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Rambouillet : Le méteil au service de la cohérence agroécologique

La ferme de la Bergerie Nationale, en action pour une agriculture durable depuis les années 2000, a réalisé une conversion à l’agriculture biologique en 2015. Elle mène une démarche de réduction de ses coûts de production en parallèle d’une recherche d’une meilleure valorisation de ses productions : simple à écrire sur le papier… Mais comment s’y prendre pour développer la viabilité économique tout en répondant aux attentes sociétales, dans un contexte périurbain ?

« Les choix d’aujourd’hui sont dans la continuité d’orientations prises depuis 20 ans », rappelle Gérald Roseau, Directeur d’exploitation agricole depuis un an après y avoir été salarié pendant 11 ans. Cela lui a permis de participer activement à la transition agroécologique de cette exploitation. « Nous avons fermé les ateliers vaches allaitantes et poules pondeuses, afin de rationaliser le travail et de baisser les charges. Le système de production s’est alors spécialisé sur les ruminants (vaches laitières et ovins viande), avec un objectif clair de valeur ajoutée ». 

Cette spécialisation s’est accompagnée :

- d’une évolution de l’assolement aujourd’hui presque entièrement consacré à la production de fourrages et cultures assurant l’autonomie alimentaire des troupeaux,

- de la conversion des 260 ha de Surface Agricole Utile (SAU) et du troupeau de vaches laitières à l’agriculture biologique de 2013 à 2015,

- de la transformation de toutes les matières premières produites par des entreprises sous-traitantes.

- d’une meilleure valorisation, notamment avec l’atelier « ferme pédagogique » de l’exploitation, enjeu fort pour la Bergerie.

Quel système fourrager en BIO, base de la ferme et structurant la transition agroécologique ? 

« Le méteil nous fait gagner en autonomie et en qualité fourragère. » évoque Gérald en expliquant les choix réalisés sur le système fourrager.  « Nous l’avons installé à la place des céréales, parce que nous préférons acheter de la paille plutôt que des concentrés et de l’engrais ! ». En effet, ce mélange d’avoine, de triticale, de pois et de vesce, sur 35 ha, couvre en grande partie les besoins en énergie et en protéines. Il peut être conduit en fourrage enrubanné ou conduit jusqu’à la récolte en grains selon les besoins et les conditions météorologiques de l’année. Cette production entre dans une rotation type de 7 ans avec 4 années de prairies temporaires (association graminées/ légumineuses) et 3 années de culture de céréales. En 2018, toutes les récoltes de méteil ont été conservées en enrubannage pour nourrir les troupeaux en dehors des périodes de pâturage.
Pour les accompagner dans ces innovations, Gérald note que « l’adhésion au Groupement des Agriculteurs Biologiques (GAB) Ile de France nous permet de bénéficier de formations et de nombreux échanges avec d’autres producteurs BIO. » Ainsi, différents essais ont eu lieu : mélanges différents, date de semis, date de récolte. « L’expérience aidant, la récolte précoce au stade immature, est actuellement suivie d’une interculture d’été de moha, trèfle, millet ou sorgho ».  Gérald rajoute : « Sur les parcelles, entre le semis et les récoltes, aucune intervention mécanique ou apport de fertilisant n’est nécessaire. Seuls les 15 ha de blé ont droit à un passage de houe rotative et de herse étrille. » donc une baisse de charges supplémentaire. Avant amendement, tous les fumiers des troupeaux sont compostés, ainsi le cycle de la matière organique, fondamental en agroécologie, est respecté. La vie biologique du sol est favorisée mais il semblerait nécessaire de la stimuler par un amendement en magnésium ou en soufre : affaire à suivre…

Les méteils, source de flexibilité et de sécurité alimentaire

Gérald et Cédric, un des salariés, s’occupent de la commande des semences, et gardent une traçabilité des mélanges testés et des pratiques, pour une amélioration continue. Ainsi, des méteils « classiques » (triticale, avoine, pois fourrager, vesce et trèfle), avec les différences de maturité de chaque plante, n’ont pas toujours la richesse protéique et la digestibilité recherchée. L’exploitation teste donc des mélanges plus protéinés (avoine, pois fourrager, vesce, féverole), avec des variantes de proportions et la présence ou pas de trèfle. L’idée est de les récolter plus tôt, à un stade encore immature pour la céréale, plus riche et digestible, et permettant d’implanter une culture estivale.

