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Animation et développement
des territoires
de l'enseignement agricole

Une initiative unique de mise en réseau entre PAT et établissements publics dans la Loire et Haute-Loire

Depuis juin 2022, 4 établissements publics d’enseignement et 6 projets alimentaires territoriaux (PAT) se sont constitués en réseau autour d’un acteur fédérateur : le pôle agroalimentaire de la Loire.

La politique publique de soutien au développement des Projets alimentaires territoriaux (PAT) vient de fêter ses 10 ans. Ils ont été institués par l'article 39 de la loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt de 2014. Ils sont définis comme "visant à rapprocher les producteurs, les transformateurs, les distributeurs, les collectivités territoriales et les consommateurs et à développer l'agriculture sur les territoires et la qualité de l'alimentation". L’objectif initial était d’avoir au moins un PAT par département. Il est largement dépassé aujourd’hui puisque leur nombre est passé de 47 en 2017 à 454 en 2025 d’après le portail France PAT, avec un développement massif récent favorisé dans le cadre du Plan de relance. 

De nombreux établissements publics d’enseignement agricoles participent au PAT de leur territoire selon des modalités et des implications variées. Une réunion entre animateurs de réseaux thématiques pour l’enseignement agricole a été l’occasion d’aller à la rencontre de plusieurs de ces établissements dans le département de la Loire qui, impliqués dans différents PAT, se sont organisés en réseau. 

La mise en réseau de plusieurs PAT et établissements : une initiative unique

Depuis 2022, cette mise en réseau concerne 5 sites d’établissements situés en Loire et Haute-Loire et le PAT avec lequel chacun travaille : le campus de Montravel avec le PAT de Saint Etienne Métropole, le site de St Genest Malifaux du campus Agronova avec le PAT des Monts du Pilat, le site de Précieux du campus Agronova avec le PAT Loire Forez agglomération, l’EPLEFPA de Roanne Chervé avec PAiT du Roannais, l’EPLEFPA Yssingeaux avec le PAiT jeune Loire. Cette mise en réseau est orchestrée par un acteur très spécifique du département de la Loire : le pôle agroalimentaire (Pôle Agro 42) qui est lui-même en relations avec plusieurs PAT : PAT de la Communauté de communes de Forez Est,  PAT de Saint Etienne Métropole et le PAT des Monts du Lyonnais.

Association loi 1901, à but non lucratif, le « Pôle Agro 42 » est né de la demande des entreprises de la filière. Il est historiquement soutenu par le Département de la Loire et appuyé par les Chambres consulaires de la Loire. Il fédère « de la fourche à la fourchette » les professionnels de toute taille : agriculteurs, artisans, industriels, distributeurs, restaurateurs, équipementiers, etc. Il a pour mission d'accompagner les entreprises de la filière alimentaire selon 4 axes : compétences, réseau, promotion des produits et savoir-faire, emploi et attractivité. Il propose ainsi des formations, des groupes d'échange de pratiques par métier (10 groupes pour 50 entreprises), une aide à la production et à la commercialisation des produits et des actions sur l'emploi et l'attractivité. Alice Mottet, la directrice du pôle explique les objectifs de cette mise en réseau : « Chaque établissement développe des actions spécifiques avec le PAT de son territoire.  La mise en réseau permet de partager les actions conduites qui sont souvent complémentaires entre elles, d’échanger les retours d’expérience, de démultiplier les actions dans d’autres territoires, de répondre ensemble à des projets … » En outre , « en réseau, les établissements sont davantage visibles et ont une plus grande force de frappe » complète Guillaume Leclerq, chargé de projet au campus Agronova.

Cette mise en réseau ne s’est pas faite par hasard, elle s’appuie sur un historique de collaboration depuis plus de 10 ans avec les établissements de la Loire, par exemple autour de la formation en maraichage Bio au campus de Montravel et autour de projets de formations pour le secteur agroalimentaire avec les autres établissements. Alice Mottet précise : « nous avions l’habitude de travailler ensemble et unprojet a permis de renforcer ces liens existants ». Il s’agit du projet Terralim qui a été piloté par l’INRAE de Montpellier entre 2019 et 2022 et qui a porté sur le développement de chaînes de valeurs territorialisées dans le Massif Central. Alice Mottet souligne : « La collaboration s'est faite aussi grâce à deux personnes en particulier : Martine Jeune au CFPPA de Montravel et Aurélien Quenard au pôle agro. Le pôle agro est intégré au monde de l'agroalimentaire, l’EPLEFPA de Montravel est intégré dans le monde agricole et le projet Terralim a permis de faire le lien entre les deux, notamment de mettre en lien les acteurs de la production et de la consommation et de s'intéresser aux questions de logistique. » Ensuite, les échanges initiés dans le cadre du projet ont perduré dans le cadre de réunions organisées par le pôle agro.

