L’objet de l’étude est d’approximer les coûts de production du compost sur les exploitations agricoles bio de la Polynésie française. L’échantillon est constitué de 7 exploitations principalement orientées vers le maraichage et l’arboriculture fruitière.
Méthodologie : Les données ont été collectées au moyen d’un questionnaire et de visites chez les producteurs. Elles sont issues d’estimations réalisées par les agriculteurs eux-mêmes et n’ont pu être vérifiées.
L’enquête a permis d’obtenir des valeurs concernant le compost fabriqué à la ferme (quantités, temps passé, coût du m3 produit), les quantités achetées à l’extérieur, les quantités épandues / 1000 m².
Les coûts de production d’un m3 de compost varient de 1363 à près de 37000 Xpf (moyenne 16935 Xpf). Ces chiffres ne sont pas déconnectés des prix pratiqués par les structures commercialisant du compost : 8000 à 15000 Xpf. D’une manière générale, certains éléments ressortent de cette étude.
- Des quantités produites à la ferme à priori insuffisantes : les agriculteurs souhaitent fabriquer plus de compost (souvent le double) pour combler leurs besoins estimés. Toutefois, les quantités épandues sont loin d’être négligeables (5,3 tonnes / 1000 m² en moyenne) par rapport à ce qui est fréquemment pratiqué en métropole (3 à 6 tonnes / 1000 m² dans des systèmes comparables).
- Des apports en minéraux du compost non pris en compte dans la fertilisation : certains disposent d’analyses (sol et compost) mais semblent avoir du mal à les interpréter pour en tirer des enseignements pratiques.
- Des exploitations sous équipées : si la plupart ont des broyeurs, rares sont celles disposant d’une aire de compostage dédiée et aucune ne possède de matériel permettant l’homogénéisation ou le retournement du produit lors de sa confection ce qui influence la charge en main d’œuvre.
- Un approvisionnement en matières premières chronophage : il semble particulièrement exigeant en main d’œuvre, limitant considérablement la production à la ferme. Face à cette situation, les attitudes divergent :
- Approvisionnement en matière première à l’extérieur : livraison (broyé ou non) par des tiers parfois effectué à titre gracieux mais la disponibilité semble assez aléatoire.
- Non utilisation de compost : réalisable sur des terrains neufs et avec rotations longues ou épandage de produits de substitution (BRF, vétiver, pépins de nono…) les résultats agronomiques ne sont pas les mêmes sur le long terme.
- Achat de compost : selon les quantités achetées et la négociation du transport, les prix varient de 8000 à 15000 Xpf/m3.
Vue l’étroitesse de l’échantillon, la production d’une référence est difficile. Les exploitations n’ont pas de système établi. Souvent récentes, elles cherchent à s’adapter au contexte afin de profiter d’opportunités. Toute tentative de « modélisation » parait donc hasardeuse et prématurée. Toutefois, certaines pistes méritent d’être explorées :
- Pour les agriculteurs ayant une certaine assise financière, technique et des ressources en main d’œuvre, proposer des incitations à un complément d’équipement (plateforme bétonnée et couverte) ou de matériel permettant l’homogénéisation du produit permettraient d’obtenir un produit de meilleure qualité et nécessitant moins de main d’œuvre.
- Pour les producteurs plus modestes, une aide à l’achat de compost permettrait des perspectives de production plus importantes avec un produit aux caractéristiques connues et une plus grande indépendance vis-à-vis des intrants importés.
- La mise en place d’une structure de compostage commune mérite d’être étudiée. Elle permettrait d’accroitre les volumes produits à moindre coût. Se pose toutefois la question de l’investissement et de la logistique.
- L’intégration de légumineuses locales et plus généralement de végétaux à haute production de biomasse dans des rotations longues est également une autre piste pour limiter les besoins en matière organique.