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Animation et développement
des territoires
de l'enseignement agricole

La Mirandaise, une viande de qualité pour les circuits courts locaux

Depuis 2018, le lycée agricole de Mirande s’est engagé à améliorer la valorisation de la Mirandaise, une race bovine à faible effectifs, en créant une dynamique autour d’une marque collective. Aujourd’hui, le projet a permis de fédérer les éleveurs de la race bovine Mirandaise, de faire connaître cette viande bovine produite à partir d’herbe des coteaux du Gers et de leur permettre de vivre de leurs productions.

La race Mirandaise était traditionnellement une race de travail utilisée dans le département du Gers pour y effectuer les travaux agricoles dans des sols lourds nécessitant une force de travail importante. Les veaux de lait étaient réputés pour leur aptitude à l'engraissement et leur finesse de squelette. On dénombrait 200 000 animaux au début du 20é siècle. Concurrencée par la blonde d’Aquitaine et la Charolaise, il ne reste en 1983, que 150 vaches et 1 taureau d’insémination. La race est suivie par l’Institut de l’élevage et elle est répertoriée en 2008 dans les races bovines locales à petits effectifs. Aujourd’hui, on compte 700 animaux, le nombre d’éleveurs est en hausse et le projet de la race Mirandaise a été déposé au Conservatoire du patrimoine biologique régional Midi-Pyrénées.

L’établissement de Mirande s’est engagé dans la sauvegarde de cette race locale. En 2018, David Vaugon, enseignant en zootechnie a pu bénéficier du dispositif « tiers temps » pour valoriser cette race. Dans ce but, il a développé une marque collective et une stratégie de commercialisation et de différenciation axée sur des produits de haute qualité vendus en circuits courts. Le Gers se trouve en effet dans un contexte structurel peu favorable (sols, relief et isolement géographique par rapport aux grands bassins de consommation) et dans un contexte global fortement concurrentiel d’une agriculture intensive orientée vers des productions de masse.

Dans le cadre de ce dispositif, David Vaugon a joué le rôle de catalyseur entre les différents acteurs pour créer une filière locale. Aujourd’hui 19 éleveurs ont signé une charte de production qui exclut le fourrage enrubanné et l’ensilage de maïs. Les vaches pâturent dans les prairies ou sont nourries au foin.  La viande est commercialisée dans des circuits courts de proximité auprès de 16 bouchers et de petites surfaces mettant en avant des produits locaux. L’établissement de Mirande limite la commercialisation de la viande en vente directe afin d’éviter la concurrence avec les bouchers locaux.

La mise en valeur des qualités et des spécificités de cette viande a fait l’objet d’une démarche spécifique : création d’un logo et de supports de communication (flyer et kakemonos), dépôt d’une marque collective à l’INPI, édition d’un livret de recettes, animations avec des dégustations impliquant des éleveurs et des bouchers dans différents lieux : marchés locaux, salon REGAL Sud de France en Occitanie et boucheries notamment lors des deux « quinzaines de la Mirandaise » en juillet et en décembre. Le succès est au rendez-vous puisque la demande est estimée au double du volume de viande disponible.

Le pari de la valorisation est également gagné : le prix payé à l’éleveur lui permet de vivre de sa production et la promotion de la qualité des produits permet de faire reconnaître la haute valeur patrimoniale. Celle-ci intègre les valeurs humaines d’une agriculture non industrielle de proximité et des valeurs environnementales d’entretien des paysages de coteaux et de respect de la biodiversité faunistique (la cistude d’Europe…) et floristique (les orchidées…) du Gers.

La création d’une filière locale

L’établissement a tissé de nombreux partenariats autour de ce projet. Ils concernent les acteurs professionnels de la filière comme les éleveurs de la fédération de la race Mirandaise (présidée par un salarié de l’exploitation), le réseau des races locales à faibles effectifs animé par l’Idele et les bouchers du territoire. Dans ce projet fortement ancré dans son territoire, les partenariats avec ses acteurs sont également essentiels. Il s’agit notamment de :

