L’apiculture comme support pédagogique pour parler d’agro-écologie en Beauce
Les abeilles sont au programme et le miel bientôt au menu
L’EPLEFPA de Chartres La Saussaye se situe au cœur de la Beauce enRégion Centre Val de Loire. Depuis cinq ans l’apiculture et les insectes pollinisateurs s’invitent dans les programmes et les activités pédagogiques proposées aux apprenants. Des élèves de secondes professionnelles CGEA1 participent à des travaux pratiques au rucher-école départemental. Ils découvrent de façon très concrète la vie de l’abeille domestique, la gestion d’un rucher et les techniques de production apicoles. Les trois séances sont réparties au fil de la saison apicole d’avril à juin. Dans le cadre du stage « Territoire, développement ressources et produits », les élèves de première STAV2 visitent des ruchers et rencontrent des apiculteurs professionnels. L’apiculture fait partie des thèmes d’approfondissement linguistique pour ceux qui suivent la section européenne. Ils acquièrent le vocabulaire technique et se familiarisent avec cette problématique en anglais. Les premières scientifiques ont calculé le nombre de ruches nécessaires pour servir à la cantine du miel au petit déjeuner. Ils ont identifié les espèces adaptées pour implanter des bandes mellifères sur l’exploitation agricole avec leur enseignant en écologie. Les modalités du travail du sol ont été étudiées en cours d’agroéquipement. Les stagiaires en CAP3 jardinier paysagiste du CFA4 ont ensuite semé les trois bandes de 150 mètres en bordure des parcelles de l’exploitation.
Les apprenants du bac pro CGEA en travaux pratiques avec les formateurs du rucher école.
Sensibiliser les apprenants aux insectes pollinisateurs et à l’environnement
En tant qu’insecte pollinisateur l’abeille mellifère est directement impactée par les pratiques agricoles. L’apiculture est une activité d’élevage et de production peu connue des jeunes. Elle revient pourtant au goût du jour dans la campagne eurélienne. Ce sujet d’actualité interpelle les apprenants. Les abeilles sont un bon moyen d’aborder avec eux des sujets tels que la plantation de haies, l’agriculture biologique ou encore la diversification des exploitations. Les circuits courts, l’alimentation et les produits locaux peuvent aussi y être rattachés facilement. L’idée est d’amener les élèves sur des activités nouvelles, différentes des grandes cultures qu’ils connaissent très bien. En apiculture, il faut constamment observer et analyser. Le développement de ces capacités est indispensable en agro-écologie. Cette initiation à l’apiculture sensibilise ces futurs agriculteurs beaucerons aux liens entre la biodiversité et les productions végétales vers lesquelles ils s’orientent. L’amélioration des rendements de 35% sur les parcelles de colza où se trouvent des ruches en intéresse plus d’un. Tout cela permet une première approche des pratiques respectueuses de l’environnement, sans braquer les élèves avec la règlementation ou les contraintes administratives.
Mobiliser les équipes et les partenaires
Les travaux pratiques avec les bacs professionnels CGEA ont été l’élément déclencheur au sein de l’établissement. Ils intègrent les programmes sous la forme d’un EIE5 animé et mis en place à l’initiative d’une enseignante en éducation socioculturelle. Elle est maintenant la référente en matière d’apiculture sur le site et coordonne les autres actions. L’établissement a la chance d’avoir le rucher école départemental comme voisin. Travailler avec l’association « L’abeille eurélienne » était pour elle une évidence pour développer ces activités. La signature d’une convention de partenariat cadre l’intervention de ses formateurs auprès des élèves. Au fil des échanges en salle des professeurs les enseignants des autres matières et des autres filières se sont intéressés à la question. Les projets de plantation de bandes fleuries et d’approvisionnement de la cantine les ont mobilisés sur des actions opérationnelles. Il a fallu ensuite les rattacher à leurs enseignements respectifs. L’association « Hommes et Territoires » est spécialisée dans la promotion des pratiques agricoles en faveur de la biodiversité. Elle a fourni les graines pour les bandes fleuries. L’association des élèves a participé à l’achat d’une des deux ruches appartenant maintenant au lycée. L’exploitation agricole de l’établissement est aussi impliquée dans le maintien des insectes pollinisateurs puisqu’elle implante chaque année des intercultures et vient de convertir 40 ha à l’agriculture biologique.
