une demande accrue des clients pour des grimpantes qui isolent thermiquement les façades.

S’adapter aux étés (très) chauds

"Quant à l’été, on est monté à 50°c à l’intérieur des serres" poursuit Francesco, "c’est une nouvelle donne pour ces installations, pourtant récentes, mais conçues en insect-proof donc très peu ventilées et rafraichies par un pad-colling énergivore". De plus, selon lui, le confinement l’été favorise les difficultés sanitaires :"Quand on a une plante avec des pucerons, autant la mettre dehors !". Ainsi, il réfléchit, avec les élèves de bac pro Conduite de productions horticoles et leurs enseignants, à des pistes d’adaptation. Les premières idées émises : remplacement des asperseurs par des brumisateurs à fines gouttelettes (à haute pression), équipement de voiles d’ombrage verticaux sur la façade Sud, rajout d’un enduit poreux sur le sol en béton pour stocker de l’humidité et assurer un rafraîchissement par évaporation, … et surtout amélioration de la ventilation par une circulation passive du bas vers le haut (type puits climatique) en perçant le bardage et en enlevant les filets insect-proof du faîtage. "Des élèves de Terminale horti ont même suggéré d’équiper le toit des serres en capteurs solaires pour l’ombrage et la production d’énergie" rajoute-t-il.

Économiser aussi les ressources

La question de la consommation des ressources est également prise en considération, permettant d’aborder l’atténuation possible des impacts. Ainsi par exemple, "pour économiser l’utilisation de la tourbe, on la mélange actuellement avec des fibres de bois, mais on va tester prochainement un support coco et bois sans tourbe”. La chasse aux plastiques est également lancée : en pépinière, les bâches tissées vont être remplacées par un matériau biosourcé et biodégradable à base de fibres et copeaux de bois fragmentés. Et dans la serre, on s’oriente vers l’utilisation de pots plus fins et légers, voire même en compost compressé et biodégradable. "Au-delà de l’implication dans les essais, les élèves travaillent aussi avec leurs enseignants sur le chiffrage des coûts prévisionnels, pour ensuite aller chercher le financement", précise le directeur.

Des écoresponsables mobilisés pour l’agroécologie

L’implication active de tous les élèves reste une préoccupation majeure de la communauté éducative. Comme le précise Julie Chavagneux, directrice adjointe et pilote du Plan local Enseigner à produire autrement (PLEPA) de l’établissement, "La désignation d'un référent local EPA 2 constitue un levier supplémentaire pour l'établissement de poursuivre, voire dans certains cas de mettre en oeuvre, les actions référencées dans notre PLEPA. Il s'agit d'une part d'accompagner et de valoriser nos apprenants engagés dans la démarche écocitoyenne et d'autre part d'accroitre le rayonnement local de notre exploitation pleinement engagée en agroécologie". Allan Neveux, enseignant en techniques horticoles et missionné référent EPA2, témoigne : "en plus des expérimentations menées sur l’exploitation par la filière horti, mes collègues et moi sensibilisons les autres classes, en filière vente ou fleuriste par exemple, avec comme support les catalogues de fournisseurs qui mentionnent désormais les labels, indices de résistance à la sécheresse, biodégradabilité, …". Ajoutons aussi la mobilisation, inscrite dans le PLEPA, de 18 écoresponsables cette année, issus de toutes les filières de formation du lycée. Allan, qui assure l’animation de ce collectif, précise : "Dans le lycée, il y a plein de petites actions pour la transition écologique, c’est compliqué de les mettre en lumière. On est donc en train de créer une association, pour aussi s’intégrer au réseau national, échanger … et répondre à l’appel à projet ‘Tous écoresponsables on parie’ pour financer nos projets". Dans les cartons notamment, l’organisation d’un « Rendez-vous écoresponsable » sur un vendredi et un samedi matin, pour proposer aux autres établissements scolaires et aux publics du territoire des expos, des ateliers et des animations autour des végétaux, du recyclage, de la biodiversité (notamment autour des insectes auxiliaires de la production horticole), …

Vers un centre de référence sur la lutte biologique

Retour sur l’exploitation, avec un autre axe du PLEPA qui vise à développer les partenariats. Francesco Picasso évoque l'engagement historique de l'exploitation dans la lutte biologique intégrée et donc un potentiel à valoriser davantage : "Je souhaiterais vraiment que l’on puisse se rapprocher davantage des acteurs de la recherche-développement pour devenir centre partenaire de référence dans le Sud de la France. Il y a encore tant à faire sur la lutte prophylactique, la reconnaissance des ravageurs, la production d’auxiliaires, la quantification des résultats, …". Un premier contact a été pris avec l’Institut Agro de Montpellier, gageons que les choses se concrétisent. Pas de doute, le lycée Honoré de Balzac porte haut son slogan "Cultive ton avenir" !

Voir aussi :

- vidéo interviews : l’exploitation horticole face aux changements climatiques
- portrait vidéo de Francesco Picasso, DEA de l’exploitation horticole
- fiche-action (2017, màj 2022)

 


Chiffres clés de l’exploitation :

1,5 ETP salariés

Serres : 1 600 m2 cultivés (+ serre pédagogique 120 m2)

Pépinière : 850 m2

C.A. annuel : 100 000 euros environ

 

Contacts utiles :

Site internet de l’établissement : www.hdebalzac.fr

Francesco Picasso, directeur des serres : francesco.picasso(at)educagri.fr

Allan Neveux, référent EPA2 : allan.neveux(at)educagri.fr

Julie Chavagneux, directrice adjointe, pilote du PLEPA : julie.chavagneux(at)educagri.fr

Sonia Finet, directrice de l’EPLEFPA : sonia.finet(at)educagri.fr

Françoise Henry, chargée de mission ADT à la DRAAF Occitanie : francoise.henry01(at)agriculture.gouv.fr


 

Novembre 2022 – Dominique Dalbin, animateur Réso’them de l’enseignement agricole