Effervescence dans la grande salle de réunion du lycée de Lavaur à Flamarens en ce mardi matin : les tables sont réagencées en plusieurs ilots pour proposer à la quarantaine de participants présents le premier temps d’atelier, sur un mode bar camp. Lors du premier « round », les représentants des 5 établissements* démonstrateurs de l’enseignement agricole engagés dans le Plan global national d’accompagnement ClimaTerra doivent présenter au reste de l’assistance, en séances de 15 minutes successives, les actions réalisées et en cours sur leur site. Une bonne méthode pour initier d’emblée des échanges dans chaque groupe entre directeurs d’exploitation, enseignants, chargés de projets et partenaires invités (ACTA-Arvalis Baziège, Solagro, INRAe Dijon) autour du sujet de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique des exploitations agricoles. L’enjeu est énorme en effet et les 5 lauréats de la « ferme enseignement agricole » sont mobilisés, de 2023 à 2026, pour donner à voir sur leur territoire une multiplicité de trajectoires techniques et pédagogiques : agroforesterie en sylvopastoralisme à Sartène, séquestration de carbone et gestion de la ressource en eau à Albi, agriphotovoltaïsme et végétal local à Dardilly, houblonnière expérimentale, méthanisation et évolution du troupeau bovin à Obernai, autonomie protéique en élevage et préservation des ressources naturelles à Valence …
Le second tour permet de changer les rôles pour une présentation des acteurs des 13 établissements** engagés dans le projet CASDAR Glycos’EPA (2022-2025), afin d’accompagner les équipes à la sortie du glyphosate et la reconception de systèmes de production, en lien avec la réflexion sur les apprentissages et la didactique. Rotations, couverts, collections fourragères, labour vs agriculture de conservation des sols … là aussi, les échanges qui s’ensuivent sont riches en retours pour les présentateurs !

L’un des temps forts de ce séminaire a été la visite des exploitations de l’EPLEFPA.
À Albi-Bellegarde, le groupe ClimaTerra a été guidé par Stella Denis, directrice de l’exploitation, Camille Gontié de la PFT GH₂O et par Jean-Noël Bertrand et Jean-Pierre Estivals, enseignants référents du projet. Il y a d’abord été question de l’objectif de label bas-carbone, avec notamment la plantation de haies, de parcelles en agroforesterie intraparcellaire et d’une forêt en compensation carbone sur une ancienne friche de 3 ha.
La gestion durable de la ressource en eau s’est révélée être l’autre fil conducteur de la visite, avec la valorisation de la retenue collinaire de 150 000 m³ pour l’irrigation raisonnée (grâce à l’équipement en sondes tensiométriques et outil d’aide au pilotage), la restauration d’un forage et la mise en place d’un périmètre de protection afin d’assurer une eau de qualité satisfaisante pour l’abreuvement, en substitution de l’eau du réseau.
Comme l’a résumé Stella, « avec les pratiques agronomiques de couverts, de plantations et d’aménagement des parcelles, on vise ici une hydrologie régénérative face aux problématiques de sécheresse estivale et d’érosion des sols ».
La dernière étape du parcours, le nouveau bâtiment d’élevage des bovins, a illustré la prise en compte du bien-être animal, surtout lors des chaleurs de l’été, avec les équipements en ventilateurs, brumisateurs, ouvertures,… et une réflexion sur d’autres pistes d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (couverture des toits en panneaux photovoltaïques, de la fosse à lisier et valorisation de ce dernier par pendillard par exemple).
Pour conclure la rencontre, l’équipe a évoqué le projet de sentier d’interprétation sur l’exploitation avec la conception de panneaux d’information sur les actions menées, en partenariat avec le CPIE Pays Tarnais.

Sur le site de Lavaur-Flamarens, Léa Boutard, directrice de l’exploitation agricole, a invité le groupe Glycos’EPA à visiter deux parcelles en présence d’une classe de BTSA ACSE en alternance et de leurs enseignants d’agronomie (Nathalie Latger et Yannick André). La première parcelle était composée de méteil graminées-légumineuses et la seconde d’une association féverole et colza. La pression adventice observée était limitée et acceptable à ce stade. L’objectif principal de cette visite était de reconnaître les adventices avec une classe d’élèves afin d’évaluer les stratégies de contrôle. À cette époque de l’année, les dicotylédones sont majoritaires : véronique, gaillet, rumex et quelques crucifères. Les échanges ont permis d’improviser sur place un débat mouvant avec les participants, à l’initiative d’Alain Rodriguez de l’ACTA : « Se passer du glyphosate présente-t-il plus d’avantages que d’inconvénients ? ». Cela a permis de rebondir sur des éléments de contexte, soulevés par Réso’them : « La transition humaine détermine des choix techniques, avec les éventuelles réticences des salariés à changer de pratiques et la stratégie du directeur d’exploitation qui s’oriente en fonction de sa posture, de ses connaissances et de ses appuis. » De même, l’utilisation des produits phytosanitaires pose des questions de santé pour les utilisateurs, sachant que selon plusieurs élèves : « Nos responsables de stages n’utilisent pas toujours leurs équipements de protection lors des épandages d’herbicides. »