Aller au contenu principal
Logo du ministère en charge de l'agriculture et de l'alimentation

Animation et développement
des territoires
de l'enseignement agricole

MessiPACA : Avignon se mobilise pour les plantes messicoles

L’établissement d’Avignon est chef de file depuis 2020 d’un projet, avec d’autres lycées agricoles provençaux, pour faire évoluer les regards et réhabiliter les plantes messicoles dans les cultures, ces « mauvaises herbes » qui ont pourtant de précieuses fonctions écosystémiques. Entretien avec Patricia Joly-Bailly, directrice de l’exploitation horticole et Florence Cuny, enseignante en biologie-écologie.

C’est après avoir longé la zone des serres maraichères de l’exploitation que l’on découvre les quadrats où sont testés les semis en sillons, par les élèves de 1ere Générale et les étudiants en BTSA PH. Sept espèces de plantes messicoles ont été ici choisies pour l’expérimentation : la nielle des blés, la vachère (ou saponaire), le bleuet, le coquelicot (hybride), le caucalis, la buplèvre, la renoncule des champs et le pied d’alouette. Avouons qu’en ce mois de novembre où l’argile colle aux chaussures, l’imaginaire lié à cette liste de « fleurs des champs » reste flou : pour l’instant, seules quelques plantules émergent ici ou là. « C’est vrai qu’on a du mal à les faire germer, pourquoi telle espèce marche et pas telle autre. Mis à part avec le réseau des producteurs Bio de Provence, il y a très peu de recherche menée sur les itinéraires techniques pour la germination de ces plantes et l’objectif d’arriver à une production de semences avec la marque végétal local n’est pas acquis » confie Patricia Joly-Bailly.

Du dédain … au regain

Ce qui est loin d’entraver l’enthousiasme ni la passion de Florence Cuny pour ces "mal-aimées" : « Il y a dix ans, c’était très dur de parler des messicoles aux agriculteurs en grandes cultures. Même dans l’équipe pédagogique, tout le monde se moquait de moi… Le déclic, c’est quand on a gagné avec les BTS en 2019 un prix au concours régional de l’écologie positive ! » Les étudiants avaient conquis le jury, après ¾ d’heure de plaidoyer* pour ces plantes, non adventices car non envahissantes et leviers de la biodiversité fonctionnelle (ayant un impact positif sur le développement durable de l’exploitation). En effet, leurs graines ne se ressèment pas spontanément et leurs fleurs attirent des auxiliaires et des pollinisateurs des cultures. « Maintenant, on ne se moque plus, et une fiche-action biodiversité est intégrée à notre Plan local Enseigner à produire autrement. Notre projet CASDAR TAE+ MessiPACA (avec les lycées de Carpentras, St Rémy de Provence et Aix-en-Provence) a aussi donné beaucoup de crédit » poursuit-elle.

Messicoles, apiformes, même combat !

Suite à l’accueil de ruches de l’association vauclusienne apicole sur l’exploitation, les idées nouvelles ne manquent pas : implantation d’abris à pollinisateurs sauvages avec le Museum national d’histoire naturelle, équipement en caméras pour pouvoir participer au programme de sciences participatives SPIPOLL (suivi photographique des insectes pollinisateurs), gestion par les élèves d’un padlet par espèce de messicole, finalisation d’un sentier botanique virtuel avec l’aide de Tela Botanica et participation à l’Observatoire des messicoles, animations auprès des collèges du territoire pendant la Fête de la science, … Forte de son implication au Plan régional messicoles, Florence souhaite aussi faire du lien avec la sauvegarde et la réhabilitation des apiformes, ces abeilles sauvages rendant de grands services pour la pollinisation des cultures mais aujourd’hui très menacées. L’enseignante le confirme : « Au-delà de la réintroduction des plantes messicoles et du développement de leur utilisation, que ce soit sur les exploitations ou les espaces verts, ce qui m’intéresse aujourd’hui ce sont bel et bien les apiformes. L’année prochaine on recandidatera au prix de l’écologie positive, sur le thème du bien-être des abeilles ! ». La ténacité a payé, gageons qu’elle continuera longtemps à fleurir ici…

* Télécharger la présentation des étudiants lors du concours régional de l’écologie positive (diaporama)

En savoir plus sur le CASDAR TAE+ MessiPACA et télécharger le poster

Voir aussi : film réalisé pour l’Espace Génération Nature du Congrès Mondial de la Nature de Marseille (2021)


Contacts :

Patricia Joly-Bailly, directrice de l’exploitation agricole, cheffe du projet CASDAR TAE+ MessiPACA : patricia.joly-bailly(at)educagri.fr

Florence Cuny, enseignante, référente du projet CASDAR TAE+ MessiPACA : florence.cuny(at)educagri.fr

Eric Varnier, directeur de l’EPLEFPA de la Durance et des Pays des Sorgues : eric.varnier(at)educagri.fr

Jean François Brisse, chargé de mission ADT, DRAAF-SRFD Sud PACA : jean-francois.brisse(at)agriculture.gouv.fr

 

Site de l’établissement : https://www.lycee-petrarque.fr


Novembre 2022 - Dominique Dalbin et Emmanuelle Zanchi, animateurs Réso’them de l’enseignement agricole