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Animation et développement
des territoires
de l'enseignement agricole

A Bréhoulou, une confluence Terre – Mer pour accélérer les transitions

Implanté dans un environnement péri-urbain et touristique, le lycée agricole de Quimper - Bréhoulou est sous double influence, entre terre et mer. L’établissement cultive et mise sur cette complémentarité pour relever les défis qui s’imposent aux domaines agricole et aquacole.

Ce qui surprend lors de la visite, c’est la multiplicité des ateliers de cette exploitation de polyculture-élevage . En effet, celle-ci  a développé un système de production qui se veut représentatif des systèmes des exploitations de son territoire et de leurs particularités.

Sa surface  est de 153 ha, composée pour moitié d’herbe, d’environ 25ha de maïs, de céréales à paille, de colza, de lupin bleu (à destination de l’alimentation des vaches laitières, de méteil et de betteraves fourragères. Ainsi, une grande partie des productions végétales est destinée à l’autoconsommation (troupeau laitier et allaitant). Bien qu’à une distance maximale de huit kilomètres, ce parcellaire est extrêmement morcelé et génère des contraintes tant au niveau du temps de travail que des dépenses énergétiques.

Concernant l’atelier de production animale, un troupeau laitier de 60 vaches de race Prim’Holstein produit environ 450 000 litres de lait par an, soit un niveau de production de 7500 kg de lait par vache et par an. La recherche d’autonomie alimentaire est ici une priorité. La vingtaine d’hectares de prairies située autour du site du lycée a été organisée en 38 paddocks  et utilisée en pâturage tournant dynamique de février à novembre. Ensemencées avec un mélange d’espèces très diversifiés (raygrass anglais et hybride, fétuque, trèfles blanc, violet et incarnat), ces surfaces sont adaptées à un contexte de sols superficiels. “Cela va peut-être vous surprendre mais nous avons observé des périodes de sécheresse au printemps ou en été ces dernières années ! Nous avons dû rechercher des mélanges qui résistent davantage. Dans nos zones, le pâturage est et doit rester une ressource essentielle” nous explique Stéphane Eugène, directeur de l’exploitation. L’alimentation hivernale du troupeau est basée sur une ration de maïs ensilage, betterave fourragère et enrubannage.

Bien que la conduite du troupeau laitier soit maitrisée, la recherche d’améliorations est constante. Depuis six ans, les vaches sont équipées de colliers qui mesurent leur activité et leur rumination. Cette technologie, qui permet de disposer de données objectives et chiffrées a fait ses preuves dans l’exploitation : meilleure détection des chaleurs, adaptation des rations alimentaires. Aujourd’hui, l’objectif est d’augmenter la longévité des vaches.

Une trajectoire de diversification qui se poursuit.

Un atelier de poulets, élevés selon le cahier des charges Label rouge, un atelier porcin naisseur-engraisseur de 75 truies, la production d’électricité par photovoltaïsme et une production de vaches allaitantes complètent la diversification des productions. Ces 15 vaches allaitantes et leur suite, de race Nantaise, sont devenues emblématiques de l’exploitation. Elles entretiennent et conservent une zone de 30 ha dans le marais de Mousterlin. Au-delà de la production de viande bovine en circuit court issue de cette activité, ce troupeau participe à la conservation de la race nantaise et permet la valorisation de prairies humides en zone Natura 2000.

Cette structuration de l’activité de l’exploitation traduit bien la volonté de proposer un système représentatif de son territoire et offrant un support pertinent aux formations de l’établissement, tout en appliquant une trajectoire d’amélioration pour faire évoluer ses pratiques vers une approche plus agroécologique ; c’est ainsi qu’un projet de rénovation de la porcherie est en cours de réflexion pour développer de nouvelles places d’engraissement sur paille et améliorer le confort des animaux et les conditions de travail des humains.

