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Animation et développement
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Lyon - Dardilly : de l’agrivoltaïsme pour expérimenter et faire réfléchir

L’établissement de Dardilly construit des espaces expérimentaux d’agrivoltaïsme en pépinière et petits fruits rouges avec des partenaires locaux. Le 26 janvier 2023, une visite et deux tables rondes étaient organisées pour les professionnels, les personnels et les élèves. Retour sur l’évènement…

L’établissement de Lyon-Dardilly-Ecully, dans le département du Rhône, a accueilli le 26 janvier après-midi une assemblée générale des professionnels de la filière horticole adhérents à la station expérimentale Astredhor AuRA. Les horticulteurs et pépiniéristes étaient en effet intéressés à visiter le nouveau site d’agrivoltaïsme en fin de construction. À une semaine de la fin des travaux, Xavier Bunker, directeur de l’exploitation horticole, les a accueillis sur les deux espaces qui feront l’objet de suivis durant au moins trois ans, un en petits fruits rouge et un en pépinière. Comprendre l’origine du projet, les choix techniques pour les besoins des expérimentations et du territoire, les données qui seront recueillies et analysées… les questions n’ont pas manqué avec la trentaine de professionnels présents. Les professionnels étaient très intéressés bien que surpris par le montant de l'investissement rapporté à l'hectare. Ils se posaient également des questions sur la logistique liée aux petits fruits, nouvelle production pour l'établissement.

Aux côtés de l’EPLEFPA, ce projet implique divers partenaires techniques et financiers : la Compagnie Nationale du Rhône, le Conseil Régional Auvergne-Rhône-Alpes, Astredhor, le CTIFL, la chambre d’agriculture, l’ARDAB. Les panneaux, plants et équipements horticoles sont pris en charge. Par ailleurs, il y a un technicien en charges des cultures et des relevés de données. La prise de risque est donc limitée, hormis le temps important passé par Xavier Bunker depuis 2018 pour faire émerger ce projet. L’établissement en a profité le soir pour organiser une conférence « panorama » (cycle annuel de conférences-débats gratuites pour les professionnels du paysage et de l’horticulture) permettant de présenter son projet, des retours d’expériences locaux, d’évoquer des enjeux pédagogiques et d’échanger avec les participants assistant à l’évènement.

Un projet technique en réponse aux besoins du territoire

De quoi parle-t-on ? L’agrivoltaïsme, selon l’ADEME, est défini comme une installation photovoltaïque permettant de coupler une production photovoltaïque secondaire à une production agricole principale avec une synergie de fonctionnement démontrable. Cela pourrait amener dans le cas présent un service d’adaptation au changement climatique, une protection contre des aléas (par exemple : gel tardif, canicule) et un service agronomique pour les besoins des cultures (ex : limiter l’évapotranspiration et donc la consommation d’eau) sans dégradation importante de la production agricole ni diminution du revenu. A Dardilly et dans la région en effet, les difficultés agronomiques liées au changement climatique sont déjà multiples : températures excessives dans les conteneurs de plants, blocages physiologiques en pépinière, problèmes de maturation de petits fruits, attaques de ravageurs, difficultés d’approvisionnement en eau…

Concrètement, la partie pépinière avec des plants en containers comprendra 1 500 m2 dont la moitié en zone témoin (sans panneaux), avec 75 kWc installés (voir photo ci-jointe) ; et le site de la colline, sur une ancienne prairie non utilisée, comprendra 3 000 m2, dont la moitié en zone témoin, avec une nouvelle production de fraises en agriculture biologique (variété charlotte remontante) et des framboises (variété Kwanza) en conventionnel, avec 150 kWc installés. Les panneaux sont mobiles, à 5 m de haut, de deux mètres de long, avec un écart de neuf mètres entre les poteaux. La structure des panneaux supportera des filets paragrêles sur la pépinière ; et sur framboise et fraise, des filets paragrêle, antimouche et une bâche anti-pluie. Il n’y a pas eu de béton quand les poteaux ont été installés pour que l’installation soit réversible au besoin. En petits fruits, les témoins seront sous cinq tunnels plastique, système couramment utilisés dans les monts du Lyonnais (3 en framboises et 2 en fraises) ; il y aura également un autre témoin agroforestier avec une plantation de kakis, choisis pour leur pousse rapide, les faibles exigences sanitaires et la complémentarité de période de récolte (novembre).