Les perspectives de développement pour l’établissement
Au-delà de sensibiliser les futurs agriculteurs aux problématiques agroenvironnementales, ce type d’actions fait parfois émerger des vocations apicoles. Trois anciens élèves ayant suivi les cours au rucher école ont aujourd’hui des ruches sur leur exploitation. Pour d’autres, la production de miel fait déjà partie de leur projet professionnel. Il faudra juste attendre de s’installer pour se lancer. Les élèves sont de plus en plus intéressés par cette thématique. La réduction des insecticides, le choix des mélanges variétaux ou encore la couverture permanente des sols sont des questions sur lesquelles il est nécessaire de renforcer leurs connaissances. La culture apicole pourrait bien se redévelopper sur l’établissement et le territoire chartrain. En Région Centre les établissements d’enseignement agricole de Vendôme et de Beaune-la-Rolande gèrent déjà des ruchers pédagogiques de 10 à 30 ruches. Avec la participation de l’exploitation de la Saussaye au programme Ecobordure Plaine de Beauce, le potentiel mellifère du site devrait encore s’améliorer dans les années à venir. L’abeille n’a pas fini de faire parler d’elle au lycée agricole de la Chartres.
L’initiation des élèves en bac pro CGEA
Les formateurs du rucher école abordent les points suivants au cours de trois séances de 2h :
Séance 1 :
- Sécurité et protection de l’apiculteur
- Mise en place d’un rucher
Séance 2 :
- Observation et visite d’une ruche
- Reproduction et essaimage d’une colonie
Séance 3 :
- Préparation de la miellée
- Production et extraction du miel
L’apiculture est une activité à la croisée des savoirs et des compétences pour les apprenants
- Naturaliste : observer les abeilles, leur comportement et leur environnement. Comprendre les relations qui existent avec la flore, la météo et les activités humaines.
- Organisation et analyse : Planifier les tâches à réaliser tout au long de l’année en fonction de la saison et du développement des colonies. Apprécier le développement de la colonie et détecter les signes de maladie.
- Technique et pratique : apprendre et maîtriser sur le terrain les bons gestes. Préparer l’enfumoir. Ouvrir une ruche. Manipuler les cadres.
- Relations humaines : Faire la connaissance et échanger avec des passionnés d’apiculture. Travailler en équipe. Respecter les adultes et leurs connaissances.
- Développement personnel : faire une activité valorisante et utile pour l’environnement. Goûter le fruit de son travail lors de la récolte du miel. Dépasser sa peur des piqûres. Envisager la gestion d’un rucher chez soi en autonomie.
- Créativité et promotion : construire et décorer une ruche selon sa sensibilité. Peindre les ruches sur une fresque sur le développement durable au foyer du lycée.
- Linguistique : apprendre le vocabulaire et se familiariser avec la thématique apicole en anglais.
D’après F. Paillart, enseignante en ESC6 au LEGTA7 de Chartres La Saussaye, 2019.
CGEA1 : Conduite et gestion d’exploitation agricole
STAV2 : Sciences et technique de l’agronomie et du vivant
CAP3 : Certificat d’aptitude professionnelle
CFA4 : Centre de formation d’apprentis
EIE5 : Enseignement à l’initiative de l’établissement
ESC6 : Education socioculturelle
LEGTA7 : Lycée d’enseignement général et technique agricole
Pour en savoir plus contacter :
Florence Paillart, enseignante en éducation socio-culturelle, EPLEFPA ChartresLa Saussaye, florence.paillart(at)educagri.fr
Jean-Xavier Saint-Guily, chargé de mission, Département 3DFI, Bergerie nationale Jean-xavier.saint-guily(at)educagri.fr – 01 61 08 68 92
Réalisation : Jean-Xavier Saint-Guily, Département 3DFI, Bergerie nationale, juin 2019.
Crédits photos : ©Bergerie nationale