L’exploitation de Tarn et Garonne est scindée en deux sites : Montauban (domaine de Capou) et Moissac (domaine du Pesquié). Elle produit des pommes (en AB et Pink Lady en conventionnel), des prunes (en conventionnel et Reines-Claudes en AB), des kiwis (AB), des raisins de table (Exalta en AB, Chasselas en IGP et Timpson), des légumes de plein champ (AB) et des grandes cultures (en conventionnel). Thomas Vogel, directeur adjoint chargé du développement précise : « La direction technique est assurée par la directrice d’exploitation Manon Baron alors que j’ai en charge l’administration, la gestion et la commercialisation sur les deux sites. Tout est géré comme une seule exploitation où les salariés interviennent indifféremment ». On retrouve de l’arboriculture sur les deux domaines, avec une partie du verger converti en agriculture biologique (40 %), ceci depuis l’an 2000. A noter qu’à Moissac, une bonne partie du verger (65 %) n’est pas encore entrée en production du fait d’un renouvellement très important ces dernières années. Tout ceci est le résultat d'un volontarisme collectif affirmé dans l'évolution des pratiques, tout en assurant la performance économique. Ainsi, à ce jour, toutes les variétés du verger adaptées au contexte de production bio ont été converties et le renouvellement des parcelles est effectué dans la même logique. Cela permet aussi à l’exploitation de présenter, notamment pour les formations, un panel représentatif du territoire au niveau de ses productions. Pour Thomas « L’objectif est de représenter le territoire en s’appuyant sur le conventionnel et l’AB. Il y a aussi un enjeu d’image de l’exploitation qui commercialise ses productions en partie en vente directe et en restauration collective auprès d’établissements scolaires à proximité ». C’est dans cette dynamique que l’exploitation a souhaité s’engager dans l’arrêt du l’utilisation du glyphosate, pour les dernières utilisations qu’elle en faisait sur sa partie conventionnelle. Aujourd’hui, l’utilisation de cette substance active est restreinte à la gestion de l’enherbement sur les rangs. C’est le seul usage dont il est difficile de se passer. Cela représentait environ 20 l de glyphosate commercial pour toute l’exploitation lors de la dernière campagne en 2021.

Pour accompagner ces changements et l’arrêt total du glyphosate, l’exploitation agricole de Moissac est dans une stratégie d’adaptation de son parc matériel et de développement et de consolidation de sa main d’œuvre. L’acquisition de matériels de travail du sol sur le rang a déjà été effectué. Il s’agit de l’achat de disques émotteurs, d’une lame escamotable et d’un outil de type « Herbanet ». Concernant la main d’œuvre, un plan de formation sera mis en place, notamment pour professionnaliser les nouvelles techniques que doivent à présent appliquer les tractoristes. Globalement l’idée est de maitriser le nouveau système de gestion de l’enherbement sur le rang dans les parcelles en bio pour transposer au plus vite ces pratiques sur les parcelles conventionnelles.

A l’issue de cette journée sur site, la discussion avec les différents participants du groupe d’experts (impliquant des représentants de Réso’them, de l’institut Agro Florac, de l’INRAE Dijon, de l’ACTA de Toulouse et de SOLAGRO) a permis d’identifier plusieurs pistes de travail. Dans un premier temps, il sera nécessaire d’éprouver et d’ajuster la stratégie d’utilisation du nouveau matériel de gestion mécanique de l’enherbement sur le rang. Des difficultés sont déjà identifiées : coût/ha, temps de mise en œuvre et consommation de carburant en hausse. La réussite passera par une optimisation de ces points, en prenant en compte les autres interventions importantes au verger et les contraintes météorologiques. Concernant la flore adventice à gérer, la principale crainte est la maitrise des espèces vivaces (parmi les vivaces déjà observées aujourd’hui, on identifie le chardon, le rumex et des graminées). Pour cela, à plus long terme, d’autres pistes pourraient être explorées Par exemple, les vivaces pourraient être maîtrisées par un couvert végétal permanent implanté sur le rang. Il serait intéressant de tester différentes espèces, comme des trèfles en mélange (trèfle souterrain, trèfle violet et trèfle blanc). Mais beaucoup d’autres questions se posent aussi : quelles méthodes d’implantation ? Quel matériel pour ce semis ? Autant d’interrogations à creuser, possiblement supports d’expérimentation, de partenariats et de valorisation pédagogiques pour les formations de l’établissement. La directrice de l’EPLEFPA, Aurore Louis, affirme : « L’établissement a la volonté d’arrêter le glyphosate et d’accompagner le changement. C’est un changement d’image de nos productions qui fait écho aux attentes sociétales. ». Les formations associées aux productions des deux sites sont les BTSA PH (Montauban), les CAP horticoles et bacs pros CGEA et PH (Moissac). La partie technique du CFPPA (BPREA, certificat de spécialisation en AB, formation d’ouvriers en arboriculture) est basée sur le site de Moissac.