La thématique du changement climatique est récurrente de nos jours mais de nombreuses questions restent en suspens : quel est l'impact du changement climatique sur la population et plus particulièrement sur les exploitations agricoles ? Comment adapter nos exploitations au changement climatique ? Comment l'atténuer ? Quel rôle peut jouer l'enseignement agricole ?
C'est pour répondre à ces questions que s'est attelé le Lycée Agricole de Rochefort-Montagne au projet « Pilotage d'une exploitation par le bilan carbone ».
Ce projet ambitieux a pour objectif principal de permettre aux exploitations agricoles d'atteindre la neutralité carbone en prenant en considération la biodiversité, l'ergonomie du travail, les contraintes économiques des exploitations … Pour cela plusieurs étapes sont nécessaires :
Réaliser le bilan carbone de l'exploitation et faire un recensement des outils existants pour réaliser un bilan carbone
Créer un outil de pilotage par le bilan carbone adapté à l'exploitation grâce aux partenaires scientifiques
Rechercher des leviers pour réduire l'empreinte carbone de l'exploitation
Mettre en œuvre des leviers retenus suite à une étude technique.
Ce projet innovant a demandé une phase de recherche bibliographique importante dont le but était de comprendre ce qu'est un bilan carbone, de comment le réaliser et de comment atteindre la neutralité carbone sur une exploitation :
Un bilan carbone est tout simplement la différence entre les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) émis sur une exploitation et les GES stockés.
Bilan carbone net = émissions - stockage.
Les GES pris en compte dans un bilan carbone sont le CO2 (dioxyde de carbone), le N2O (protoxyde d'azote) et le CH4 (méthane).
L'unité utilisée est le kilogramme équivalent CO2 (kg eq.CO2). Ainsi chaque gaz a un potentiel de réchauffement global (PRG) exprimé en fonction du CO2, PRG du CO2= 1, PRG du N20 = 298 fois le PRG du CO2 et le PRG du CH4 est de 25 fois celui du CO2.
Ainsi pour réaliser un bilan carbone il faut lister l'ensemble des postes d'émissions de GES sur une exploitation agricole : le CH4 éructé par les vaches, le CO2 émis par les engins agricoles, l'électricité consommée, l'énergie nécessaire à la fabrication des aliments … et lister l'ensemble des postes de stockage de carbone : prairies temporaires ou permanents, les haies, etc.
Par ailleurs, une deuxième phase bibliographique a consisté à recenser l'ensemble des leviers qui peuvent être actionnés pour essayer d'atteindre un bilan carbone neutre : travail sur la qualité des prairies (augmentation du stockage), travail sur la ration des animaux (réduction des émissions), améliorations bâtimentaires possibles (réduction des émissions).
Parallèlement à cette phase de recherche bibliographique, des actions ont été menées afin d'assoir le projet au sein de l'établissement et du territoire.
Avec l'aide de l'équipe enseignante des actions pédagogiques ont été menées :
Un TP « cubage carbone » dont le but était d'estimer le stockage de carbone d'une haie donnée et de déduire le nombre de kilomètres de cette haie nécessaires pour compenser les émissions de GES d'une vache. Initiation au bilan carbone.
Des actions avec le groupe d'éco-délégués du lycée : création d'un logo pour le projet, travail sur le développement durable et la gestion des déchets.
Des interventions dans les classes pour présenter le projet, pour expliquer ce qu'est un bilan carbone et l'importance de réduire les émissions de GES dans les exploitations agricoles.
Les frontières du projet ne s'arrêtant pas au lycée la recherche de partenaire a été une étape clef de cette première année et peut-être la plus chronophage. Ainsi des actions renforçant le lien entre le projet et le territoire ont été réalisées :
Visite du site de l'INRAE de Laqueuille qui réalise une expérimentation sur le stockage de carbone par les prairies.
Participation au colloque d'AP3C (Adaptation des Pratiques Culturales au Changement Climatique), présentation du projet
Participation au copil de CAP'2ER (outil pour réaliser le bilan carbone d'une exploitation agricole)
Participation à des journées/réunions sur des thématiques proches de celle du projet.
Suite au premier comité de pilotage, il semble que ce projet a permis une prise de conscience au sein des partenaires du rôle joué par le monde agricole dans la réduction et le stockage des Gaz à Effet de Serre. Il suscite de l'intérêt et beaucoup d'acteurs du territoire sont intéressés pour travailler sur la problématique de l'atténuation du changement climatique notamment pour les questions environnementales mais aussi économiques qu'elle soulève.