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Animation et développement
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de l'enseignement agricole

A Saint-Rémy de Provence, des oliviers bio au cœur de la pédagogie et du territoire

Dans un territoire au patrimoine exceptionnel, l’exploitation oléicole de Saint-Rémy de Provence s’appuie sur ses atouts pour développer et valoriser une production oléicole de qualité, et en faire une source de situations pédagogiques intéressantes pour les différentes filières de formation (service, nature, production). Les projets de développer la transformation sur site vont encore renforcer cette démarche vers plus d’autonomie et de lien au territoire.

Une oléiculture biologique ancrée sur le territoire

17 ha d’oliviers en culture biologique au milieu de la garrigue, des thyms et des romarins, sur les contreforts des Alpilles, l’image est belle … Patricia Joly-Bailly, directrice de l’exploitation de Saint-Rémy de Provence, a bien conscience de la qualité écologique et paysagère de ce territoire, d’autant plus qu’elle en est originaire, mais elle rajoute : « L’objectif est de consolider la viabilité économique de l’exploitation et de conforter son rôle pédagogique, en s’appuyant sur son ancrage territorial et sur la valorisation de produits diversifiés ». Signe d’ancrage local, différents acteurs du territoire, en particulier les collectivités, ont progressivement confié des parcelles d’oliviers à l’exploitation. Désormais, 8 des 17 ha sont mis à disposition par des acteurs publics, permettant ainsi de conforter le volume de production.
Pour Patricia, la difficulté vient « d’une part de la dispersion et de l’éloignement des parcelles, en termes de suivi, de gestion et de valorisation pédagogique, et d’autre part de la nécessité de restaurer des plantations parfois négligées voire abandonnées ».

Une histoire récente

« L’établissement avait besoin d’une exploitation agricole pour consolider sa place dans le territoire et dans le paysage de l’enseignement agricole ». Patricia Joly-Bailly pose ainsi les enjeux de la création récente de cette exploitation. En effet, pour ce petit établissement offrant des formations des filières service, production et nature, il était essentiel de mettre en place un support concret pour les apprenants et un ancrage dans le territoire. Le projet a démarré dès 2006 à travers l’embauche d’un salarié pour l’entretien des premiers oliviers plantés. Il s’est poursuivi par l’acquisition ou la gestion de nouveaux vergers, par la conversion en agriculture biologique puis la création officielle de l’exploitation en 2014. « Le fait d’être un centre constitutif a permis une reconnaissance officielle de l’exploitation oléicole » rajoute Patricia.

Viser la cohérence entre le mode de production et la valeur ajoutée

Pour répondre aux défis, Patricia et l’équipe de Saint-Rémy s’attachent depuis le début à développer la cohérence globale du système d’exploitation autour de deux entrées complémentaires.
La première est de bien valoriser les produits : 1700 litres d’huile à partir de 10T d’olives en 2018. Cette huile, outre le label agriculture biologique, est ainsi vendue sous deux signes locaux de qualité : l’AOP Vallée des Baux-de-Provence, comprise en grande partie dans le Parc Naturel Régional des Alpilles, et l’AOC Provence, sur une zone géographique plus étendue. De plus, ces produits sont vendus directement, soit localement dans le magasin du site, ou encore dans le circuit des lycées agricoles.
La deuxième est de trouver des modes de production en Agriculture Biologique moins dépendants des intrants, en mobilisant les ressources. L’exploitation utilise actuellement une barrière minérale d’argile atomisée sur les oliviers contre la mouche de l’olive, ceci sur la base d’études de  FRANCE OLIVE, interprofession oléicole. L’objectif de faire du contrôle biologique en attirant carabes, staphylins, micro-hyménoptères, mésanges, chauves-souris…est au cœur du projet d’exploitation ! Ce qui suppose des aménagements favorables à ces espèces tout en gérant l’entretien des enherbements sous les oliviers. Comment concilier cet entretien avec les rôles potentiels de ces couverts dans l’accueil de la biodiversité et donc aussi des auxiliaires ? Un essai a été fait avec des implantations de messicoles et Patricia envisage de renouveler l’expérience.

