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Animation et développement
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Château-Salins : une journée technique pour concilier agriculture et préservation de l’environnement

Le 19 mai dernier, La ferme de la Marchande, l’exploitation agricole de l’établissement de Château-Salins, a accueilli une journée technique dans le cadre de l’opération Agri-Mieux Aquae Seille*, proposée par les chambres d’agriculture départementales (Moselle et Meurthe et Moselle) et régionale. Retour sur l’évènement…

Dès l’accueil, Alice Albert, conseillère « eau » à la chambre d’agriculture de Moselle et Mélanie Jeannot, conseillère « agroenvironnement » à la chambre d’agriculture de Meurthe-et-Moselle, insistent sur leur volonté de réorganiser des journées techniques à destination des agriculteurs, dans des exploitations. « Nous souhaitons plus de partenariats dans nos opérations. Ici, Marie Laflotte (directrice de l’exploitation) est dynamique, et faire intervenir les élèves, c’est génial ! » précisent-elles.

Le visiteur est ainsi invité à se déplacer dans l’exploitation pour découvrir six sujets : logement des veaux et bien-être animal, changement climatique, conversion à l’agriculture biologique, biodiversité, conduite des prairies, fertilité des sols. Chaque thématique est présentée par un binôme « élèves et acteur local ». Chambre d’agriculture, Parc Naturel Régional de Lorraine, engagés dans l’opération Aquaseille et souvent partenaires de la ferme de la Marchande, se sont prêtés au jeu. Ces binômes présentent leurs travaux à un public composé d’agriculteurs, d’élèves et étudiants du lycée agricole de Château-Salins et de la Maison familiale et rurale de Ramonchamp (Vosges), d’agents de la Direction départementale des territoires de Moselle.

Animer un atelier et exposer des résultats à des camarades et des visiteurs professionnels n’est pas aisé et offre aux élèves de première Sciences et Technologies de l’Agronomie et du Vivant (STAV) et étudiants de BTSA Analyse, Conduire de l’Entreprise Agricole  une situation professionnelle à gérer.

Haies et biodiversité

Sur l’atelier « biodiversité », Amélie, élève en première STAV, explique la pose de pièges « Barber » (à insectes) dans des haies qu’elle avait contribué à planter en classe de seconde : « on a calculé des indices de biodiversité, observé des différences entre milieux. Ça m’a permis de voir des insectes que je ne connaissais pas et de comprendre les effets des haies ». L’enseignante de biologie, de passage sur l’atelier, va plus loin « nous allons réutiliser ces protocoles et nous avons même utilisé la fonction logarithme pour les calculs d’indicateurs ». Le visiteur comprend ainsi que la journée est bien plus qu’une porte ouverte, elle permet de valoriser le travail réalisé pendant l’année et prépare à la prise de parole.

Des leviers pour l’adaptation

Au pôle « changement climatique / bilan carbone », Blandine Gallard, conseillère en Chambre d’agriculture, pose le décor devant une classe de baccalauréat professionnel Conduite et Gestion de l’Entreprise Agricole. Elle présente le changement climatique, ses impacts et les résultats du diagnostic CAP’2ER réalisé en 2018 sur la ferme de la Marchande. Forts du travail engagé avec Aline Leclere et Gérard Masson, leurs enseignants de zootechnie et d’agronomie, des étudiants de BTS ACSE prennent le relais et explicitent à Marie Laflotte, la directrice de l’exploitation, les leviers d’atténuation au changement climatique qu’ils ont décelés. Leurs propositions, basées sur la gestion des effluents, la réduction de l’âge au vêlage des génisses et du taux de renouvellement des vaches laitières, la conduite de l’alimentation, sont cohérents avec les orientations prises et envisagées par l’exploitation pour les années à venir. « Dois-je m‘intéresser à la vente de carbone ? » interroge Marie. Les calculs réalisés instantanément par les étudiants, aidés par les enseignants, montrent que l’exploitation pourrait dégager un revenu de cette vente mais il faudra engager l‘étude lorsque le nouveau bâtiment d’élevage sera fonctionnel. Marie demande alors aux élèves de bac pro présents dans la salle quel levier permettrait à l’exploitation de faire le plus d’économies. Timides au début, des élèves mettent en avant la conduite d’élevage. Avec les enseignants, un échange autour de l’alimentation du troupeau laitier s’engage. Améliorer la qualité des fourrages tant en énergie qu’en protéines, augmenter la durée du pâturage et optimiser la distribution des concentrés sont autant de leviers stratégiques pour produire du lait en agriculture biologique, dans une zone où les étés sont de plus en plus secs. Cultiver l’herbe, finalement.

Des slips pour étudier le sol

C’est ce qu’Amélie Boulanger et Cécile Zanetti, conseillères en Chambre d’Agriculture, illustrent à grand renfort d’échantillons végétaux, sur le stand « conduite des prairies ». Pour elles, les diagnostics prairiaux, réalisés avec les agriculteurs, révèlent cette conduite. Observer des dégradations, les espèces présentes sont autant d’indices pour comprendre l’état d’une prairie, engager un entretien ou une rénovation et interroger les propriétés du sol.

Sur l’espace extérieur « fertilité du sol », Joris et Hugo, étudiants en BTS ACSE, invitent à poursuivre la déambulation : ils ont installé un surprenant fil à linge sur lequel sont exposés une série de slips en coton en mauvais état. Le célèbre « test du slip » met en évidence l’activité microbienne du sol. En avril 2021, 13 slips (en coton bio) ont été enterrés en 13 lieux différents de l’exploitation (prairie permanente, parcelle de céréales, forêt, luzerne, etc.). Deux mois plus tard, certains résultats surprennent. Le slip sous la prairie permanent est peu dégradé alors que celui sous luzerne a presque disparu, il ne reste que l’élastique ! Sébastien Vincent, enseignant d’agronomie se garde de conclure « on ne peut pas affirmer que la luzerne est responsable d’une plus grande activité microbienne dans le sol. Il faut chercher des explications dans l’historique d’utilisation de la parcelle, la météo, compléter par des analyses de terre ». L’expérience a d’ailleurs été reconduite en 2022 et une classe d’élèves de troisième ont confectionné des panneaux indicateurs pour bien repérer les sites avec leur enseignante d’éducation socio-culturelle…

Cette journée technique, concrète et illustrée, permet aux visiteurs, agriculteurs, élèves et étudiants de prendre conscience plus que jamais des interactions entre pratiques agricoles et impacts environnementaux … et des leviers à actionner pour une agriculture respectueuse et résiliente.

* Lien vers la page web de l'opération Agri-Mieux Aquae-Seille


Contact sur l’EPLEFPA Château-Salins :

Marie Laflotte, directrice de l’exploitation, marie.laflotte(at)agriculture.gouv.fr (voir son "portrait vidéo")

Voir la vidéo « Transition agroécologique et adaptation au changement climatique sur l’exploitation agricole (ferme de la Marchande) »

Voir l’article « Château-Salins : redonner le goût à l’élevage laitier »

Site de l’EPLEFPA Château-Salins / page de l'exploitation (ferme de la Marchande


Juin 2022 – Dominique Dalbin et Emmanuelle Zanchi, animateurs Reso’them de l’enseignement agricole