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Animation et développement
des territoires
de l'enseignement agricole

Une journée sur les usages d’eaux non conventionnelles à La Canourgue

Le 26 mars dernier le site lozérien proposait, dans le cadre de la 17e « Semaine de l’eau » de la Plateforme technologique (PFT) régionale GH2O, une journée technique (labelisée "Printemps des transitions" de l'enseignement agricole) autour de l’usage des eaux non conventionnelles. Retour sur l’évènement…

Contexte climatique oblige, la 17eSemaine de l’eau se conjuguait cette année sous le signe « eau et sobriété ». C’est dans ce cadre que l’établissement de La Canourgue a organisé le 26 mars une Journée technique intitulée : « Eaux non conventionnelles : quelles possibilités d’usages ? ». Mais qu’entend-on par « eaux non conventionnelles » ? Ce sont, selon la définition de l’ASTEE (2023) les eaux non issues d’un prélèvement direct dans la ressource naturelle : eaux de pluie, de ruissellement (« eaux pluviales »), de piscines, eaux usées traitées (issues d’industries, de stations d’épuration ou d’assainissement non collectif). Ces eaux peuvent être réutilisées (en fonction de 4 classes d’exigence de qualité) selon des couples types d’eau-usages. Ces usages pouvant être urbains (lavage des rues, espaces verts, …), industriels (refroidissement, lavage, …), domestiques (chasses d’eau, arrosage, …) ou en zones rurales (irrigation, abreuvement du bétail, …).

La sobriété des usages de l’eau

La ressource en eau renouvelable, indispensable aux différents usages anthropiques et au fonctionnement des milieux aquatiques, a diminué de 14 % en France au cours de ces quinze dernières années. Cette tendance devrait s’aggraver, notamment en période estivale, avec le changement climatique (on se souvient de l’électrochoc de la sécheresse de l’été 2022 et la multiplication des conflits d’usages). La France a pris conscience de son retard en matière de gestion économe de la ressource en eau, avec seulement 1% de réutilisation d’eaux usées traitées. Avec la sortie en mars 2023 du Plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau, c’est une nouvelle dynamique qui est impulsée, avec l’objectif notamment de mieux valoriser les eaux non conventionnelles (actions 15 à 19). De quoi offrir de nouvelles opportunités de travail pour les étudiants et futurs professionnels… 

Des étudiants impliqués

Durant la journée se sont succédées des interventions, suivies d’échanges nourris avec l’assistance : 
. l’Université de Montpellier au nom du Défi Clé Water Occitanie (500 chercheurs fédérés pour stimuler des recherches interdisciplinaires sur la réutilisation de l’eau, sa mise en œuvre et l’évaluation de sa pertinence), 
. la Direction départementale des territoires de Lozère pour une présentation du cadre règlementaire (qui doit être complètement revu cette année, en lien avec l’objectif du Plan eau de 10 % de réutilisation des eaux usées traitées - REUT - d’ici 2030), 
. Sète Agglopôle et sa stratégie de REUT (avec la problématique de teneur en sel – 3 g/L – des eaux usées traitées), 
. le projet de réutilisation des eaux (de rinçage) pour le nettoyage en place d’une fromagerie lozérienne, permettant de diviser par 3 le volume d’eau consommé
. le projet d’utilisation d’eau pluviale comme alternative pour l’abreuvement du bétail sur le Causse Méjean (projet aidé et valorisé par l’Agence de l’eau Adour-Garonne), 
. un projet d’écohameau autonome (avec récupération des eaux pluviales, réutilisation pour les toilettes et phytoépuration extérieure),
… et pour conclure le témoignage d’une particulière ayant fait le choix pour son habitation de la récupération des eaux pluviales avec mise en place d’un deuxième réseau d’eau (pour les toilettes, l’arrosage et le nettoyage de la terrasse).

Les étudiants de l’établissement ont ponctué le programme par des présentations de projets qui leur avaient été confiés. Ainsi, les BTS GEMEAU 2e année ont pu, dans le cadre d’un projet de classe, visiter la station d’épuration de Sète (165 000 équivalents-habitants, rejet actuel en mer) et plancher sur les possibilités de REUT. Après avoir attribué des notes (de 0 à 5) en fonction de plusieurs critères pour chacun des usages envisagés, ils ont pu dégager une orientation optimale pour le lavage de voirie, l’hydrocurage ou pour le carénage des bateaux du port, tandis que la défense contre les incendies ou l’irrigation s’avèrent moins judicieuses. 

Les BTS Aquaculture 1e année ont pour leur part, dans le cadre du module d’initiative locale aquaponie, comparé les paramètres de qualité des eaux usées traitées avec les gammes d’usage « aquaculture » et « aquaponie » et ont pu proposer des pistes à explorer : aquaculture saumâtre pour crevette tigrée (mais l’espèce n'est pas autochtone), mulet à grosse tête (mais l’élevage n’est pas maitrisé) ou spiruline (mais faible quantité d’eau utilisée en REUT). Se détachent plutôt les pistes d’aquaponie de cultures de plantes halophiles (supportant la salinité) pour une nouvelle gamme potentielle pour les espaces verts, de tomates indigo blue berries (résistantes) ou de plantes pour aquariophilie.

Enfin, des étudiants en BTS GEMEAU ont également restitué leur travail d’estimation du potentiel de récupération des eaux pluviales des toitures des bâtiments du lycée, soit 3 toits de 300 m2 environ chacun, en utilisant les données d’une année pluvieuse (2018) et d’une année sèche (2022).

Densité du programme, richesse des informations et des échanges, implication active des étudiants : un encouragement pour l’immense défi à relever d’une gestion plus économe et durable de la ressource en eau, depuis les têtes de bassin-versant jusqu’aux zones littorales…


En savoir plus :

Site de la PFT GH2O / blog de la Semaine de l’eau 

Programme de la Journée technique / recueil des présentations

Plan (national) d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau (2023)


Contacts :

Catherine Lejolivet, enseignante, porteuse de projet de développement et référente du site de La Canourgue pour la PFT GH2O: catherine.lejolivet(at)educagri.fr

Olivier Martin, directeur de l’EPLEFPA Lozère : olivier.martin01(at)educagri.fr

Françoise Henry, chargée de mission animation des territoires, DRAAF-SRFD Occitanie : francoise.henry01(at)agriculture.gouv.fr


 

Avril 2024 –Dominique Dalbin, animateur Réso’them de l’enseignement agricole