Impliquer les apprenants dans des situations professionnelles

Dès le départ, la création de l’exploitation a été pensée comme un support pour impliquer des apprenants et ainsi développer l’attractivité de l’établissement. Ainsi, « Béatrice Cerani, la directrice de l’établissement, a souhaité que les modules spécifiques à l’établissement (MAP, EIE,…) aient un lien avec l’exploitation. » Ainsi, les bac pro GMNF (Gestion des Milieux Naturels et de la Faune) mènent avec leurs enseignants , des travaux de débroussaillement et de remise en état des plantations lors de chantier-écoles, et assurent un suivi biodiversité en suivant les protocoles de l’Observatoire Agricole de la Biodiversité (OAB).  Les enseignants de seconde Nature ont d’ailleurs développé une démarche de pédagogie coopérative (voir encadré : la pédagogie « coopérative »). Les bac pro SAPAT (Service aux personnes et aux territoires) apportent leur pierre sur la partie vente directe. D’autre part, l’exploitation sert de support à un Certificat de spécialisation oléicole, le seul au niveau narional. Il accueille au CFPPA 8 à 12 stagiaires sur une formation de 8 mois. Le stage de récolte se fait sur l’exploitation de Saint-Rémy.

Des projets : transformer, diversifier, valoriser

Patricia estime « qu’il est difficile de faire vivre l’exploitation sur la seule production oléicole ». Pour équilibrer le budget de l’exploitation, elle mène de front plusieurs réflexions et actions :
- Transformer sur place : l’établissement a décidé d’acquérir un moulin. Outre l’investissement pris en charge par la Région PACA à 100%, Patricia explique que « cet achat va générer un gros changement dans l’organisation du fait de l’activité de transformation qui va mobiliser du monde entre Toussaint et Noël ». Et ce moulin s’inscrit plus largement dans la volonté de créer un atelier de transformation sur place. Myrtille Vernier a été recrutée comme chargée de mission, sur des fonds leader européens, pour réaliser une étude de faisabilité sur cet atelier destiné si possible à servir également à la transformation de produits du territoire (légumes ratatouille, fruits en confitures, tapenades diverses …).
- Diversifier les productions : L’exploitation a déjà développé une gamme de produits cosmétiques à base d’olives, grâce à un partenariat avec l'Atelier Technologie de l'EPL de Saint-Flour. Un atelier de maraîchage est aussi en projet, ce qui viendrait compléter la production oléicole et permettrait de répondre à une demande du territoire, y compris par exemple du Projet Alimentaire Territorial du pays d’Arles, intéressé par la démarche. Mais cela demande des investissements et donc une implication forte des partenaires locaux. De plus, l’exploitation participe, avec les partenaires du territoire (Communauté des communes Vallée des Baux-Alpilles , Parc Naturel Régional des Alpilles, Chambre d’agriculture…) à la relance des cultures d’amandiers :  une parcelle d’un demi hectare a été planté dans le cadre d’un projet d’agroforesterie associant amandiers et maraichage.

Les 3 questions de fin

- De quoi êtes-vous la plus fière ?"De la reconnaissance de l’exploitation et de son appropriation par les enseignants et formateurs"
- S’il fallait améliorer quelque chose ?"Quand un projet n'avance pas aussi vite que souhaité, envisager rapidement un plan B, peut-être moins ambitieux mais plus facilement réalisable pour l'amplifier ensuite"
- Un conseil à donner à un éventuel successeur ?“Bien s’entendre avec le directeur d’établissement et avec les salariés ”

L’exploitation en chiffre :

SAU : 17ha en AB dont 16ha d’oliviers en AOP Vallée des Baux et AOC Provence, parcelles en location ou mises à disposition par des communes, projet marque Parc en cours

5000m2 d’amandiers 

Commercialisation :  vente directe, salons, journée du patrimoine au Ministère de l’agriculture et réseau des lycées

Salariés :  2 (production et transformation) pour 1,7 ETP.

Chiffre d’affaire : en pleine évolution et non stabilisé puisque l’exploitation est récente 


Contacts :

La pédagogie « coopérative » en seconde pro Nature Paysage Jardin Forêt

L’objectif de l’équipe pédagogique, en lien avec l’exploitation agricole, est à la fois d’organiser la formation au service de situations professionnelles (emploi du temps adapté, semaines banalisées chantier, projets pluridisciplinaires avec les enseignements techniques et généraux, …), et de favoriser la coopération entre apprenants dans ces situations.

 

Mai 2019 - Françoise Degache et Jean-Luc Toullec, animateurs Réso'them de l'enseignement agricole