Le contexte :
L’exploitation du lycée est située sur le plateau du pays de Caux où les enjeux agroenvironnementaux sont importants : phénomènes d’érosion des sols de limon, teneurs en pesticides et en nitrates au niveau des captages à la limite ou dépassant les seuils de potabilité.
Dans ce contexte, des essais système ont été démarrés en 2013-2014, pour tester et produire des références sur des pratiques innovantes qui limitent l’impact de l’agriculture sur la qualité des ressources. Trois systèmes sont étudiés : l’agriculture biologique, l’agriculture intégrée (réduction des engrais et pesticides) et l’agriculture de conservation (suppression du labour).
Les protocoles d’essais, le choix des rotations, les conduites techniques sont décidés par des comités de pilotage associant les différents acteurs du développement agricole.
Quels enseignements à l’issue des 3 années de suivi :
- Agriculture biologique :
La rotation retenue se présente ainsi : prairie luzerne+ RGH +TV (2 ou 3 ans) – blé-lin-méteil (triticale, pois, féverole)- céréale secondaire
La parcelle de 7 ha est divisée en 4 parties occupées par une culture de la rotation.
- La prairie en tête de rotation a des effets très bénéfiques (vie biologique, apport MO et azote, effet nettoyant).
- Les associations (prairie multi-espèces, méteil) sont très adaptées (peu de pression des bioagresseurs)
- La récolte de blé a été satisfaisante (campagne 2015-2016) mais est compromise en 2016-2017 (attaque corbeaux et taupins)
- La féverole en culture pure donne un bon rendement mais présente une présence significative d’impuretés et de bruches dans la récolte.
- La conduite de la féverole en mélange type méteil est améliorée (peu de bruches, culture assez propre)
- Le lin implanté en mars 2017 présente un développement très satisfaisant
- Agriculture intégrée :
Le comité de pilotage a retenu une rotation typique du pays de Caux : blé tous les 2 ans qui alterne avec une tête de rotation (maïs principalement)
Pour la conduite du blé, les leviers agronomiques ont montré leur pertinence, date de semis plus tardive, choix de variétés rustiques, baisse de la densité de semis, baisse de la fertilisation azotée.
La réduction d’intrants intrants ( pesticides – 50 %, engrais N – 20 %) s’accompagne d’une baisse de rendement faible ( - 5 à 10 %), la marge brute est préservée.
Cependant, la pression adventices est devenue importante, ( ray-grass, gaillet). Cela nécessitera un allongement de la rotation avec l’introduction de nouvelles cultures.
Pour le maïs, la mise en œuvre d’un désherbage mécanique (herse étrille, houe rotative ou bineuse) permet de contrôler le salissement avec un seul passage d’herbicide à dose réduite (1/3 de dose).
L’apport de fumier (35 à 40 T/ha) avant maïs couvre les besoins en azote, l’apport d’azote minéral réduit (dose bilan – 40 U d’N/ha) est sans conséquence sur le rendement.
- Agriculture de conservation :
L’essai a démarré en septembre 2015. La succession choisie fait alterner une culture de printemps ( maïs) et une culture d’automne ( orge ou blé).
Dès la première année, des évolutions du sol sont constatés : amélioration de la structure, baisse de la battance, présence de vers de terre. Le sol est plus tassé en surface mais résiste mieux à l’érosion.
L’implantation des cultures réalisée en TCS pour les céréales, en bandes fraisées pour le maïs (type stripp-till) est satisfaisante. Les rendements sont comparables à la conduite conventionnelle.
Les intercultures sont un des piliers de la conduite en conservation.
En septembre 2015, un mélange multi-espèces semé au semoir à céréales a donné une bonne couverture du sol et une production de biomasse satisfaisante.
A l’automne 2016, une interculture multi-espèces comportant une part importante de trèfle a été implantée avec succès, l’objectif est de pouvoir semer le maïs dans un couvert vivant de trèfle, cette pratique doit permettre de concilier agriculture de conservation et réduction des pesticides.
- La valorisation pédagogique des essais :
- Chaque année, trois temps forts sont proposés aux apprenants :
En décembre : présentation des suivis et des résultats de l’année en cours
En mars : tour de plaine, état de la végétation
Fin mai : tour de plaine, comparaison des itinéraires
- Des activités complémentaires sont menées avec les élèves :
- Suivi végétation, estimation rendement
- Biodiversité (carabes, vers de terre, flore de bordure)
- Comportement des sols (infiltrabilité, pénétrométrie, stabilité structurale)
- Comparaison de données technico-économiques
Les essais sont également présentés à d’autres centres de formation (ESITPA, Fac. de bio., prépa agro) ou d’autres acteurs (agence de l’eau, syndicat d’eau). Des visites pour les professionnels sont organisées (groupe défis ruraux, CETA) et certains essais sont suivis par des organismes techniques (CERHN, défis ruraux).
Ces références acquise pendant les trois années de suivi serviront à l’élaboration du projet d’exploitation à venir.