Dans un contexte sociétal, environnemental et réglementaire de plus en plus tendu, l’utilisation des produits phytosanitaires sur la vigne risque de devenir rapidement problématique.
Les cépages résistants à l’Oïdium et au Mildiou constituent une piste prometteuse pour une viticulture durable. Leur utilisation permettrait en effet de réduire de plus de 75 % les quantités de pesticides employés.Issues de croisements sexués multiples entre Vitis Vinifera, amenant les qualités organoleptiques, et d’espèces de vignes sauvages, apportant les gènes de résistance aux maladies, les nouvelles variétés suscitent la curiosité des vignerons.
Très peu de choses sont connues sur ces cépages qui n’ont pour la plupart, jamais encore été cultivés en conditions réelles de production dans notre région. En 2016, le Domaine de Donadille s’est engagé à expérimenter deux d’entre eux sur un hectare:
- une obtention Italienne de l’institut de génomique d’Udine (Soréli Blanc),
- une obtention issue du programme Resdur de l’INRA (IJ 58 Noir).
Evaluer la pérennité des résistances au Mildiou et à l’Oïdium et observer le comportement des nouvelles variétés face aux autres parasites (Black Rot en particulier) constituent les axes majeurs de cet essai. Il se prolongera par l’étude de la vinification et de la valorisation de ces nouvelles variétés.
Implanté dans de bonnes conditions sur un précédent luzerne, et surtout avec l'aide de l'irrigation, ces plantiers ont acquis une vigueur suffisante pour être montés la première année. Une petite production est donc attendue en 2ème feuille (Septembre 2017).
Les toutes premières observations de l'été et de l'automne 2016 ont révélé quelques surprises: - la résistance de Soreli à l'Oïdium, est loin d'être complète. - le black rot s'installe facilement sur les deux cépages, avec une prédilection pour Resdur IJ58.
Dans notre contexte, ces variétés seront précoces, mais un peu moins que le Chardonnay.
Soreli semble présenter une fertilité importante. Nous avons aussi relevé sur ses feuilles, sarments, vrilles et grappes des symptomes que personne ne sait interpréter.
Souvent en hiver et au début du printemps, le vignoble de la Costière prend un aspect lunaire, suite à l'utilisation généralisée d'herbicides. Les vignes restent nues pendant plusieurs mois, exposées aux intempéries qui déstructurent le sol en surface, privée de vie la fertilité biologique du sol s’en ressent.
Pour obtenir une vigne propre les viticulteurs utilisent des herbicides qui ne sont pas sans effets sur l’environnement. L’entretien du sol est facilité, l’organisation du travail simplifiée, ce qui se traduit par un gain économique certain.
Mais…
La panoplie d’herbicides se réduit d’année en année (par exemple interdiction en 2016 de L’Aminotriazole).
Certaines adventices deviennent résistantes (érigéron en particulier).
L’infiltration de l’eau est réduite, le ruissellement important, même si l'érosion n'est pas trés marquée.
Les molécules ou leurs métabolites se trouvent entrainés et disséminés dans l’environnement.
Au Lycée Marie Durand, on essaie de sortir de ce cercle vicieux, en implantant un couvert végétal avant l’hiver : des mélanges de plusieurs espèces (jusqu’à 10), où chacune assure une fonction utile pour la fertilité du sol (les légumineuses fixent l’azote atmosphérique, les espèces pivotantes fractionnent le sol en profondeur, etc …)
Au début du printemps le couvert végétal sera détruit pour préserver les réserves hydriques: le sol a été protégé pendant l’hiver, travaillé par les racines et surtout nourri. L'apport de matière organique peut s'élever à plusieurs tonnes par hectare et les légumineuses peuvent fournir jusqu'à 30 unités d'azote. Cet engrais vert stimule la vie dans le sol, car la biomasse microbienne et la microfaune représentent par hectare l’équivalent de quatre vaches qu’il faut bien alimenter !
Au delà du coté esthétique, une multitude d’insectes tirent profit de cette implantation, le couvert végétal fourmille de vie, les butineuses s’affèrent sur les plantes mellifères.
Ainsi en 2017, quatre associations de plantes ont été testées pour déterminer laquelle rend les meilleurs services à la vigne. L’objectif à terme serait de se passer totalement des herbicides, sans pour autant pénaliser la rentabilité du vignoble.
Cependant ces changements de pratiques se heurtent à de nombreuses difficultés, en effet le désherbage chimique s’insère beaucoup mieux dans le calendrier de travail, bien qu’il puisse être gêné par le vent.
L’abandon des herbicides est venu nous rappeler deux règles essentielles de la viticulture :
- toute intervention doit préparer celle qui va lui succéder.
- il ne faut jamais remettre au lendemain, ce que l’on peut faire le jour même.
Ces deux principes sont d’autant mieux respectés quand ce sont les mêmes personnes qui réalisent les opérations. A défaut, tout retard se paye cash! Tout s’enchaîne, car les adventices ne connaissent pas de répit. Le succés se résume en 2 mots: anticiper sans procrastiner!