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Animation et développement
des territoires
de l'enseignement agricole

A Guingamp-Kernilien, une nouvelle stabulation pour un nouveau souffle.

L’exploitation agricole de Kermilien axe ses productions sous le signe du bien-être animal. En effet, comme dix ans auparavant avec la porcherie, l’exploitation construit une nouvelle stabulation pour améliorer le confort des vaches laitières.

Un centre équestre et une exploitation, trois ateliers et plusieurs problématiques

Comme le précise Nadia Conty, directrice de l’établissement, « Guingamp-Kernilien comporte deux exploitations : un centre équestre et une exploitation agricole, en adéquation avec la diversité des formations de l’établissement, du bac pro hippique et du BPJEPS équestre, jusqu’au au BTS productions animales et BTS ACSE ». Le centre équestre est un centre constitutif où le plaisir de monter à cheval se conjugue avec des installations récentes et fonctionnelles.  Pascal Lahaye pilote l’exploitation agricole (jusqu’à à l’été 2019), qui comporte trois ateliers représentatifs de la région : l’atelier lait, l’atelier porc sur paille et l’atelier cidre, sur 77 ha de SAU.

Un atelier porc « bien-être » dont la rentabilité reste à prouver

L’atelier porc sur paille a été construit en 2009 sur la base d’un système sur paille en vue d’une production labellisée (OPALE) de 1500 porcs charcutiers avec un système naisseur engraisseur de 60 truies. Le choix de la paille est généralement imposé par un élevage conduit en AB. A Kernilien, il a été justifié en premier lieu, par rapport au bien être animal et au l’engagement dans le label. Des surfaces plus spacieuses qu’en élevage standard sont offertes aux différentes catégories d’animaux, mais, comme le précise Pascal « elles ne sont pas suffisantes pour satisfaire aux exigences du cahier des charges bio ». En effet, cela nécessite de réaliser des courettes extérieures et suppose donc une nouvelle phase d’investissement…

Les résultats techniques sont pourtant corrects (28.6 porcelets sevrés par truie productive, un indice de consommation(1) de 2.9) mais ils ne permettent pas de dégager des résultats économiques satisfaisants, car la paille est une lourde charge que la plus-value de la démarche qualité, trop faible, n’arrive pas à compenser.

(1) Indice de consommation est le rapport de la quantité de nourriture consommé par un animal en croissance pendant une certaine période au gain de poids vif qu’il a réalisé pendant le même temps

Moderne simple et fonctionnel : les caractéristiques du nouveau bâtiment pour les vaches laitières

En février, quand nous visitions les vaches laitières dans leur bâtiment, nous découvrions une stabulation conçue pour 32 places où séjournent 60 vaches laitières de race Prim Holstein. Pascal nous dévoile « les problèmes sanitaires surtout les mammites dues à cette promiscuité ». Fort heureusement, Pascal nous montre fièrement « la nouvelle stabulation, moderne, simple, spacieuse, lumineuse et surtout  fonctionnelle » qui a été réalisée dans le cadre du dispositif Contrat d’Autonomie et de Progrès (CAP) de la région Bretagne, il précise « qu’elle accueillera également les 35 génisses de renouvellement ainsi qu’une nouvelle salle de traite qui permettra de traite six vaches par l’arrière de chaque côté de la fosse ( 2*6 TPA )».
Somme toute, ce troupeau a un fort potentiel de production avec 9500 kg/VL/an, avec un coût alimentaire maitrisé de 69 € /1000 l de lait. Pascal insiste sur « le virage pris depuis trois ans avec une utilisation de l’herbe qui compose désormais au moins 50% de la ration. Nous ne donnons plus de concentrés pendant deux mois au moins dans l’année ». Il cite ensuite la pratique du pâturage tournant qui permet de mobiliser, grâce à des prairies à base de ray grass et de trèfle, plus de neuf tonnes de matière sèche.
Mais précise-t-il  « pour autant la marge brute par rapport au litre de lait vendu n’est pas suffisante ». La nouvelle stabulation, devrait permettre  d’améliorer la situation.
Déjà du concret :  “Nous avons réduit d'environ 1heure 30 (été) le temps de traite et de soins aux animaux. En hiver, il devrait y avoir 2 à 3 heures quotidiennes d'économisées” stipule Pascal, recontacté après la mise en fonctionnement de la stabulation (le 15 avril 2019)

