La consommation de produits aquatiques ne cesse de croitre (+5.8% d’augmentation en moyenne par an depuis 2001 ; FAO 2018). Portée par l’accroissement démographique et l’augmentation de la consommation par habitant (9kg en 1961 contre 20.2kg en 2015 ; FAO 2018)
Cette demande ne peut être satisfaite par la pêche qui stagne en moyenne à 90 millions de tonnes par an. L’aquaculture qui contribuait pour 25.7% en 2000 de la production mondiale, en représente aujourd’hui plus de 50%.
Cette augmentation très importante de la production se retrouve confrontée à des points de blocage. La production de farine et huile de poisson nécessaire à l’alimentation des poissons d’élevage est à son maximum depuis 1994 (30 millions de tonnes). De plus une partie de cet aliment est rejeté par les poissons sans être valorisé.
Le lycée de la mer et du littoral s’est donc engagé dans un programme de recherche européen (PRIMA/SIMTAP). L’objectif de ce programme est de proposer des systèmes d’aquaculture multi-trophique (association d’espèces se nourrissant des rejets des autres) sans utiliser de farines et d’huiles de poissons issus de la pêche minotière.
Des pilotes ont donc été pensés et installés dans différents pays européens (Italie, Turquie, Malte, France) sous la responsabilité du chef de projet à l’université de PISE.
Le pilote installé au lycée de la mer et du littoral est un système d’aquaculture multi-trophique en claires d’eau de mer organisées en série. Des poissons (Daurades) sont nourris avec un aliment végétal sans huile et farine de poissons. La ration est complétée par des moules d’aquaculture ne faisant pas la taille commerciale (initialement détruites) afin d’apporter aux poissons les acides aminés et les acides gras indispensables qu’ils ne trouvent pas dans les végétaux. Les rejets des poissons sont ensuite dirigés dans des claires avec des crustacés (crevette japonicus) et des filtreurs (huîtres et palourdes) qui bénéficient de l’enrichissement de leur milieu d’élevage tout en extrayant les rejets.
L’ambition est de proposer des indicateurs de dimensionnement pour ces systèmes. D’extraire plus de matière au travers des productions réalisées que celle apportée par l’aliment. De proposer un système d’élevage basé sur plusieurs productions, permettant d’être plus robuste aux variations de prix de chaque espèce.
Pour réaliser le suivi de ce pilote, le lycée de la mer et du littoral s'est associé à des chercheurs de l'INRAe de Rennes (UMR/SAS), joël AUBIN et Christophe Jaeger. Joël AUBIN est par ailleurs en charge de l'analyse environnementale (ACV et DEXI) de tous les pilotes des pays.
Après une pré-expérimentation (SIMTAP1) visant à valider le concept de complément par des moules de la ration en aliment végétal.
Ce pilote a fonctionné d’avril à novembre 2020, suivi par une étudiante de licence professionnelle AQUAREL. Les premiers résultats sont très encourageants avec une croissance et une qualité des huîtres, palourdes, crevettes et daurades au-delà des prévisions. La production d’ulves elle n’a pas fonctionné.
De Mai à Octobre 2021 une étudiante en dernière année d’Ingénieure Agronomique a suivi le pilote et propose une modélisation du système d’élevage. Les résultats sont en cours de traitement et feront l’objet de diffusion.
L’aménagement technique est réalisé par les élèves en bac professionnel aquaculture. Le suivi zootechnique (mesures) et physicochimique est en partie assuré par les élèves de Bac pro et de BTS aquaculture. Les aspects de dimensionnement et l’analyse des résultats sert de support aux enseignements en aquaculture durable pour les étudiants en licence professionnelle.
Dès les premiers résultats, des opérations de communication qui vont du simple poster à l’organisation d’évènements seront réalisés afin d’en permettre la diffusion.
Les systèmes en aquaculture multitrophique sont des supports pédagogiques complets et ouvrent à la réflexion sur l’évolution des systèmes d’élevage. La réalisation au sein du lycée les rend concrets et ce pilote a très rapidement été adopté par tous les élèves et les étudiants. Sa réalisation au sein du lycée a aussi permis la démonstration auprès des professionnels. Un professionnel local a testé un tel système durant l'été 2021.