Cette mise en réseau autour des PAT est relativement récente car certains d’entre eux se sont structurés récemment (2022). Si elle a permis d’établir de l’inter connaissance entre les agents des établissements, leurs partenaires et faciliter les échanges entre les différentes expériences, cette mise en réseau cherche dorénavant à développer des actions en commun. Il s’agit par exemple : 

  • D’accueillir des collégiens dans différents établissements afin de développer des échanges de pratiques permettant de décloisonner les filières au sein des établissements. 

  • De développer les «défis agricoles culinaires », afin de sensibiliser les publics en formation aux liens entre les métiers et les activités depuis les modes de production jusqu’à la cuisine.

La transition agroécologique, bien présente dans les actions développées avec les PAT

De la « fourchette à la fourche »

Chaque établissement de formation développe des axes différents avec son PAT et des actions concrètes en faveur de la transition agroécologique : sensibilisation, produits bios et locaux à la cantine, expérimentations d'appui à l’installation selon des modes d’agriculture agroécologiques…. Au Campus Agronova, Guillaume Leclercq explique : Nous échangeons des contacts avec le PAT, l’établissement a accueilli une réunion du PAT (20 personnes). Le PAT a établi une liste de producteurs et une offre de produits locaux qui nous ont été utiles pour l’organisation d’un repas « manger bio et local ».  Un repas 100% bio et local a été proposé à l’ensemble des apprenants et du personnel, sur les 2 sites de Précieux et Saint-Genest-Malifaux. Nous avons organisé aussi un débat dans le cadre du festival Alimenterre, en présence d'Oliver Dickinson, réalisateur du film « Bienveillance paysanne ». Cet évènement a été un gros succès et a été fédérateur pour l’établissement. Il a fait réfléchir les apprenants et la communauté éducative sur la transition agroécologique et le changement climatique. Il montre que l’établissement n’est pas seul à se poser des questions et à envisager des solutions.   Son organisation a été possible grâce au soutien du PAT Loire Forez Agglomération, dans le cadre de l’axe de travail « Sensibiliser tous les acteurs à une alimentation saine, locale et durable ».

Le pôle Agro 42 souligne que les réflexions autour d'un approvisionnement local trouvent un écho de plus en plus favorable auprès des entreprises du territoire et que leur engagement sur ces questions peut avoir un impact favorable auprès des salariés actuels et futurs salariés en contribuant à donner davantage de sens à leur métier.

Quelques exemples

Avec le PAT St Etienne métropole, le campus de Montravel porte un espace test agricole. Cette activité s’appuie sur les compétences fortes de l’établissement en production maraichère et horticole. Sur 2 000 à 4 000 m² de terrain, il permet à un seul testeur d’évaluer sa production de maraîchage bio. Ensuite, le PAT suit les installations des agriculteurs avec la chambre d’agriculture et l’Adear. L’établissement participe aussi au projet européen Divin Food en collaboration avec le CRBA (Centre de Ressources de Botanique Appliquée) afin de développer la production de haricot viande, une variété particulièrement riche en protéines. Orane Larouère, chargée de projet précise les ambitions de ce projet : « Il vise plusieurs objectifs : promouvoir les espèces négligées, augmenter la diversité alimentaire, s’adapter au changement climatique, limiter les traitements chimiques, conserver de anciennes variétés et faire fonctionner l’économie locale. Il s’appuie sur plusieurs pratiques agroécologiques afin de cultiver et multiplier les semences sans traitement chimique dans le respect de l’environnement et de la santé humaine ». L’utilisation du haricot viande en cuisine est développée en coopération avec des chefs de cuisine. Au niveau interne, l’établissement a inscrit dans son PLEPA un axe portant sur la souveraineté alimentaire et la restauration collective. Il a par exemple instauré des « stages alimentation » durant lesquels les élèves de seconde imaginent des recettes, les cuisinent et les font déguster à la communauté de l’établissement.

L’EPLEFPA de Roanne Chervé est impliqué dans plusieurs actions du PAT. Françoise Valette, chargée de mission PAT du Roannais précise les contours du PAT : « Notre PAT regroupe 5 intercommunalités, 104 communes et 150 000 habitants, il est labellisé niveau 2 depuis 2021 et nos actions s’articulent autour de 5 axes de travail : produire mieux, approvisionner localement, consommer local, consommer mieux, réduire le gaspillage. »

Concernant l’axe « consommer» local », L’EPLEFPA de Roanne Chervé avait développé une plaquette d'informations sur la vente directe dans le cadre d’un projet CASDAR TAE+ intitulé « Roannais 4A » avec Agribio Rhône et Loire et Vivre Bio en Roannais. En 2022, 135 fermes ont été répertoriées avec un objectif de mise à jour de 2 fois par an. Lorsque le projet Casdar s'est terminé, c'est le PAT qui a repris ce travail de mise à jour bisannuelle. La plaquette est désormais en ligne sur le site de l’office du tourisme du Roannais.