Un atelier cidricole pour un cidre fermier IGP Bretagne

Enfin, le tableau ne serait pas complet sans la visite du verger de pommiers pour faire du cidre breton. Cet atelier presse 35 tonnes de pommes, dont 25 tonnes produits sur les 1.5 ha de Kernilien. Un cycle bisannuel du verger rend cette production difficilement autonome sans achat de pommes à l’extérieur. Pascal précise « le cidre, environ 20000 bouteilles par an, est valorisé en tant que cidre fermier par une IGP pour un tiers en vente directe le vendredi après midi, pour le second tiers auprès de crêperies locales et le dernier avec une dizaine de revendeurs ». Les apprenants sont sollicités sur cet atelier qui permet une forte implication pédagogique et valorise l’établissement.

Valoriser mieux les ressources

La situation financière de l’exploitation reste toutefois délicate et pose plusieurs problématiques à résoudre et en cours de résolution :

  •  Pour les  porcins, la marge brute issue des ventes de porc label (15 centimes de plus-value) est insuffisante, surtout dans une période difficile, et ne compense pas suffisamment les charges liées au coût des aliments et de la paille
  • Pour les bovins, le prix du lait n’est pas assez valorisé, avec des frais de santé élevés.

L’exploitation est en difficulté économique depuis plusieurs années et Pascal réfléchit à trouver des solutions permettant d’optimiser ses différentes productions, tant du côté des charges à travers plus d’autonomie, que du côté des recettes en valorisant mieux les débouchés. Déjà, Pascal Lahaye essaie de valoriser au mieux la production d’herbe, qui constitue 50% de la ration des vaches laitières, à partir d’un pâturage tournant permettant de mobiliser des ressources les moins onéreuses.  La construction d’une nouvelle stabulation doit permettre d’améliorer encore la situation, sous plusieurs angles : bien être, santé du troupeau et confort de travail pour les salariés.
La question de la gestion et de la valorisation du réseau de haies a également été évoquée. Isabelle Monchatre, référente enseigner à produire autrement, y voit une utilité, « aussi bien pour l’élevage (ombrage, fourrage, …) que pour la production de bois ou le stockage de carbone. » Cela passera par un plan de gestion et une valorisation locale.

Une implication pédagogique et locale à conforter
Nadia Conty directrice de l’établissement, accorde un point particulier à l’utilisation pédagogique, comme c’est le cas pour le centre équestre, tout neuf et très bien mis en valeur.  Elle tient particulièrement à l’ouverture de l’exploitation, qu’elle soit visitée et serve d’espace de démonstration et de pédagogie.

Des questions pour l’avenir
Consciente des résultats technico économiques en progression, mais pas suffisants, l’équipe de direction cherche des solutions qui permettraient durablement de couvrir le besoin de 200 000 € de marge brute pour couvrir les charges de structures, les annuités et les amortissements. La transition agroécologique a permis et permet encore de questionner le système en cherchant à optimiser les ressources locales, afin de baisser les charges. Ainsi, les investissements dans la nouvelle stabulation apporteront une progression de la marge brute. Une étude sur la conversion totale ou presque (hormis le cidre) de l’exploitation en AB montre une réponse intéressante à cette problématique qui en plus permettrait de répondre à des attentes du territoire, d’être plus respectueuse de l’environnement, d’être plus en adéquation avec les attentes des citoyens. En avant Guingamp !

Les trois questions de fin

De quoi êtes-vous le plus fier ?  « La rénovation de l’atelier Lait, et le nouveau visage de l’exploitation »

S’il fallait améliorer quelque chose ?  « Réussir à valoriser du porcs sur paille»

Un conseil pour mon éventuel successeur ?  « Ne pas avoir peur de se salir les mains»


L'exploitation de Guingamp-Kernilien en chiffres

SAU : 77 ha

  • Herbe : 48.5 ha.
  • Mais  : 25  ha 
  • Betterave fourragère : 2 ha
  • Verger  : 1.5 ha.

ETP : 3 salariés

Chiffre d'affaire 2018 : 500 000 €


Contacts utiles :
 

Juillet 2019 - Hervé Longy et Jean Luc Toullec, animateurs Réso’them de l'enseignement agricole