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Bazas : Prendre le temps de la réflexion pour se convertir à l’AB

A l’orée de la forêt des Landes de Gascogne, l’Etablissement Terres de Gascogne-Bazas entame une réflexion sur la conversion de son exploitation en AB. L’utilisation adroite des dispositifs du ministère de l’agriculture permet de nourrir et de murir cette réflexion. Laisser du temps au temps …

Une exploitation avec une production emblématique de la région

Quand on entend Bordeaux, on pense aux grands crus de ce département viticole. Lorsqu’on parle de Bazas, on y associe la gastronomie avec la fête des bœufs gras et sa race bovine emblématique : la Bazadaise.

Michel Brun, directeur de l’exploitation, nous vante les mérites de cette race à robe grise « c’est une excellente race avec des facilites de vêlage et une bonne aptitude à élever un veau, mais qui allie rusticité et surtout une excellente conformation avec une grande finesse d’os ». Un troupeau de 65 vaches inscrites à l’organisme de sélection « excellence bazadaise » occupe une grande partie des 150 ha de SAU.  « Un bon niveau génétique ainsi qu’un troupeau jugé important de par sa taille permet de produire des animaux reproducteurs dont le meilleur rentre à la station d’évaluation et de qualification de la race », nous précisent  Michel Brun et Françoise Lamette enseignante de zootechnie..

Pour mieux valoriser la production, l’exploitation a développé de la vente directe en caissette auprès des consommateurs de Bazas et de Bordeaux (60 km). Michel énonce qu’une très grande partie des vaches de boucheries et 15 veaux rosés sont vendus par ce mode de commercialisation raccourci. Et pour être court, il est court : l’abattoir et la salle de découpe sont à Bazas. Somme toute, une douzaine de mâles sont vendus en broutards. Le tableau ne serait pas complet sans les  quatre  bœufs produits chaque année pour la fête des bœufs gras de Bazas.

Avec un parcellaire divisé en trois ilots, l’exploitation produit des fourrages pour l’alimentation des herbivores. Une cavalerie de 12 chevaux complète les bovins. Un système fourrager permet d’être automne. Deux types de mélanges complexes permettent de réaliser un ensilage à plus de 7 T MS/ha. L’un à base de ray grass italien, ray grass hybride, trèfle violet, trèfle incarnat, trèfle de perse et vesce velue conduit en culture dérobée entre une céréale et un maïs et l’autre à base de ray grass italien , dactyle, trèfle violet, trèfle blanc géant, trèfle de perse et lotier (mis en place pour trois ans). Cette année du sorgho vient compléter la petite dizaine d’hectares de maïs qui sera récolté en grain humide.

Une exploitation diversifiée

Lorsque nous nous dirigeons vers le cœur de l’exploitation, nous découvrons dans un premier temps des bâtiments avicoles entourés de parcelles d’agroforesterie.

En effet l’exploitation élève des volailles dans deux bâtiments de 400 m2. Cette production est sous signe officiel de qualité avec le label rouge « poulet fermier cou-nu jaune  entier et en découpe » ainsi que sous IGP « volailles de Gascogne ». De 25 000 à  30 000 volailles de chair (principalement poulets mais également pintades) sont produites annuellement. Chaque bâtiment de 400 m2 possède un parcours arboré d’un hectare, 4400 poulets sont élevés jusqu’à 81 jours.

Bien que déjà engagée sous signe officiel, de qualité la coopérative « Vollailles d’Albret » souhaite développer l’agriculture biologique. Elle serait donc partie prenante pour transformer cet atelier en AB.

Une utilisation habile des dispositifs du Ministère de l’agriculture et de l’alimentation

Le projet d’établissement dans l’un de ses axes précise la volonté « d’engager l’exploitation dans la conversion en Agriculture Biologique ». M Pascal Trouche Directeur de l’établissement explique «c’est un enjeu de cohérence vis-à-vis du territoire et des politiques publiques ».

