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Neuvic : l’agriculture biologique pour la cuisine centrale et pour la notoriété de l’établissement

Dans les années 70, l’établissement de formation agricole de Neuvic a été le premier à proposer un BTS Gestion et Protection de la nature. 50 ans après, la conversion de son exploitation est donc une évidence pour son directeur. Sans compter que la ferme du Manus pourra ainsi fournir les 20% de produits bios à la cuisine centrale, conformément à la loi EGalim.

Sur cette ferme de Haute-Corrèze, des personnages ont marqué l’histoire du site : le comte d’Ussel, Henri Queuille…Depuis 1921, différentes productions se sont succédées: moutons, porcs, vaches laitières, mais aussi une école de bergers, un centre d’insémination pour des chevaux puis un golf toujours présent. La ferme est donc « centenaire et représentative des mutations de l’agriculture » précise Bruno Botuha, directeur de l’exploitation. 

Actuellement, la ferme, sur 148 ha majoritairement en herbe, a recentré son activité autour de deux ateliers :
- Un atelier de 85 vaches allaitantes de race Limousine permettant de commercialiser de jeunes bovins de 12 à 18 mois,
- Un atelier d’accueil labellisé « ferme pédagogique » proposant des visites et des animations. L’activité d’élevage, 150 ruches en production (abeilles noires du Limousin), 20 coqs de pêche élevés pour la confection de « mouches » et une centaine de pommiers de variétés locales pour du jus de pommes, sont à découvrir lors de ces visites.

Des travaux en agroécologie vers de nouveaux projets

Depuis 2010, l’établissement a été impliqué dans différents programmes : BiodivEA   pour   des travaux sur la biodiversité, le concours des prairies fleuries, la préservation des zones humides et la mise en défens de cours d’eau avec l’installation d’abreuvoirs…Ces actions, menées dans le cadre d’un projet   "Transition agro-écologique des exploitations agricoles et ateliers technologiques de l’enseignement agricole" financé par le CASDAR, permettent d’enrichir les visites proposées par la ferme pédagogique.

Pour améliorer l’accueil des visiteurs, environ 450 par an, une miellerie avec un bâtiment éducatif est en projet.

Les pratiques agroécologiques en cours permettent à l’exploitation d’envisager une conversion à l’agriculture biologique avec peu de changements techniques.  De plus, la construction d’un nouveau bâtiment permettra l’amélioration des conditions d’élevage.

 

L’EPLEFPA de Haute Corrèze gère une cuisine centrale assurant 1500 repas par jour pour 3 lycées (dont 2 de l’Education Nationale), un collège, des écoles et un centre aéré. L’exploitation a donc un débouché commercial possible en interne pour   fournir les 20% de produits bio nécessaires en 2022  comme le demande  la loi EGalim.

Eric Cazassus, directeur de l’établissement, précise aussi l’intérêt de cette conversion par rapport au devenir des BTS GPN : « on a un taux d’insertion à 78% à 18 mois, puis certains jeunes ont des projets d’installation après 3 à 5 ans avec de nouvelles orientations comme le maraichage bio ».

Il rappelle également l’évolution du profil des apprenants avec des « hors cadres familiaux, non issus du milieu agricole » et des projets atypiques de plus en plus. « Nos formations et nos exploitations doivent aussi répondre à cette nouvelle situation et à ces nouveaux métiers possibles ». Des attentes sociétales sont en jeu, l’établissement a donc pour mission de « servir de lieu d’échanges et de montrer aux professionnels qu’il est possible de concilier écologie et économie ».  

Des projets pédagogiques qui impliquent toutes les formations

L’établissement est spécialisé dans les formations aux métiers de l’environnement et des territoires ruraux : BTSA GPN, Bac pro GMNF, BTS DATR au lycée et métiers du golf au CFPPA.  Pour « enseigner à produire autrement » dans ces formations, Carine Rougier, enseignante en aménagement des espaces naturels, précise « on doit mettre de l’agronomie dans l’écologie ! ». Etant référente EPA, elle est chargée du lien entre la pédagogie et l’exploitation pour conforter la ferme dans ses orientations.

 « Chaque filière a un projet sur la ferme » précise Carine, par exemple, le suivi des protocoles de l’Observatoire Agricole de la Biodiversité (OAB), le diagnostic des haies pour l’estimation du volume de bois litière et le plan de gestion, la mise en place d’un sentier d’interprétation pour la ferme pédagogique via des médias novateurs.

Deux plantations de pommiers en agroforesterie sont prévues, sur une parcelle déboisée de 300m2 et sur deux hectares près du golf.  Ces parcelles permettront une rotation prairies temporaires /cultures et une augmentation de la production de jus de pommes, pour les ventes lors des visites et animations de la ferme pédagogique.

Suite aux travaux précédents sur les mises en défens de cours d’eau et la construction d’abreuvoirs, un travail similaire est également prévu autour de mares avec l’accompagnement du conservatoire des espaces naturels et des financements du conseil régional de Nouvelle Aquitaine .

Sur les haies, en lien avec le rucher, un recensement des espèces mellifères est prévu et des plantations pourraient être envisagées pour améliorer leur capacité mellifère et la production de miel au rucher.

Bien entendu, dans le cadre de la conversion à l’AB, les BTS GPN dans le MIL agroécologie, seront chargés de suivis techniques avec l’appui d’Agrobio 19, « pour une comparaison avant/après » précise Carine et « pourquoi pas avec des essais d’engraissement d’animaux à l’herbe, ce qui serait cohérent avec le concours de prairies fleuries ». Les BTS DATR seront chargés d’une étude de la filière « bovins viande bio » et de toutes les solutions de commercialisation sur le territoire.

Le dynamisme de l’établissement de Neuvic ne se dément pas, la conversion à l’AB comme tous les projets pédagogiques permettent bien de répondre à la triple performance de l’agroécologie : sociale, économique et environnementale.


Pour en savoir plus : chiffres clés de l’exploitation  

Site de l’établissement : http://www.epl-haute-correze.fr/neuvic/ferme-du-manus-neuvic/

Directeur d’EPL : Eric Cazassus, eric.cazassus(at)educagri.fr

Directeur d’exploitation : Bruno Botuha, bruno.botuha(at)educagri.fr

Enseignante, référente EPA : Carine Rougier, carine.rougier(at)educagri.fr


Février 2020 - Cédric Boussouf, Françoise Degache et Hervé Longy, animateurs Réso’them de l’enseignement agricole