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Château-Salins : redonner le goût à l’élevage laitier

La Ferme de la Marchande, située à Château-Salins, poursuit sa transformation. Après une conversion totale à l’agriculture biologique en 2018, le cap est mis sur la valorisation des surfaces en herbe, le bien-être animal et sur celui de l’éleveur. Des défis majeurs à relever dans une région historiquement laitière mais soumise de plus en plus fréquemment aux aléas climatiques : sécheresses printanières et gels tardifs.

Un bâtiment d’élevage qui allie bien être de l’animal et de l’éleveur

« En 2019, alors que je cherchais à étoffer mon équipe, j’ai réalisé la difficulté à recruter un salarié en élevage laitier », nous explique Marie Laflotte, directrice de l’exploitation de l’EPLEFPA du Val de Seille. Cela a été le déclencheur pour imaginer un bâtiment adapté autant aux animaux qu’aux humains. Marie nous guide d’un pas rapide vers la maquette du bâtiment, à l’échelle, réalisée par un élève passionné. Le bâtiment a été imaginé afin que tous les animaux aient accès au pâturage ou à une aire d’exercice en tout temps. Les veaux, en cases collectives sur aire paillée, bénéficieront d’un accès extérieur, du côté le plus abrité. Les logettes des vaches laitières seront équipées de matelas à eau, dont l’eau intérieure est réchauffée en hiver par la chaleur du lait grâce à un échangeur à plaques et rafraichie l’été par l’eau d’un puits. Des filets à ouverture automatique en fonction des conditions climatiques permettront un meilleur confort des animaux.

La robotisation du bâtiment a été choisie pour la traite, pour repousser les fourrages et ramasser les déjections. « C’est difficile, pour les jeunes de la région, d’imaginer s’installer en élevage laitier sans robot. Ils ont envie de plus de flexibilité dans les horaires de travail » précise Marie.

À la recherche de la vache résiliente

Si la directrice d’exploitation a choisi d’automatiser complètement la traite, elle ne veut pas renoncer au pâturage. 80 hectares sont disponibles autour du bâtiment. Le découpage parcellaire est réfléchi afin que les vaches disposent de parcelles aux différents moments de la journée avec passage obligatoire par le bâtiment. La sélection sur des critères de morphologie et de locomotion des animaux a commencé : vaches plus petites, avec de bons aplombs pour qu’elles puissent marcher sur de plus grandes distances. « Je ne pense pas que nous pourrons conserver la race Prim’Hostein, nous cherchons une vache plus résiliente » souligne Marie qui a commencé du croisement avec des Brunes des Alpes. En effet, les vaches Prim’Holstein valorisent mal les fourrages grossiers et peinent à s’adapter aux variations de qualité des fourrages, prévisibles dans les années à venir.

L’alimentation du troupeau, levier majeur

Le souci de l’équilibre alimentaire et de l’autonomie est constant. La ferme de la Marchande fait appel à un nutritionniste bovin. Analyse d’échantillons de tous les types d’aliments, état des stocks, utilisation de la méthode Obsalim, coproscopie (afin de détecter d’éventuelles pathologies) sont mobilisés. Les surfaces fourragères ont été diversifiées : cultures de méteils (triticale pois et avoine vesce), prairies temporaires et luzerne ont remplacé la rotation colza-blé-orge emblématique de la région. La culture de maïs, trop sensible aux sangliers et aux corbeaux a été abandonnée.

Loin d’être vécue comme une complexification contraignante, ces changements de système sont très bien accueillis par les salariés. L’ambitieux projet de bâtiment, possible grâce au Conseil Régional Grand Est, n’est qu’une étape. Du séchage en grange est envisagé pour garantir un fourrage de qualité. Les transformations de la ferme de la Marchande vont se poursuivre, portées par l’équipe de l’exploitation, l’équipe de direction de l’EPLEFPA, les enseignants, les élèves, orchestrés par la directrice d’exploitation.


Contact sur l’EPLEFPA Château-Salins :

Marie Laflotte, directrice de l’exploitation, marie.laflotte(at)educagri.fr (voir son "portrait vidéo")

Voir la vidéo « Transition agroécologique et adaptation au changement climatique sur l’exploitation agricole (ferme de la Marchande) »

Voir l’article « Château-Salins : une journée technique pour concilier agriculture et préservation de l’environnement »

Site de l’EPLEFPA Château-Salins

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Juin 2022 – Dominique Dalbin et Emmanuelle Zanchi, animateurs Reso’them de l’enseignement agricole