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Pionniers en résistance pour des horticultures biologiques au lycée de Saint Jean Brévelay !

Face à l’évolution du marché horticole et des attentes sociétales en matière de qualité des produits et des services, les systèmes de production sont reconvertis très tôt vers l’agriculture biologique au sein de l’exploitation de l’école : des techniques et des pratiques innovantes sont déployées en soutien aux transitions pédagogiques de l’établissement de formation, avec des partenaires publics et privés de proximité.

Près de la forêt des landes de Lanvaux, le lycée horticole de Saint jean Brévelay est « zéro pesticides ». « L’exploitation et ses structures, installées sur 11hectares, font pousser sans engrais chimique de synthèse une diversité de plantes, dont des fruits ou légumes transformés pour la vente directe aux particuliers et aux professionnels », annonce Arnaud Billon le responsable des productions. Bâti en 1975, le lycée public accueille plus d’une centaine d’élèves pour la plupart en internat, du CAP fleuriste au bac professionnel horticole et travaux paysagers, provenant majoritairement du Morbihan et un peu d’Ille-et-Vilaine. Une antenne implantée à Hennebont près de Lorient accueille près de 75 élèves et un centre de formation pour les apprentis.

De la fleur coupée à la diversité des légumes transformés d’aujourd’hui…

Après les productions de fleurs coupées des débuts des années 2000 sous les serres de l’exploitation, des cultures standardisées de jeunes plants en godets peu rémunératrices et face à la chute des prix du marché obligeant à la compression des coûts de la main d’œuvre, une reconversion des productions s’est imposée dès 2008 pour améliorer les résultats économiques. La mise en culture d’une gamme variée de végétaux d’ornement et de légumes biologiques destinés à être transformés pour partie, ont accompagné des dynamiques collectives pionnières pour produire, transformer et vendre autrement, en précurseurs de la transition agro-écologique.

« Très tôt cette forte volonté de passage aux méthodes biologiques, produire de beaux végétaux attrayants et vendre plus cher, a accompagné la mise en œuvre de la réforme du Bac professionnel horticole en cours d’appropriation dans les équipes pédagogiques : en parallèle, des installations de maraîchers bios de proximité ainsi que les besoins en approvisionnements se développaient »,déclare Arnaud Billon. Il y avait également une dynamique forte d’échanges techniques et d’expérimentations à cette période 2008-2012 avec trois autres établissements maraîchers bretons, un ingénieur chef de projet (Réseau HortiBio créé en 2007) et Inter Bio Bretagne.

 « Sans réel marché spécifiques au début pour valoriser des plantes ornementales conduites en production biologique, un véritable challenge s’offrait à nous, car c’est compliqué en agronomie pour produire ces plantes d’ornement, tout en gérant efficacement la grande diversité des maladies fongiques et des ravageurs. On a mis beaucoup de temps à trouver et à investir suffisamment dans un bon terreau, car en bio on n’a pas d’engrais à libération lente, et les jardinières, potées se tenaient moins bien dans la durée par rapport à des plantes produites en conventionnel » ajoute Denis Mouren, enseignant en techniques horticoles et chargé de mission « Circuits courts » sur l’établissement de formation dans le cadre d'un tiers temps financé par le ministère (Direction générale de l'enseignement et de la recherche).. Les matières diverses en mélange issus des déchets verts de l’établissement et de l’exploitation sont mises en compostage : ce compost a  nécessité des phases de tests variées afin d’optimiser sa qualité.

L’orientation vers les légumes continue de s’accentuer, et seules quelques productions de plantes ornementales pour la formation sont conservées.

Diversification de l’exploitation vers des valeurs ajoutées additionnelles

« Les maraîchers locaux privilégiant la vente en produits frais, notre objectif est de proposer un nouveau produit transformé par an pour une meilleure valorisation à la vente et rester complémentaire : nos échanges de proximité permettent d’améliorer notre compétitivité, notamment au contact du lycée du Gros Chêne de Pontivy avec son atelier de transformation », déclare Arnaud Billon enthousiaste face à ces belles perspectives. Ainsi, du jus de pommes du verger de l’exploitation est disponible ponctuellement sur le nouvel espace de vente situé dans le hall d’entrée de la serre, accompagné de soupes de potirons et de courges en bocaux, récoltés sur site. 

Aussi, l’exploitation améliore ses capacités de production avec l’investissement d’un tunnel supplémentaire et une optimisation des espaces restreints couverts ou non, tout en privilégiant la transformation des produits variés écoulés par des circuits courts de vente encore en construction (Bio coop, marchés locaux…) : ainsi, les retours sur les investissements en équipements de production, et de transformation à Pontivy, sont plus rapides.