Mais alors, quels troupeaux pour quels produits transformés ? et quels circuits courts ? Dépenser moins, mais aussi valoriser mieux.

Gérald insiste sur la démarche, déjà bien engagée, de valorisation des produits : « Les 65 vaches laitières Holstein et quelques Montbéliardes, produisent environ 1000 litres de lait par jour ; celui -ci est transformé en yaourts et fromages par deux prestataires installés sur le site. »
De même, le troupeau ovins viande, constitué de 200 brebis Romanes très prolifiques et 200 brebis Mérinos de Rambouillet, n’est pas encore certifié bio mais les agneaux comme les brebis de réforme sont très bien valorisés par différents conditionnements : carcasses pour les grandes surfaces locales, caissettes, produits transformés (terrines, tajines, saucissons…). La certification bio est envisagée pour le printemps 2019.
N’oublions pas la spécificité de la Bergerie Nationale : la production unique de laine de Mérinos de Rambouillet, laine très fine, permettant la production d’écharpes et d’étoffes de grande qualité.
Tous ces produits sont à retrouver dans la boutique gourmande du site et lors de différents évènements.
Gérald souhaite aller plus loin : « Il nous reste à mieux valoriser le blé (15 ha) c’est ce qui est en projet avec la transformation en pain BIO pour la cantine de l’établissement. »
Bien évidemment, cette démarche est complémentaire de la ferme pédagogique qui accueille actuellement 115 000 visiteurs par an (écoles, collèges, lycées mais aussi entreprises, particuliers…), contribuant à plus de la moitié du chiffre d’affaire avec les 2/3 du personnel (14 salariés en tout sur l’exploitation). Ainsi, les visiteurs sont aussi des acheteurs potentiels à la boutique gourmande et un salarié se consacre désormais au marketing et à la commercialisation. La situation péri-urbaine de la ferme s’est donc transformée en atout, la qualité des produits de l’exploitation est donc un gage de réussite et fait la fierté de tous les salariés de l’exploitation !

Et les formations dans tout ça ?

L’image de l’exploitation auprès des enseignants et des apprenants du CFA/CFPPA a également évolué et la ferme a retrouvé une place dans l’établissement pour « enseigner à produire autrement ». Des articles réguliers dans le bulletin de la Bergerie, des visites, comme des projets de communication contribuent à faire mieux connaitre la transition agroécologique de la ferme. Il est également prévu que les apprenants participent à des diagnostics de durabilité comme IDEA4 pour travailler ensuite sur de nouvelles pistes d’amélioration … Lors de stages, la ferme est également support de formation pour des enseignants et directeurs d’exploitation.

La Bergerie 2018 en chiffres

SAU : 260 ha en bio dont 35 ha de méteil, 15 ha de blé panifiable, 2ha de verger agroforestier, le reste en prairies 
Vaches laitières : 65 vaches Prim’Holstein niveau d’étable : 6600 KG/Vache Laitière
Ovins Romane : 200 brebis, 290 agneaux vendus
Mérinos de Rambouillet : 180 brebis, 30 béliers, (objectif conservation de la race et valorisation sur créneaux spécifiques (laine, conserves cuisinés)
Commercialisation : Lait vendu aux entreprises sur le site (prix du lait 0,55€ le litre), agneaux et brebis de réforme entièrement vendu en direct en caissettes ou transformés ou en carcasse (Leclerc local) Activité tourisme, ferme pédagogique et boutique gourmande : 115000 visiteurs en 2017, plus de la moitié du chiffre d’affaires de l’exploitation
ETP : 14
Chiffre d’affaires 2017 : 1 100 000€
« En questionnement » : faut-il agrandir le verger en agroforesterie pour avoir un atelier rentable avec un personnel dédié ? Est-il envisageable de faire pâturer du blé par les moutons pour désherber et favoriser le tallage ? 

Contacts utiles

Directeur de l'exploitation : Gérald Roseau, gerald.roseau(at)educagri.fr 
Directeur de la Bergerie Nationale  : Roland Delon, roland.delon(at)educagri.fr 

Décembre 2018 – Françoise Degache, Claire Durox, Jean-Marie Morin, Jean-Luc Toullec et Emmanuelle Zanchi (animateurs Réso’them de l’enseignement agricole)