Dans le cadre de l’axe « consommer mieux », une expérimentation de marchés solidaires itinérants a démarré en 2024. Douze marchés solidaires sont organisés par an en proposant des produits bio et locaux avec trois prix différents : un prix « juste », un prix attractif et un prix solidaire qui est plus cher. En 2024, 2 000 clients ont fréquenté les marchés pour un montant échangé de 20 000 €. Durant ces marchés, le producteur explique son mode de production au client. Des bénévoles se trouvent à l'entrée et à la fin du marché. L'enjeu est de faciliter la venue des acheteurs. Jennifer Lassene, directrice de l’exploitation, précise : « C’est notre établissement qui a accueilli le premier marché ; une perspective est de coupler cette action à des ateliers cuisine ». 

Pour l’axe « produire mieux », le PAT a fait appel à l’EPL de Roanne pour sa capacité à produire et pour sa mission de formation. Une enquête auprès des différents restaurants collectifs du territoire a montré que seulement 3 % des légumes vient du territoire. Face à ce constat le PAT a développé le projet "Educultive". Il s'agit d'un projet de maraîchage bio intensif. Roanne Agglomération a acheté des terrains et développe une parcelle en espace test qui permet d'accueillir quatre testeurs. Chaque testeur peut rester 3 ans. Les projets sont différents : maraîchage bio ou petit élevage. L'objectif est de développer des pratiques plus agroécologiques notamment en préservant la biodiversité et en implantant de l'agroforesterie. L'ambition est de développer l'offre pour la restauration collective. 

L’espace test est animé par l’association Etamine. « On travaille avec le lycée de Chervé et une dizaine d’établissements mais on ne pourra pas couvrir plus de 20 % de leurs besoins en légumes. C’est un projet sur le long terme, où la question du foncier agricole est centrale", précise Françoise Valette. Par ailleurs, l'association Agri bio développe 38 hectares de maraîchage dans le Roannais.

190 arbres ont été plantés ainsi que des haies et des petits fruitiers autour de la parcelle. La conduite de système de maraîchage intensif (technique Jean Martin Fortier) est réalisée par un maraicher qui maîtrise cette technique. La parcelle de maraîchage permet aussi de faire des travaux pratiques avec les apprenants selon des techniques de cultures différentes. Un plan de plantation et un plan de suivi de la biodiversité et de la consommation d'eau de la parcelle ont été définis. Depuis la rentrée 2024, les apprenants en BP REA (Responsable d’Entreprise Agricole) option maraîchage sont impliqués et les plantations auront lieu en 2025 2026. L’EPLEFPA de Roanne Chervé investit dans 1 800 m² de serres, vraisemblablement en plusieurs phases car l’investissement est conséquent. De son côté, Roannais agglomération a investi dans des bâtiments de stockage et pour faciliter la logistique. Afin de réapprovisionner sa restauration collective, Roannais agglomération ne se limite pas à la production : il a créé une structure de commercialisation afin de faciliter la facturation unique pour les deux sites de production et un projet de création de GIE est prévu en décembre 2025 afin de faciliter la logistique et la livraison. En faisant l'hypothèse que la restauration collective va confier 20 % de ses approvisionnements en local et qu’un hectare de maraîchage peut fournir 35 tonnes de légumes par an, il est possible de fournir 1 million de repas en ciblant sur les grosses cantines, les Ehpad et les restaurants collectifs volontaires. Les freins sont les coûts de production trop haut, les volumes trop faibles et la logistique trop compliquée : autant de défis que le PAT a décidé de relever.

Pour conclure

Les actions conduites par ces trois établissements dans le cadre de leur PAT illustrent comment la question alimentaire est une entrée très intéressante pour questionner les modes de production agricole et pour travailler sur la transition agroécologique. La diversité des formes de collaboration dans les PAT montre comment sont explorées différentes options agroécologiques face aux enjeux de souveraineté alimentaire, d’érosion des limites planétaires et de changement climatique. Pour les établissements, de telles collaborations sont cruciales pour permettre aux apprenants de développer des capacités à s'interroger et s’ouvrir « autrement » à l'innovation. 

Pour en savoir plus :

Les PAT :

Le pôle agroalimentaire de la Loire

Contacts

Avril 2025, Irène Allais et Patrice Cayre, animateurs Réso’them de l’enseignement agricole