Le lycée agricole Charlemagne de Carcassonne a mené pour la dernière année le projet "Vigne et associés : quand l'union fait la force".
Ce projet cherche à trouver des réponses agroécologiques concrètes et durables pour faire face aux grands enjeux de l'agriculture d'aujourd'hui et de demain (perte de biodiversité, pollutions air-eau-sol, explosion des besoins alimentaires, surface agricole limitées, production stagnante, diminution des niveaux de vie...).
Les perspectives sont de trouver et de proposer des systèmes de cultures à haute biodiversité, à rendement agricole soutenu, à faible utilisation d'intrants et capable de résister aux déréglements climatiques tout en conservant ou en augmentant un revenu digne.
Ce projet a été construit autour de 4 objectifs :
- Objectif n°1 : conversion d'un îlot viticole au cœur du lycée en Agriculture Biologique. Afin d'étendre cette conversion, une nouvelle campagne de restructuration du vignoble est engagée (plantation des cépages résistants Monarch et Solaris). L’entretien du sol devient, de ce fait, une contrainte supplémentaire suite à l'arrêt de l'utilisation des herbicides.
- Objectif n°2 : cet objectif est la raison d'être du projet. Il vise la mise en place d'une expérimentation de cultures associées sur vigne durant la période de repos végétatif afin d’optimiser le temps et les surfaces par culture de l’inter rang (lentille, moutarde, petit épeautre). L’expérimentation a permis d’identifier les bonnes associations pour la mise en place de rotations efficaces et peu concurrentielles à la vigne et enfin d’améliorer la structure et la vie des sols.
- Objectif n°3 : sécurisation de la rentabilité économique de l’exploitation par la diversification de la gamme des produits proposés issus des couverts végétaux de l’exploitation. De plus un effort particulier sera réalisé pour le développement et la communication autour des circuits courts.
- Objectif n°4 : organisation d’un évènement annuel « les journées de Charlemagne » autour des thématiques étudiées (couverts végétaux, plantation de cépages résistants, eau, biodiversité…).
La première année a permis de réaliser un diagnostic complet en reprenant l'ensemble des fertilités de l'agrosystème viticoles (physique, chimique et biologique) mais aussi l'analyse de la production en termes quantitatifs (mesure des rendements) et en termes qualitatifs (contrôle maturité, microvinification, dégustation).
D'après les résultats que nous avons obtenus nous pouvons conclure qu'il est possible de faire des associations de cultures avec la vigne sans impacter la récolte sur une année ("one shoot").
Sur du moyen terme les résultats ont montré: - une très légère baisse des rendements pour la lentille compensé économiquement par sa production.
- pour le petit épeautre le rendemnt viticole est plus impacté sans toutefois provoquer une perte inacceptable, cependant les débouchés économiques du petit épeautre ne permettent pas de compenser la perte sauf si celui-ci est commercialisé transformé.
- pour la moutarde les rendements viticoles ont légèrement augmenté, ce phénomène s'explique en partie par un déséquilibre en potassium de la parcelle ce que permet de rééquilibrer la culture de moutarde. Nous ne sommes pas certains que dans un autre contexte nous observions une même tendance. De plus la production de moutarde, même faible, permet d'augmenter fortement la rentabilité de la parcelle. Dans notre cas nous pouvons doubler le chiffre d'affaire à la parcelle.
Dans tous les cas il est impossible de gérer une exploitation viticole déjà existante uniquement sur ce principe là car il faut aussi gérer le stockage, la transformation et la commercialisation. L'activité principale restant la production viticole nous pouvons imaginer un petit pourcentage de l'exploitation gérer avec des cultures inter rangs sur les parcelles adaptées en terme de fertilité voire des rotation dans l'utilisation des parcelles.
Il nous semble donc évident de compléter ce dispositif par la gestion des sols par des enherbements ou des engrais verts détruit au bon moment en fonction des contraintes viticoles.
Nous observons une légère amélioration de la fertilité biologique.
D'un point de vue oenologique, la qualité du raisin n'a pas été impactée et les vinifications se sont toutes bien déroulèes.
Des problématiques matériel nous ont incité a nous tourner vers l'auto construction d'un semoir qui nous a permi de nous former sur des compétences que nous n'avions pas et d'acquérir du matériel à un tarif tout à fait raisonnable et acceptable même dans une structure privée.
Le projet est essentiellement tourné vers la pédagogie. Nous avons mobilisé les différentes filières et leurs compétences afin de rendre ce projet vivant et affirmer la complémentarité des enseignements de l'EPL.
Ce projet bien que confronté à des difficultés techniques et matérielles peut aboutir à une véritable innovation agricole qui répondra à la triple performance économique, sociale et environnementale.