Des recrutements et des motivations fluctuants pour les métiers de l’horticulture…

« L’établissement est reconnu pour l’accompagnement social, professionnel qu’il assure aux contacts de nombreux jeunes qui arrivent avec des difficultés diverses, et une orientation choisie parfois par défaut. Son identité s’est forgée depuis 10 ans sur les horticultures en bio et le zérophyto. La stratégie est de relancer le travail en réseau sur l’horticulture biologique avec les autres établissements bretons et proposer un plateau technique aux professionnels par l’expérimentation », constate Valérie Lepage, directrice de l’établissement.

« Le maintien de l’offre du Bac professionnel horticole est important car cette spécialité est un élément identitaire pour notre établissement », revendique Valérie Lepage, en rajoutant « des maraichers Bio de notre territoire sont membres de notre conseil d’exploitation et nous aident à progresser sur les aspects techniques et commerciaux ».

L’enseignant en horticulture Denis Mouren rappelle l’intérêt de favoriser la mobilité des jeunes afin de contribuer à une meilleure insertion professionnelle pour des emplois en territoire breton non pourvus sur des aires géographiques plus ou moins proches des ancrages familiaux.

Partenariats dynamiques en perspective autour du thé, des radeaux flottants…

Diverses collaborations permettent d’engager des travaux d’expérimentation ou des essais de nouvelles productions sur l’établissement et en extérieur, comme par exemple une perspective de production de plants de thé adaptés en réponse à un pépiniériste installé sur le territoire, ou l’expérimentation de radeaux flottants destinés à la phytoépuration des eaux avec des plantes spécifiques restant à déterminer… Un véritable plateau technique qui ne demande qu’à grandir !

Des acteurs rattachés à la chambre d’agriculture viennent sur le plateau technique pour observer et s’enrichir des tests de systèmes innovants de production horticole conduits en agriculture biologique. Un projet commun de formation continue avec le centre de Kéreldu Morbihan émerge.

Les principaux partenaires impliqués au sein de travaux collaboratifs avec l’établissement sont OLMIX (Bio stimulation), SVITEC(Phytoépuration) par exemple et les écoles privées nombreuses en Bretagne, dont la MFR de Questembert.

« L’une des priorités pour contribuer à renforcer notre lisibilité sur notre territoire consiste à s’engager dans diverses démarches de labellisation, dont le label Ecojardin pour les espaces paysagers de notre établissement de formation, le label Zéro phyto de la Région, et dans le renouvellement de formations à orientation « agriculture biologique », précise Valérie Lepage. De nouveaux challenges collectifs annoncés pour l’établissement de Saint jean Brévelay, en appui aux évolutions des filières de l’horticulture bretonne.

Une apprentie sur des radeaux flottants pour la phytoépuration des eaux !

L’établissement démarre une collaboration avec une entreprise du Golfe du Morbihan dénommée SVITEC (Solutions Vertes et Innovantes pour la Transition Ecologique, une entreprise lauréate du trophée de l’eau Loire Bretagne 2017 qui s’occupe de dépollution des eaux de ses clients routiers et industries agroalimentaires par exemple). L’exploitation envisage de soutenir ce projet en matière de phytoépuration avec la production de radeaux flottants avec des végétaux spécifiques, et limiter le « Tout tuyaux » en appui à la gestion délocalisée des eaux recyclées.

Une apprentie du CFA d’Hennebont (56) est accueillie depuis la rentrée 2018 pour expérimenter la culture sur des radeaux flottants au sein de l’exploitation horticole de Saint Jean Brévelay, rémunérée par la société SVITEC.


Les 3 questions de fin

De quoi êtes-vous le plus fier ? « Avoir réussi la conduite technique des productions de jeunes plants de légumes en agriculture bio »

S’il fallait améliorer quelque chose ? « Poursuivre et amplifier les postures de démonstrateurs en expertises techniques et de développement aux contacts des acteurs de la filière professionnelles »

Un conseil pour votre éventuel successeur ? « Rester vigilant sur ce qu’on croit maîtriser et être capable de se remettre en cause pour bien poursuivre »


Chiffres de l’exploitation horticole de Saint Brévelay 2018 :

Domaine de 11 ha comprenant 1 directeur et 2 salariés (1,5 ETP)


Contacts utiles :

 

Pour en savoir plus :

Le site internet de l'exploitation de Saint Jean Brévelay 

Le projet tiers temps : " Développement de l’approvisionnement de proximité en denrée alimentaire" 

 

Avril 2019 – Claire Durox et Régis Triollet, animateurs Reso’them de l’enseignement agricole