Une pisciculture entre production, apprentissage et expérimentation

Voisin de l’exploitation sur le site du lycée de Bréhoulou, se trouve le Centre technologique aquacole de l’établissement. Né en 2013 après une dizaine d’années de réflexions et d’études, il accueille une production piscicole avec un atelier complet de salmonidés (truites arc-en-ciel), de l’écloserie aux différents bassins pour atteindre le stade “portion”. Cet atelier, à forte vocation pédagogique, a également une activité de production avec de la vente de carpes koï et autres cyprinidés et un peu d’ostréiculture. Il permet en parallèle le développement d’expérimentations, notamment concernant l’alimentation des salmonidés avec la coopérative Le Gouessant. La diversité des installations, avec notamment des bassins en circuit fermé et un système de récupération des fèces, permettent le développement de ces expérimentations, que ce soit en écloserie ou pour le grossissement. Des étangs et une serre permettant également d’explorer la production en aquaponie (en lien avec le projet CASDAR TAE+ MEDUSA) complètent les installations. Deux personnes sont affectées à cette structure pour assurer les fonctions de production, d’expérimentation et d’organisation des activités pédagogiques. Ici aussi les projets en réflexion sont nombreux. Il s’agit de poursuivre le développement des expérimentations, de développer un atelier de transformation pour fumer les filets de truite, de rénover les étangs…

Le Projet PETAAL, pour faire vivre une culture commune

Exploitation et Centre technique aquacole sont valorisés pédagogiquement chacun dans leur domaine par les formations du lycée agricole de Brehoulou. En effet, cet établissement dispose d’une filière Production agricole avec le CAPA Métiers de l’Agriculture, le Bac Pro Conduite et Gestion de l’Entreprise Agricole et le BTSA Analyse, Conduite et Stratégie de l’Entreprise Agricole et d’une filière Aquaculture avec le Bac Pro Conduite des Productions Aquacoles et le BTSA Aquaculture. Une filière générale et technologique de la 2nde à la terminale complète la carte de formation. Mais l’objectif de l’établissement est d’aller bien plus loin que cette approche “filière”. C’est ainsi que depuis 2021, le projet, délicatement nommé PETAAL (Préparons Ensemble la Transition Agri-Aqua écologique sur le Littoral) est mené dans le cadre du dispositif « porteur de projet de développement » et animé par Florence Eugène et Patricia Daval-Oleron, enseignantes en économie et en agronomie. L’idée est de développer des actions permettant de mixer les différents publics en formation sur l’établissement. Il s’agit de se faire croiser et réfléchir ensemble les élèves des filières professionnelles et générale, et des filières agricoles et aquacoles Sur le fond, l’objectif est de croiser les regards de ces différents publics pour alimenter des réflexions sur des projets autour des transitions écologiques et sociétales. “L’enjeu est de taille, précise Florence, les jeunes en formation seront présents sur le même territoire. Ils auront à travailler ensemble, à faire des choix qui peuvent avoir des conséquences sur leurs activités respectives”. Par exemple, des étudiants de BTSA ACSE et Aqua culture ont passé une journée “en immersion” dans la Ria d’Etel, point de contact entre terre et mer. La rencontre d’acteurs et leurs regards croisés portés sur ce territoire ont permis aux étudiants de mieux comprendre leurs domaines d’activités et leurs métiers. Au travers du projet, c’est aussi la dynamique inter-filières au sein de l’équipe des enseignants et formateurs de l’établissement qui se renforce. “Nous avons relu et passé les référentiels au tamis du projet PETAAL. Il offre une meilleure lisibilité et visibilité des projets existants. Les collègues nous disent parfois : ça, c’est du PETAAL ! » explique Patricia Daval-Oleron. Arrivé à sa troisième année de fonctionnement, le projet a atteint ses objectifs : croiser les regards entre domaines agricole et aquacole, développer de nouveaux partenariats avec des acteurs du territoire via le festival Alimenterre par exemple, outiller les apprenants et les équipes sur les controverses, etc.