Fort de ce constat, le lycée a proposé à trois étudiantes, élèves ingénieurs de l’agriculture et de l’environnement, dans le cadre de la découverte de l’emploi en EPLEFPA (note de service  DGER/SDEDC/2018-809),  d’étudier l’opportunité du passage en Agriculture Biologique de l’exploitation agricole de l’EPLEFPA de Bazas, encadrées par Elodie Lima enseignante aménagement et gestion des espaces et référent régional "Enseigner à Produire Autrement" . Ce rapport bien étayé établit deux scenarios, l’un est le passage uniquement de l’atelier avicole, l’autre plus ambitieux est le passage de l’intégralité de l’exploitation.

Parallèlement l’établissement a candidaté au dispositif tiers temps du ministère de l’agriculture et de l’alimentation et a été lauréat pour un projet « la conversion en AB de l’exploitation agricole de Bazas : un projet pédagogique et territorial ». Elodie Lima, nous dévoile les contours du projet, elle souligne les nombreux. Enfin elle insiste sur les opportunités d’intégration dans les référentiels de formations (Bac Pro CGEA, Bac STAV AVE)  ainsi que sur la mise en œuvre du projet sans oublier les livrables et le budget.

Elodie, très dynamique, est en charge du tiers temps, elle a notamment cherché à développer le réseau en participant aux rencontres du réseau Formabio en avril 2019 sur le site d’Angoulême. L’expérience menée et décrite par le directeur de l’exploitation du lycée agricole de Barbezieux conduira, peut-être l’établissement de Bazas à déposer un CASDAR TAE. Qui sait ? Laissons le temps au temps !

Les trois questions de fin à Michel Brun  :

De quoi êtes-vous le plus fier ?  « De l’utilisation pédagogique importante avec une implication forte de certains élèves qui s’approprient la structure »

S’il fallait améliorer quelque chose ?  « La communication sur ce qui est fait, qui est trop souvent reléguée à du superflu »

Un conseil pour mon éventuel successeur ?  « Garder la prépondérance de la pédagogie même si cela n’est pas toujours facile et évident dans une structure de production »


L’exploitation de Bazas  2018 en chiffres

SAU :  150ha dont 129 ha de prairie et 18 ha  irrigables

 

Vaches allaitantes : 65 vaches Bazadaises inscrites

Centre équestre : 12 chevaux de loisir et 110 cavaliers

Atelier avicole : 2 bâtiments, 30 000 volailles / an

 

ETP : 2 salariés, 1 apprenti, 1 moniteur de centre équestre

Chiffre d’affaires 2018 : 218 000 €


Site web :   https://www.epl-bazas.fr/

Contacts :


La conversion en AB de l’exploitation agricole de Bazas : un projet pédagogique et territorial qui vise à :

  • Favoriser l’intérêt des apprenants des différentes filières pour l’évolution des pratiques de l’exploitation agricole vers l’AB,
  • Favoriser l’appropriation de cette démarche par les apprenants en organisant des rencontres et des moments d’échanges avec le monde professionnel,
  • La réalisation par les apprenants d’un bilan des conséquences techniques, économiques, environnementales et sociales du passage en agriculture biologique et l’élaboration de propositions techniques et de scenarii,
  • La mise en place de partenariats nouveaux entre l’EPLEFPA et les acteurs professionnels, les organismes de développement, les instituts de recherches et de formation compétents en AB,
  • La création d’une dynamique avec les acteurs du territoire bazadais, producteurs, partenaires de transformation, de distribution, de commercialisation afin de participer à la création des circuits de proximité des produits AB,
  • La valorisation économique des produits issus de l’AB par la vente directe aux consommateurs et au service de restauration de l’établissement.

Avec de très nombreux partenaires : Ecole Nationale Supérieure des Sciences Agronomiques Bordeaux Sciences Agro, Licence pro ABCD, ISNAB, FRAB Nouvelle Aquitaine, Agrobio Gironde, CA 33, Coopérative Volailles d’Albret, Cooperative Expalliance TradiSud, OS Excellence Bazadaise…

Juin 2019 - Hervé Longy animateur Reso’them de l’enseignement agricole