Deux tables rondes sur les enjeux techniques, pédagogiques et des retours d’expériences

 

La soirée intitulée « à l’ombre du solaire – état des lieux de l’agrivoltaïsme », s’est tenue devant une quarantaine de personnes, avec des professionnels, des élèves et des personnels de l’établissement.

Xavier Bunker a introduit la soirée, quelques questions que posent certains types de projets solaires agricoles débattus (emprise foncière, équilibre entre la production alimentaire versus la production électrique...) et présenté le chantier en cours sur l’établissement. Un des enjeux sera de désoptimiser la production électrique pour être au service direct de la production agricole (par exemple en inclinant les panneaux pour laisser la lumière passer pour les plantes quand elles en ont besoin, quitte à moins produire d’électricité). De nombreux paramètres sur l’eau, la température, la luminosité, l’albédo (mesure la proportion du rayonnement solaire qui est réfléchi par le sol), la biomasse produite et la qualité des plantes et fruits seront suivis avec les partenaires.

David Vuillermet, d’Astredhor AuRA, a ensuite contextualisé son propos avec la nouvelle loi sur l’accélération des énergies renouvelables et présenté quelques projets nationaux existants, avec de premières données sur ce que peut apporter l’agrivoltaïsme : excès de températures diminués dans l’air et au sol, réduction de consommation d’eau par exemple. Il a précisé quelques points de vigilance pour les producteurs quand ils choisissent un système de panneaux photovoltaïque en horticulture et des tendances d’innovation (verres à opacité modulable notamment).

Puis Camille Crevat et Nicolas Leignier, de la CNR, ont évoqué la dynamique et l’accompagnement sur le solaire en région AuRA et ont fait un panorama des diverses installations agrivoltaïques possibles : centrales au sol avec pâturage, centrales au sol avec panneaux bi-faciaux verticaux, ombrières fixes ou mobiles en maraîchage, vigne ou arboriculture, serres agricoles photovoltaïques…

Le pépiniériste Damien Vivier a conclu la première table ronde par son retour d’expérience avec une serre verre photovoltaïque depuis 2017 financée par un énergéticien (bandes de panneaux tous les 1m dans sa serre, inclinés au niveau du toit de la serre chapelle). Il a eu à repenser plusieurs aspects dans ses conduites techniques pour s’adapter à certaines difficultés de ventilation, aux ombres portées, trouver des plantes supportant plus d’ombrage et de froid ; il a ajouté une peinture à effet diffusant de lumière sous les panneaux pour mieux la répartir dans la serre par exemple. Son système de vente de plants à des paysagistes qui cherchaient des plantes fortes, racinées et non pas des fleurs - qui auraient pu être pénalisées par l’ombre de la serre photovoltaïque – lui a laissé de la souplesse face à certaines contraintes techniques. Mais il ne le regrette pas, ce projet a permis d’améliorer nettement le chiffre d’affaires par la surface supplémentaire offerte.

