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Animation et développement
des territoires
de l'enseignement agricole

Mirecourt : produire du lait de façon automne, économe et socialement acceptable, c’est possible.

Un groupe formé de représentants des établissements de Tours-Fondettes et d’Ahun (directrices d’exploitations agricoles, salariés et professeurs), accompagnés d’un animateur Réso’them, se sont rendus en décembre dernier dans le bassin laitier des Vosges pour découvrir un mode d’élevage automne économe et socialement acceptable. Retour sur ce voyage d’étude…

Mirecourt, deux exploitations reconnues pour leurs contributions à l’acquisition de références dans des systèmes à bas intrants

S’il y a des lieux bien pourvus dans la recherche et l’innovation agricole, le territoire de Mirecourt en fait partie. En effet la ferme de Braquemont du campus agricole et forestier de Mirecourt et la station expérimentale de l’INRAE montrent des systèmes laitiers innovants à bas intrants pour lesquels plusieurs années de fonctionnement attestent leur efficacité économique.

« Nous ne travaillons pas contre la nature mais avec la notion de sol-climat. Il faut prendre conscience qu’il y a des assolements adaptés aux potentiels pédoclimatiques » introduit Franck Sangouard, directeur de l’exploitation de la ferme de Braquemont. Une visite des ateliers de production montre les différentes catégories d’animaux dans leur milieu. Les ovins sont principalement conduits en plein air sur des parcelles n’appartement pas à l’exploitation. Franck nous relate que ce mode de pâturage existait déjà au moyen âge et se dénommait la vaine pâture. L’hétérogénéité de la couleur des robes des vaches laitières étonnent les visiteurs. En effet suivant les différentes races ascendantes, les robes des vaches arborent différentes couleurs. Franck nous dévoile qu’il recherche, avant tout, des vaches bonnes marcheuses qui peuvent parcourir 2 km par jour pour aller pâturer. “il a fallu 20 ans pour sélectionner des vaches adaptées à nos conditions avec un format plus petit, des aplombs irréprochables, des mamelles saines” complète-t-il. L'étude des marges brutes montre des systèmes économiquement performants qui permettent de rémunérer correctement la main d’œuvre salariée pour laquelle une prime annuelle conséquente est attribuée en fonction du montant de la CAF. “il est important que ceux qui travaillent ait une rémunération décente et que chacun d’eux aient des responsabilités” insiste Franck. Le premier soir se termine autour d’une dégustation de produits locaux qui permettent une nouvelle fois au directeur d’exploitation de rappeler que « l’assiette de demain doit être composée à portée de vélo. “L’assiette 2050 sera composée bien majoritairement de végétaux, mais une part de produits animaux valorisant des zones herbagères sera nécessaire » conclut Franck Sangouard.

Le lendemain, les participants se sont rendus sur l’unité Aster de l’INRAE de Mirecourt. Le projet de l'unité est centré sur les relations entre agricultures et territoires pour accompagner les transformations des systèmes sociotechniques agricoles vers une meilleure durabilité environnementale. Thomas Puech a d’abord fait un historique des deux systèmes laitiers autonomes. Il ai insisté sur le choix de la conduite en AB qui donnait plus de cohérence à leur système économe en interdisant l’achat de produits phytosanitaires et d’azote minéral. Un troupeau était conduit en système purement herbager avec des vêlages au printemps, l’autre également en système herbager mais avec des vêlages d’automne illustrait une conduite   de polyculture- élevage . 

700 kg de lait par vache différenciait les deux systèmes ce qui correspondait également à la quantité de céréales annuelle distribuée par vache à l’un des 2 troupeaux.

Depuis quelques années la mono-traite est pratiquée sur le troupeau des vaches laitières. “Cela permet aux animaliers d’embaucher au même moment que les autres agents, c’est une véritable mesure sociale” insiste Thomas.

