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Lavaur : L’agriculture de conservation lève les freins et réussit le virage !

L’exploitation du lycée agricole de Lavaur dans le Tarn relève le défi de la transition agroécologique en s’appuyant sur l’agriculture de conservation pour améliorer la qualité agronomique des sols de boulbène. Rencontre avec Alexis Georgette, ex-ouvrier et désormais directeur…

Située dans la capitale du Pays de Cocagne, dans un méandre de la rivière Agout, l’exploitationdu lycée agricole de Lavaur (l’un des sites de l’établissement du Tarn) ne correspondait pas vraiment à l’image du jardin d’Éden. Une mono culture céréalière maïs-blé avait conduit à une impasse technique et financière. Alexis Georgette, arrivé sur l’exploitation en 2015 comme ouvrier puis directeur depuis 2017, nous confie qu’il y a peu encore « on y apprenait ce qu’il ne fallait pas faire ! »

Des semelles sur la boulbène

Avec un taux de matières organiques moyen de 1,3%, des sols battants (formant une croûte en surface sous l'action de la pluie), l’apparition de semelles de labour ou de hersage, ces sols de boulbène étaient difficiles à travailler et l’emploi de beaucoup d’intrants (engrais, pesticides, eau) était nécessaire … pour faire des rendements décevants. « Les itinéraires culturaux n’étaient pas non plus des plus vertueux ! » poursuit Alexis.
Fort de ces constats, le développement de l’agroécologie ici est venue à point nommé souffler le vent du changement : en 2013, la lettre de mission du nouveau directeur (le prédécesseur d’Alexis) était de convertir à terme l’exploitation en agriculture biologique, mais l’orientation vers une agriculture de conservation fut préférée pour se focaliser sur une augmentation de la matière organique et sur la structuration des sols de boulbène. Pour cela, les premières actions ont été la mise en place de couverts végétaux ainsi que l’allongement de la rotation de deux ans en intégrant du soja et une deuxième paille (orge ou lin). Très vite également, la mécanisation voire la « sur-mécanisation » ont posé question : en 2014, l’arrêt du labour se précise, ainsi que l’apparition du semis direct en 2016, même sur maïs. Dans le même temps, le développement du troupeau allaitant passe de 20 à 55 mères, de race Blonde d’Aquitaine…

Des résultats encourageants, voire concluants se dessinent très vite. Aujourd’hui, au bout de quatre ans, la transition agroécologique a permis de « mettre les chiffres dans le vert » précise Alexis.

Des blocages levés, des liens retrouvés

L’exploitation est redevenue un partenaire incontournable de la Chambre d’agriculture du Tarn et de la Fédération départementale des CUMA (FDCUMA). Un diagnostic de mécanisation permettant de réfléchir, d’innover et d’appréhender les charges et le diagnostic « gaz à effet de serre » a été effectué. Conjointement, des « après-midis » communs entre les apprenants du lycée, la chambre d’agriculture, la FDCUMA et des agriculteurs permettent de proposer des démonstrations et de raisonner ensemble les techniques de semis direct, les couverts végétaux d’hiver et d’été, le machinisme (semis direct, scalpeur) et d’analyser la marge brute.

Une convention avec l’agence de l’eau Adour-Garonne signée récemment avec l’établissement permet ici :
  - de mieux utiliser l’eau d’irrigation (grâce notamment à la tensiométrie, économie de 28.000 m3, soit un tiers de la consommation, en 2018)
  - d’établir des nouvelles références sur des sols conduits en agriculture de conservation, notamment avec l’analyse physico-chimique des eaux de drainage (on observe déjà des changements notamment sur la coloration, plus limpide)
  - d’adapter le matériel pour réaliser les semis directs
  - de tester différents couverts notamment l’été.

Des essais sur l’utilisation de pesticides

Alexis a également continué des expérimentations déjà engagées par son prédécesseur visant à diminuer le recours aux pesticides. Les IFT herbicides ont d’ores et déjà diminué, pour être au même niveau aujourd’hui qu’avec le système labour (2 pour l’IFT maïs et 1 pour l’IFT céréales à paille), ce qui est prometteur dans le contexte actuel. Alexis témoigne par exemple de l’essai conduit avec trois modalités sur des blés d’hiver, qui va même être présentée prochainement au groupe des directeurs d’exploitations de la région Occitanie :
  - La première est un semis avec auparavant un désherbage à 0,7 l/ha de glyphosate ;
  - La seconde est un semis direct suivi d’un désherbage racinaire ;
  - La troisième est un travail très superficiel su sol.

En sortie d’hiver un comptage des adventices a montré que seule la première modalité n’a pas nécessité un désherbage de printemps.

Pas de doute, avec une autonomie en fourrage et une bonne marge brute sur le bétail, l’exploitation de Lavaur fait désormais référence pour les apprenants et sur le territoire…

Les 3 questions de fin :

- De quoi êtes-vous le plus fier ?“D’avoir un système de production désormais cohérent et mené de manière rigoureuse et avec bon sens, ouvert à la réflexion et à l’innovation, qui commence à être connu et surtout reconnu par les professionnels.” 
- S’il fallait améliorer quelque chose ? “Développer une plus grande implication et plus d’initiatives pédagogiques. » 
- Un conseil à donner à un éventuel successeur ? “ Observation, écoute, analyse et même opportunisme ! ” 


L’exploitation de Lavaur 2018 en chiffres :

SAU :  90 ha

Grandes Cultures : 65 ha conduit en agriculture de conservation
15 ha de maïs à 105 q/ha
14 ha de soja à 40,4 q/ha
10 ha de Blé à 50 q/ha
16 ha d’orge à 40 q/ha
4 ha de sorgho à 45 q/ha

Bovin viande :  55 Blondes d’Aquitaine produisant des broutards

Autonomie fourragère : 100 % grâce aux couverts végétaux (méteils)

Atelier Ovin : 20 brebis Lacaune pour entretenir les coteaux

Rucher : 25 ruches pédagogiques (pour le module d’adaptation professionnelle « Apiculture »)

ETP : 1

Chiffre d’affaires 2018 : 170. 000 €

Partenariats : Chambre d’Agriculture du Tarn, Fédération départementale des CUMA, groupe semencier RAGT (Rouergue Auvergne Gévaudan Tarnais), Agence de l’eau Adour-Garonne

Site web : http://www.tarn.educagri.fr


Contacts :

 

Mars 2019 – Dominique Dalbin et Hervé Longy animateurs Réso’them de l’enseignement agricole