Point d’orgue du projet, l’organisation d’une journée « biodiversité » mobilise l’ensemble des classes de l'établissement ainsi que des acteurs du territoire. Celle-ci se déroule autour d’une trentaine d’ateliers tournants où tous les groupes sont mixés, tant au niveau des filières que des niveaux de formation. Rendez-vous pour prochaine édition “ la biodiversité terrestre et aquatique, la connaitre, la préserver, travailler avec” le 14 mai 2024 !

PETAAL prend racine dans un terreau déjà riche puisque les enseignants de l’établissement conduisent des projets depuis longtemps : BiodivEA, Ecophyto ont façonné les apprentissages et fait évoluer les pratiques. Des projets autour de l’alimentation humaine et la culture de légumineuses ou de la gestion des effluents dans le cadre du zonage Bassin Versant Algues Vertes (formation à l’utilisation de l’Outil Cap2ER, liens avec le Réseau Mixte Technologique MAcro Elevages Environnement MAELE) mobilisent les équipes pédagogiques et les apprenants.

En savoir plus sur le projet : https://www.dailymotion.com/video/x5sg20r

 


Trois questions à Stéphane Eugène, directeur de l’exploitation :

- De quoi êtes-vous le plus fier ? « D’avoir développé la vente directe. Nous avons pu développer cette activité avec la mise en place du troupeau bovin Nantais, conduit de façon extensive. Cela a contribué à changer l’image de l’exploitation. Cet atelier fait venir du public et renforce les liens entre les citoyens et l’exploitation. ”

- S’il fallait améliorer quelque chose ? “Les bâtiments d’élevage sont vétustes. Il faut améliorer le confort de logement des animaux et les conditions de travail des salariés.

- Quel conseil donneriez-vous à un successeur ? “Sois très sensible aux relations humaines. Ta force, c’est l’équipe et le collectif. Les gens ont besoin qu’on leur fasse confiance.”

 


 

Chiffres clés :

3 salariés et 1 apprenti

SAU : 153 ha dont 20 ha proches des bâtiments, en herbe. 50% de la SAU est en herbe (prairies permanentes et temporaires), 25 à 30 ha de maïs ensilage, cultures diversifiées (céréales à paille, colza grain et fourrager, lupin, betterave fourragère, méteil). 11 ha en agriculture biologique.

Atelier bovin laitier : 60 vaches laitières de race Prim’Holstein, production d’environ 420 000 litres de lait

Atelier porcin naisseur engraisseur : 75 truies, démarche de qualité “Bleu Blanc Cœur"

Atelier avicole : 4 200 poulets/an en Label rouge

Atelier bovin allaitant : 15 vaches de race Nantaise et la suite. Vente directe de viande de veau et de bœuf

Atelier production d’électricité par photovoltaïsme : depuis 2013, 230 m² de panneaux pour une production de 40 000 kW/an. Vente à EDF


En savoir plus sur le projet PETAAL et sur la valorisation du marais de Mousterlin.


Contacts :

Stéphane Eugene, directeur de l’exploitation agricole, stephane.eugene(at)educagri.fr

Benoit Berlizot, responsable du site aquacole, benoit.berlizot(at)educagri.fr

Patricia Daval-Oleron, enseignante d’agronomie patricia.daval(at)educagri.fr et Florence Eugène florence.eugene(at)educagri.fr, enseignante d’économie, chargées du projet PETAAL (dispositif tiers temps)

Hugo LEROUX, directeur de l’EPLEFA, hugo.leroux(at)educagri.fr

Eric Plaze, chargé de mission ADT, DRAAF-SRFD Bretagne, eric.plaze(at)agriculture.gouv.fr

Site web de l’établissement : https://brehoulou.eu/

Décembre 2023 - Emmanuelle Zanchi, Vincent Jéhanno, animateurs Réso'them de l'enseignement agricole.