Paroles de visiteurs

Stéphane salarié : “Voir du pic et du carreau dans les vaches, je n’y suis pas habitué. Mais économiquement ces deux systèmes fonctionnent. Cela interroge, mais il faut une transition douce pour qu’elle soit comprise

Lucas salarié “ Ce que j’ai vu, c’est intéressant, mais c’est à l’opposé de mes habitudes. Le croisement des races ça ne fait pas trop de lait, il faut peut-être des races plus rustiques pour faire un peu plus de volume de lait, tout en étant moins fragile”

Eric salarié “ J'ai adoré ces visites. La visite de la ferme de Braquemont me fait beaucoup réfléchir, car c’est transposable chez nous et c’est un système qui est économiquement très efficace. Chez nous le système est techniquement opérationnel mais économiquement ça ne paie pas”

Chrystelle professeur “Ces projets tiennent à la bonne volonté des hommes qui les portent depuis des années. Ils vont vraiment dans la bonne direction. Introduire le projet par l’assiette 2050 est une bonne idée. La réflexion entre feed et food est intéressante”

Bastien professeur “je suis content de m’être déplacé pour voir des systèmes herbagers sans intrant très acceptable socialement. Cela me conforte mes convictions et me donne l’assurance pour porter un projet ambitieux dans notre établissement”

Dominique directrice d’exploitation “Se rendre sur place permet de voir les points forts et les points faibles des systèmes, c’est essentiel. J’ai beaucoup appris sur la mono-traite. En plus cela nous permet de prendre du recul sur notre exploitation. Des solutions peuvent émaner comme revoir notre assolement, remettre plus d’herbe dans la ration. C’est en allant voir ailleurs qu’on trouve des solutions”

Emilie directrice d’exploitation “ C’est très intéressant de voir des systèmes où les réductions des intrants sont poussées à l’extrême et qui sont performants économiquement avec un travail simplifié. On est intimement convaincu que c’est là qu’il faut aller, mais on craint trop d’échouer et de ne pas pouvoir faire machine arrière. Il faut maintenant dépasser les blocages psychologiques pour passer à ces pratiques. Ça fait du bien de sortir et discuter hors du cadre” 

 

 

 

Donner à voir pour réfléchir” résume l’ambition de ce déplacement de deux jours.  L’objectif est atteint : “la mixité du groupe pour casser les codes, l’immersion dans une région différente, la découverte, les échanges entre pairs sont très efficaces pour prendre du recul sur nos pratiques, bousculer nos repères, nous préparer à nous adapter au changement climatique. Cette expérience est à renouveler” précisent les visiteurs à l’heure du bilan. 


Participants :  

Dominique Carrere, directrice d’exploitation de l’EPLEFPA Ahun : dominique.carrere(at)educagri.fr 

Emilie Recoules directrice d’exploitation de l’EPLEFPA de Tours Fondettes :   emilie.recoules(at)educagri.fr  

Lucas Thelin, salarié de l’EPLEFPA de Tours Fondettes :  lucas.thelin(at)educagri.fr 

Stéphane Pioger, salarié de l’EPLEFPA de Tours Fondettes :  stephane.pioger(at)educagri.fr

Eric Vivion, salarié de l’EPLEFPA d Ahun : eric.vivion(at)educagri.fr 

Christelle Alonzeau, professeur de zootechnie de l’EPLEFPA de Tours Fondettes : christelle.alonzeau(at)educagri.fr 

Bastien Perrodeau, professeur d’agronomie de l’EPLEFPA de Tours Fondettes : bastien.perrodeau(at)educagri.fr 

 

Franck Sangouard, directeur d’exploitation de l’EPLEFPA de Mirecourt : franck.sangouard(at)educagri.fr 

Thomas Puech, ingénieur de recherche INRAE de Mirecourt : thomas.puech(at)inrae.fr


 

Janvier 2025 – Hervé Longy, animateur Réso’them de l'enseignement agricole