La durabilité des systèmes d'élevage aquacole est aujourd'hui largement questionnée et confrontée à des contraintes de protection de l'environnement dans un contexte socio-économique de limitation des consommations des ressources en eau et en énergie. Le développement des techniques d'aquaculture durable en France est un phénomène qui a récemment pris une importance considérable. Les professionnels de l'aquaculture (eau de mer et eau douce) cherchent à être accompagnés dans la mise en place de nouveaux systèmes aquacoles intégrés au milieu et à leurs environnements, autant par le choix des espèces produites et associées que par une optimisation des systèmes en terme de consommation d'eau et d'énergie.
L'eau et l'énergie sont devenues deux préoccupations primordiales vis à vis de la durabilité des systèmes d'élevage aquacoles, en circuit ouvert autant qu'en circuit fermé (Roque, 2008). Il y a donc une réelle volonté d'optimisation des systèmes de production aquacole (eau douce et eau de mer) par l'utilisation de l'eau et de l'énergie. L'eau est un élément essentiel du développement des territoires, et fait intégralement partie des missions d'un établissement public local d'enseignement et de formation professionnelle agricole/aquacole comme Brehoulou. Celui-ci est, par ailleurs, l'unique lycée professionnel aquacole de Bretagne. Le Lycée propose chaque année des formations du niveau du Bac pro au BTS dans le domaine de l'aquaculture et accueille une centaine d'élèves en filière aquacole. Tous les systèmes aquacoles sont abordés : la culture d'étang, la salmoniculture d'eau douce, l'aquariophilie, la conchyliculture, l'aquaculture marine, la culture de microalgues.
La rareté croissante de la ressource en eau entraîne de grandes difficultés pour les aquaculteurs en eau vive à respecter les clauses environnementales imposées par l'arrêté de 2008 sur la quantité d'eau prélevée dans la rivière et sa qualité de retour au milieu naturel, souvent liées à leurs autorisations de volume de production. La qualité de l'eau est également largement impactante pour les aquaculteurs en eau de mer (Conchyliculture, mytiliculture, …) comme les problématiques des algues vertes, ou la classification des zones de production (A,B,C).
De ce constat, le lycée professionnel aquacole de Brehoulou a initié et anime une dynamique structurante au sein de l'établissement et de ses partenaires nommé SAGER « les nouveaux Systèmes Aquacoles vers la Gestion Économe des Ressources ».
Le lycée professionnel aquacole de Brehoulou comprend de nombreuses structures aquacoles complémentaires (étangs, salmoniculture, circuit fermé high tech alimentés en eau de forage, parc ostréicole). Pour mieux appréhender la réalité des conditions d'activités des aquaculteurs bretons et atteindre plus aisément les objectifs du Projet SAGER, une serre aquacole expérimentale complémentaire des équipements actuelles est en cours d'installation.
L'objectif de la dynamique SAGER est double :
- Former les apprenants par une pédagogie orientée vers l'économie des ressources en aquaculture, notamment en eau. Nos apprenants sont les futurs techniciens aquacoles ( Bac Pro) et chefs d'entreprise aquacole (formation BTS) de demain et il est important de les sensibiliser aux enjeux des professionnels d'aujourd'hui , liés à la quantité et la qualité de l'eau.
- Impliquer les professionnels en activité et réunir autour de la table des techniciens aquacoles, les professionnels aquacoles, des chercheurs en aquaculture et des ingénieurs afin d'échanger et de partager autour des questions de gestion et d'économie d'eau en aquaculture et les solutions à tester, notamment les circuits recirculés.
Au sein de la serre aquacole, nous voulons tester et expérimenter différents systèmes aquacoles recirculés, en prenant en compte l'apport en eau neuve, la nature de cette eau neuve (forage, eau de ville, eau de pluie), la qualité de l'eau recirculé (données physico chimiques), différents types et nature de filtration (filtration mécanique via un tamis, décanteur anaérobique, filtration biologique, minéraliseur, phytoépuration, …) et la valorisation des boues d'élevage. Cet ensemble sera nommé MEDUSA, pour Modèle Expérimental sur la DUrabilité des Systèmes Aquacoles.
Les expérimentations s'attacheront à faire les choix les plus intéressants au regard notamment de leur consommation en eau et en énergie et en tenant compte des attentes des marchés (FranceAgrimer, 2017).
MEDUSA doit créer du lien entre la formation professionnelle, qui a une vocation de recherche et développement, et les professionnels qui se reconnaissent dans la problématique du projet et ont besoin d'être accompagnés dans les transitions.
La valorisation du projet et les expérimentations sera entière vers le public et les professionnels aquacoles via les différents réseaux et modes de diffusion (tutoriel, journée technique, revue scientifique, presse locale, colloque ...).