L'eau est une des ressources communes que l'on doit protéger et qui a subi de nombreux maux au cours des dernières années (pollutions, dégradations de la qualité), dus notamment aux diverses activités humaines. Le lycée agricole des Sardières intègre un territoire où la qualité de l'eau est au centre des préoccupations des acteurs car positionné sur une zone de captage prioritaire.
Il est important aujourd'hui de travailler sur des alternatives à l'utilisation de polluants majoritaires dans divers secteurs d'activités dont l'agriculture (nitrates et pesticides), mais en premier lieu de sensibiliser, convaincre et mutualiser autour de l'intérêt de travailler ensemble de nouvelles pratiques.
Pour atteindre cet objectif, il faut déjà prouver l'impact des pratiques agricoles sur l'eau, et que ce qu'on épand sur nos parcelles ne s'arrête pas à leur pourtour mais a une capacité à circuler dans les sols pour rejoindre les cours d'eau. De même, les polluants ont une capacité à être rémanents, et on retrouvera des molécules utilisées de nombreuses années auparavant.
Ainsi, diverses solutions existent : des dispositifs « curatifs », comme les zones tampons humides artificielles, qui vont agir comme des petites stations d'épurations et dépolluer une partie de l'eau (d'environ 50%) par l'action du soleil et des végétaux. Elles sont adaptées aux écoulements de drainage (contrairement aux bandes enherbées qui seront adaptées aux eaux de ruissellement) et les interceptent avant qu'ils se rejettent dans les cours d'eau. Ce type de solution peut s'avérer efficace mais reste onéreux et prend de la surface alors que le foncier agricole se fait de nos jours de plus en plus rares. Ce type de solution doit se réfléchir à l'échelle d'un bassin Versant (et d'un ensemble de parcelles agricoles) afin d'être viable.
Néanmoins, ces dispositifs ne sont pas "magiques", et ils doivent être couplés à des pratiques agricoles plus vertueuses en amont afin d'être efficaces, soit des dispositifs préventifs.
C'est là qu'intervient la nécessité de former, d'expérimenter, de mutualiser autour de pratiques « alternatives ».
Former les apprenants afin de comprendre toute la complexité autour de ces questions, et qu'elles ne dépendent pas seulement de solutions purement techniques. Nous leur avons fait pointer du doigt l'importance d'investir dans la recherche et l'expérimentation, de travailler en collectif et notamment de manière territoriale, de pouvoir réunir tous les acteurs des filières autour de la table, de développer de nouveaux outils ( machinisme agricole pour désherber mécaniquement, détruire les couverts, innovations pour réduire les traitements...) . Pour cela, il est important qu'ils se confrontent à la réalité du terrain, aux discours des acteurs, et qu'ils fassent preuve d'ouverture d'esprit et d'analyse.
L'expérimentation est également nécessaire pour pouvoir avancer sur ces sujets. Nous avons donc souhaité sur ce projet mêler pédagogie et expérimentation afin de se rendre compte de l'intérêt mais aussi de la méthode à appliquer pour mettre en place des expérimentations étant donné que nous formons les professionnels de demain qui seront au cœur de ces démarches et du terrain. Nos apprenants ont donc travaillé de la conception à l'analyse, sur des essais autour de cultures à bas intrants tels que les méteils ou les couverts végétaux, en lien avec les objectifs et la rotation de l'exploitation (un des leviers pour limiter les intrants chimiques) afin d'en connaitre tous les avantages, les usages, et les impacts mais également les conditions pour bien réussir un essai.
Enfin, la mutualisation est un point important pour que l'on avance mieux, et donc l'importance de communiquer sur ce que l'on fait, ainsi que de nouer des partenariats avec le territoire. Nous devons faire, notamment dans le milieu agricole, des efforts de communication et de valorisation sur ces nouvelles pratiques, et de trouver des temps en commun pour échanger, observer et démontrer. C'est ainsi qu'à travers ce projet nous souhaitions investir du temps sur la mise en place d'évènementiels basés sur des échanges, des démonstrations avec des acteurs diversifiés, même si ils n'ont pas pu aboutir cette année. Et de même, c'est un point sur lequel nous insistons à travers la formation, car il existe beaucoup de formats de communication et cela s'apprend.