  • la ville de Mirande (3 000 habitants), engagée dans l’association Citaslow, le maire de Mirande étant président de l’association mondiale
  • la Région Occitanie qui a soutenu, financièrement, la mise en place de la marque collective entre 2018 et 2021
  • la Chambre de commerce et d’industrie du Gers qui a déposé un projet européen «  Biohéritage : un village, un produit » permettant de tester la faisabilité de la vente
  • le projet de création du Parc Naturel Régional (PNR) d’Astarac pour lequel la Mirandaise en sera l’emblème
  • l’ADASEA du Gers avec un projet européen « Coteaux life » dont le but est de valoriser l’agriculture en zone de coteaux secs

Des jeunes impliqués dans chaque action du projet

Mais peut-être que les partenaires essentiels sont les jeunes en formation au lycée. Chaque action du projet a en effet été conduite avec eux.

Les élèves de seconde en productions animales ont par exemple organisé des séances de dégustation de bœuf Mirandais lors de la semaine « Made in viande », évènement national qui met à l’honneur les métiers en lien avec les animaux de rente et à laquelle l’exploitation du lycée participe. Ils ont pu rencontrer des éleveurs adhérents à la fédération des éleveurs de la Mirandaise, ravis de recevoir les jeunes sur leur exploitation pour leur transmettre leur savoir faire.

Les élèves en Bac pro Conduite et gestion de l’entreprise agricole ont dessiné le logo de la marque collective et participé au dépôt de la marque auprès de l’INPI.  

Chaque année, la promotion et la communication autour de la race Mirandaise sur le marché de Mirande et sur les salons sont assurés par les élèves de la filière commerciale. Ils ont également participé à l’aménagement de la nouvelle boutique fermière de vente des produits de l’exploitation afin d’offrir aux clients les meilleures possibilités de présentation, de perception et d’accessibilité aux produits (aspects fonctionnel et esthétique), tout en intégrant les différentes contraintes. Pour Jean-Louis Kelemen, le directeur d’exploitation « La participation des élèves en formation à la vente à un véritable projet sur site a mis en exergue leur motivation et a révélé des capacités cachées. Ils sont soucieux de mieux comprendre les modes d’élevage des animaux afin d’en extraire des arguments de vente pertinents. Cela a permis de tisser un lien très fort entre ces élèves et l’exploitation agricole. »

En mars 2021, lors de l’inauguration de la boutique, les élèves de différentes formations ont assuré les visites guidées pour les élus de la région d’Occitanie. Pour David Vaugon, « la boutique constitue vraiment un outil stratégique dans la formation des différentes classes pour développer leur savoir, leur savoir-faire et leur savoir être, les impliquer dans la vente et faire émerger des propositions d’actions commerciales innovantes. »

Issues de cette belle dynamique, les nouvelles idées ne manquent pas !

Une vache Mirandaise future égérie du salon international de l’agriculture apporterait une belle notoriété à cette race et une consécration de son renouveau.

Pour poursuivre le lien avec l’aval de la filière, des contacts ont été établis avec une grande entreprise locale spécialisée dans les arts de la table ; Elle est intéressée par la mise en valeur de ses produits avec les produits du terroir gersois mais également par les compétences commerciales des apprenants de l’établissement.

Enfin, sur la base de l’expérience réussie de la valorisation de la haute qualité gustative de la race Mirandaise en circuits courts, une démarche similaire pourrait être conduite sur la poule Noire d'Astarac-Bigorre avec une quinzaine d’éleveurs motivés, à condition de pouvoir bénéficier du dispositif « chef de projet » ou « tiers temps » de l’enseignement agricole.


Chiffres clés de l’exploitation du Domaine de Valentées à Mirande

https://www.formagri-gers.com

  • 4 salariés et 1 directeur d’exploitation
  • Porc noir de Bigorre en AOP, marque collective pour la Mirandaise
  • Elevage, gavage et transformation de 800 canards par an
  • 37 vaches Mirandaises engagées dans la PRM (prime race menacée)
  • 27 truies pour 350 porcelets en Noir de Bigorre
  • 54 ha en seconde année de conversion à l’AB
  • 80 ha de prairies et 35 ha de cultures (triticale, soja, maïs, tournesol)?

Contacts

Juillet 2021 : Irène Allais, animatrice Réseau Alimentation, Reso’them de l'enseignement agricole et Sylvie Robert, Ingénieure-Formatrice Institut Agro de Florac