La lutte contre le décrochage scolaire, priorité nationale de l’Enseignement Agricole depuis plusieurs années, est au cœur du projet tiers-temps 2016-2020. Le public accueilli sur notre établissement est souvent marqué par un rapport à l’école compliqué, négatif et souvent contre-productif. Le constat était que élèves subissaient l’école plutôt que de la vivre mais qu’il en était de même pour les enseignants qui ne savaient plus comment pallier aux difficultés de ces mêmes élèves.
Comment agir avant même que l’élève ne se retrouve en situation de décrochage ? Comprendre les causes de fragilités de ce public, de chercher des éléments de solutions afin de mieux accompagner ces élèves vers une attitude plus positive, plus constructive pour la réussite scolaire de tous : élèves mais également et enseignants !
Le bilan de ces 3 années est extrêmement positif :
- Elèves: des valeurs telles que la confiance, l’estime de soi, le bien-être à l’école sont maintenant tenues pour fondamentales.Reconstruire des fondations solides à toute démarche d’apprentissage est une phase inéluctable pour ces élèves en difficulté. Sur ce fait, le retour des apprenants et de leurs parents est très encourageant : ils soulignent un changement souvent radical du regard porté sur l’école, un enthousiasme renaissant et une implication réelle dans l’accès au savoir et la construction d’un parcours personnel adapté.
- Enseignants: changement de postures est aujourd’hui devenu évident: comprendre que s’adapter, développer de nouvelles pratiques n’est pas forcément « baisser le niveau ». Les critères de « l’enseigner autrement » est un point de départ pour parvenir à l’ « apprendre autrement ». Une équipe d’enseignants s’est engagée dans le projet. Cette volonté s’est traduite par l’intégration d’un LéA axé sur le numérique éducatif, levier de lutte contre le décrochage scolaire. Une réflexion a été menée sur les outils numériques mais également sur l’espace classe comme un lieu de vie mais aussi comme un outil d’apprentissage en tant que tel. Nous avons créé un laboratoire numérique que nous n’expérimentons que depuis novembre 2018. L’appropriation par les apprenants et les enseignants est progressive mais efficace.
Un véritable travail d’équipe, de cohésion, de solidarité est aujourd’hui en place. Ce groupe de travail est constitué d’enseignants, de la direction de l’établissement et d’enseignants-chercheurs de l’ENSFEA. Si bien, qu’aujourd’hui, nous pouvons affirmer que cette solidarité est le noyau du projet.
La formation et l’auto-formation sont aussi au cœur de la réflexion. Que ce soit par le biais du LéA (travail collaboratif entre enseignants et enseignants-chercheurs de l’ENSFEA), du PNF ou encore ERASMUS, l’équipe s’est mobilisée pour une formation collective axée exclusivement sur des outils concrets pouvant être réinvestis directement. Enfin, la formation tend à l’auto-formation puisque en changeant de postures, les enseignants ont également ouvert leur porte. Un atelier hebdomadaire, « Popote 2.0 », est proposé :chacun peut présenter, échanger, développer sa culture numérique.
Les actions réalisées :
- Laboratoire numérique
- Publications dans la presse locale, sur des sites dédiés: Pollen ou Pédagoticéa.
- Observation du système éducatif finlandais
- Mobilisation d’outils pour l’analyse de pratiques enseignantes
- Nombreuses formations consacrées aux pédagogies innovantes
- Atelier hebdomadaire de culture numérique pour les personnels : « Popote 2.0 »
- Expérimentation d’un emploi du temps axé sur l’interdisciplinarité
Pour finir, la faisabilité du projet repose sur la mise en œuvre d’un emploi du temps spécifique dans une classe référente. Il s’agit d’une classe de 3ème car les élèves y apparaissaient particulièrement en difficultés scolaires et sociales. Cet emploi du temps s’articule quasi exclusivement sur l’interdisciplinarité. Des binômes disciplinaires ont été établis et sont menés sur une même plage horaire ; par exemple, ESC/Anglais le lundi matin ou encore Français/Histoire-géo le mercredi matin.
Les enseignements sont menés avec une certaine liberté et autonomie des enseignants qui sont « obligés » de travailler ensemble leur progression, leur projet. Cette expérience s’avère très riche professionnellement mais aussi plus attractive pour les élèves davantage amenés à échanger, à « manipuler » des savoirs plutôt que des disciplines.
Pour la 4ème et dernière année, l’équipe souhaite pérenniser cette expérimentation en créant une formation qui pourrait être l’occasion de partager cette expérience mais également de créer d’autres échanges afin de poursuivre et enrichir la réflexion.