La soirée intitulée « à l’ombre du solaire – état des lieux de l’agrivoltaïsme », s’est tenue devant une quarantaine de personnes, avec des professionnels, des élèves et des personnels de l’établissement.
Xavier Bunker a introduit la soirée, quelques questions que posent certains types de projets solaires agricoles débattus (emprise foncière, équilibre entre la production alimentaire versus la production électrique...) et présenté le chantier en cours sur l’établissement. Un des enjeux sera de désoptimiser la production électrique pour être au service direct de la production agricole (par exemple en inclinant les panneaux pour laisser la lumière passer pour les plantes quand elles en ont besoin, quitte à moins produire d’électricité). De nombreux paramètres sur l’eau, la température, la luminosité, l’albédo (mesure la proportion du rayonnement solaire qui est réfléchi par le sol), la biomasse produite et la qualité des plantes et fruits seront suivis avec les partenaires.
David Vuillermet, d’Astredhor AuRA, a ensuite contextualisé son propos avec la nouvelle loi sur l’accélération des énergies renouvelables et présenté quelques projets nationaux existants, avec de premières données sur ce que peut apporter l’agrivoltaïsme : excès de températures diminués dans l’air et au sol, réduction de consommation d’eau par exemple. Il a précisé quelques points de vigilance pour les producteurs quand ils choisissent un système de panneaux photovoltaïque en horticulture et des tendances d’innovation (verres à opacité modulable notamment).
Puis Camille Crevat et Nicolas Leignier, de la CNR, ont évoqué la dynamique et l’accompagnement sur le solaire en région AuRA et ont fait un panorama des diverses installations agrivoltaïques possibles : centrales au sol avec pâturage, centrales au sol avec panneaux bi-faciaux verticaux, ombrières fixes ou mobiles en maraîchage, vigne ou arboriculture, serres agricoles photovoltaïques…
Le pépiniériste Damien Vivier a conclu la première table ronde par son retour d’expérience avec une serre verre photovoltaïque depuis 2017 financée par un énergéticien (bandes de panneaux tous les 1m dans sa serre, inclinés au niveau du toit de la serre chapelle). Il a eu à repenser plusieurs aspects dans ses conduites techniques pour s’adapter à certaines difficultés de ventilation, aux ombres portées, trouver des plantes supportant plus d’ombrage et de froid ; il a ajouté une peinture à effet diffusant de lumière sous les panneaux pour mieux la répartir dans la serre par exemple. Son système de vente de plants à des paysagistes qui cherchaient des plantes fortes, racinées et non pas des fleurs - qui auraient pu être pénalisées par l’ombre de la serre photovoltaïque – lui a laissé de la souplesse face à certaines contraintes techniques. Mais il ne le regrette pas, ce projet a permis d’améliorer nettement le chiffre d’affaires par la surface supplémentaire offerte.
La deuxième table ronde a abordé un panorama des expériences en lycées agricoles avec Claire Durox, animatrice thématique sur les sujets énergie-climat dans l’enseignement agricole. Trois autres établissements ont des espaces agrivoltaïques, en fonctionnement (Sainte-Livrade-sur-Lot, Charolles) ou en construction (Carpentras). D’autres sont en réflexion (voir encart). Cela amène plusieurs perspectives en formation dont l’enseignement de nouveaux raisonnements des conduites de production dans de tels systèmes, dans une recherche fréquente d’économie d’eau et d’adaptation aux aléas climatiques, ainsi que le travail possible autour des controverses éventuelles et la compréhension des arguments. Des formateurs de l’établissement, Séverine Gallet et Maxime Cambray, ont témoigné pour finir sur les intérêts pédagogiques de ce type d’innovation pour les formations de l’établissement. Cela permet de travailler notamment des hypothèses de diversification par rapport à des productions ornementales hors sol. Les étudiants présents ont échangé avec les intervenants, avec par exemple la question de l’autoconsommation d’électricité qui les aurait intéressés mais qui n’a pas été possible en raison des montants d’investissement mais également car l'exploitation n'avait pas une consommation suffisante au regard de ce qui pouvait être produit.
Des expérimentations à suivre et des échanges à prolonger dans le réseau des établissements car d'autres sites démarrent des réflexions...