La deuxième table ronde a abordé un panorama des expériences en lycées agricoles avec Claire Durox, animatrice thématique sur les sujets énergie-climat dans l’enseignement agricole.  Trois autres établissements ont des espaces agrivoltaïques, en fonctionnement (Sainte-Livrade-sur-Lot, Charolles) ou en construction (Carpentras). D’autres sont en réflexion (voir encart). Cela amène plusieurs perspectives en formation dont l’enseignement de nouveaux raisonnements des conduites de production dans de tels systèmes, dans une recherche fréquente d’économie d’eau et d’adaptation aux aléas climatiques, ainsi que le travail possible autour des controverses éventuelles et la compréhension des arguments. Des formateurs de l’établissement, Séverine Gallet et Maxime Cambray, ont témoigné pour finir sur les intérêts pédagogiques de ce type d’innovation pour les formations de l’établissement. Cela permet de travailler notamment des hypothèses de diversification par rapport à des productions ornementales hors sol. Les étudiants présents ont échangé avec les intervenants, avec par exemple la question de l’autoconsommation d’électricité qui les aurait intéressés mais qui n’a pas été possible en raison des montants d’investissement mais également car l'exploitation n'avait pas une consommation suffisante au regard de ce qui pouvait être produit.

Des expérimentations à suivre et des échanges à prolonger dans le réseau des établissements car d'autres sites démarrent des réflexions...

Aperçu d’autres projets d’agrivoltaïsme dans l’enseignement agricole

  • EPLEFPA de Ste Livrade sur Lot (47) : DEA Xavier Canal, (avec l’entreprise Reden Solar), réalisé ; maraîchage sous serre 1 ha PV depuis 2013 et mise à disposition d’un hangar 3400m2 ; but de faire venir des capitaux vers le secteur agricole, produire de l’énergie, améliorer les conditions de travail, redynamiser l’exploitation, faire plus d’agriculture biologique…
  • EPLEFPA de Fontaines (71) / site de Charolles : DEA Michaël Floquet (avec l’entreprise Valeco ; CA71, pôle ovin Bourgogne-Franche-Comté), réalisé ; en élevage ovin sur prairie depuis sept 2021 ; non raccordé ; 10 planches de 100 m² de panneaux sur une trentaine d'ares environ ; à 1 m de haut ; 3 zones : témoin ; 2 fois 5 planches (avec 2,5 m d’entre-panneaux ; 4 m pour l’autre) ; but : produire des références sur pousse de prairie et comportement des brebis…
  • EPLEFPA de Carpentras (84) : DEA Isabelle Pélegrin (avec l’entreprise Sun’Agri ; CA84, INRAe), construit en 2022-2023, inauguration le 17 mars 2023, ombrières mobiles sur cerisiers implantés en mars 2023, en arboriculture ; 1,25 ha de cerisiers sous panneaux et 0,3 ha de témoin, irrigable à 100 %, avec des filets halte drosophile ; panneaux mobiles à 5m de hauteur ; 0,95 MWc installé ; but : adaptation au changement climatique, formation…
  • EPLEFPA du Mené / Merdrignac (56) : DEA David Jousselin, en réflexion (maraîchage AB)
 

A propos de l'exploitation

2 sites de production :

  • Dardilly : 7000 m² de serres et 5000 m² de plates-formes de pépinière
  • Ecully : 2500 m² de serres et 1000 m² de plates-formes extérieures

7 ETP
Vente directe et prestation auprès des collectivités
Partenaire du projet CASDAR TAE+ 2019 RéCoLTANT - Végétal local
Participe au dispositif Ecophyto’TER commandité par la DGER pour l’enseignement agricole

Voir un autre article d'octobre 2021 "Dardilly : les serres misent sur l’étang de la Brocardière" avec le lien vers une vidéo reportage et une fiche action de Réso'them / eau.


Contacts / en savoir plus :

Xavier Bunker, directeur de l’exploitation xavier.bunker(at)educagri.fr
Claudine Roucayrol, directrice de l’EPLEFPA claudine.roucayrol(at)educagri.fr
Véronique Le-Guen, SRFD-DRAAF AuRA veronique.le-guen(at)educagri.fr 
Site web de l’établissement : https://www.agri-lyon-dardilly-ecully.fr/

Février 2023 – Claire Durox, animatrice Réso’them de l’enseignement agricole