Mai 2025 - Marie-Pascale Vincent, chargée de communication à l'Institut Agro de Florac.
Printemps des transitions 2025 - Marmilhat : Sensibiliser autour de la gestion de l’eau
Irrigation, effluents d’élevage, réglementation phytosanitaire, gestion alternative des eaux en milieu urbain, leviers pour s’adapter au changement climatique en horticulture, etc., en 2025, la journée agroécologique/Printemps des transitions de l’Établissement public local d'enseignement et de formation professionnelle agricole (EPLEFPA) de Marmilhat consacrée chaque année à l’adaptation au changement climatique s’organisait autour du thème de l’eau. Outre des conférences, des ateliers autour de la consommation de l’eau en agriculture et/ou les usages domestiques, un ciné-débat était proposé aux élèves. « Nous avionsinvité l’association Landestini qui animait ces ateliers, mais aussi des professionnels de la gestion de l’eau. De la fédération régionale de l’agriculture biologique en passant par des acteurs de la communauté de communes ou encore un agriculteur de la ferme coopérative de Voloteux, nous avons voulu varier les approches. Il s’agissait de proposer différentes visions aux élèves », explique le directeur, Noël Boissonnade.
Une journée pour sensibiliser
Marmilhat, premier lycée agricole de la région Auvergne-Rhône-Alpes en termes d’effectifs, compte 1200 apprenants environ, au total, de la 3ᵉ jusqu’aux formations adultes, BTS et licence, prépa Véto post bac et post-brevet de technicien supérieur agricole (BTSA), en passant par l’apprentissage avec des filières générales et professionnelles, aménagement paysager, horticulture, conseil et vente, transformation alimentaire, etc. L’établissement et ses deux exploitations (horticulture et élevage) sont situés en plaine de la Limagne, en périphérie de Clermont-Ferrand. Les terres cultivées sont traversées par la rivière Le Bec et de ce fait, « l’exploitation dédiée à l’élevage estdirectement concernée par la préservation de la ressource naturelle en eau. Les BTS Analyse, conduite et stratégie de l'entreprise agricole (ACSE) sont largement associés par son directeur, Jacques Lassalas, à la gestion de ce cours d’eau. Une réflexion est également en cours pour utiliser les eaux de drainage du Bec quand celui-ci est en crue. L’exploitation horticole, sous la direction de M. Mulon, a un projet de récupération des eaux de pluie qu’elle souhaite stocker et utiliser pour l’irrigation », détaille Ghislain Favergeat, directeur adjoint de l’EPL (1). « Au delà de ces applications concrètes, la journée banalisée Printemps des transitions avait un but plus large : sensibiliser l’ensemble des filières à la gestion de la ressource en eau. Ces animations sont propres à susciter les réflexions, nous voulons donner les moyens à chacun d’être capable demain, en situation professionnelle, de construire un raisonnement adapté. Avec la rénovation récente des diplômes et des référentiels, nous nous appuyons de plus en plus sur une pédagogie de projets menés en pluridisciplinarité » estime Noël Boissonnade.
S’inscrire dans un développement durable
Alors que l’établissement vient d’obtenir la labellisation E3D (5), niveau 2, la journée agroécologie/Printemps des transitions fait partie d’une dynamique globale en faveur du développement durable sur l’EPLEFPA. « De nombreux projets innovants menés sur les exploitations vont en ce sens : tests de variétés d’orge hybride, lutte biologique en horticulture, projet Capillum avec 4 établissements, conduite du troupeau selon un bilan bas carbone ou encore le projet Végétadin qui s’inscrit dans une logique de réduction des intrants et de la préservation de l’eau, explique Nizan Houssami, directeur adjoint de l’EPL. « Avec les élèves écoresponsables nous travaillons sur l’alimentation et de la réduction des déchets. Les modules comme l’Éducation socio culturelle, les modules Enseignement à l’initiative de l’établissement (EIE) ou Enseignement d’initiative locale (EIL) servent aussi à mener des projets autour des transitions » détaille aussi Nizam Houssami. C’est le cas de l’option Écologie Agronomie Territoires et Développement Durable (EATDD) qui cette année avec deux classes de Seconde générale explore le thème de l’eau. Des élèves proposaient d’ailleurs une séquence « Alors on joue ?! » lors de cette journée Printemps des transitions. « Les options Agronomie Economie Territoires (AET) et EATDD associent des enseignants de plusieurs matières. Mon collègue Antoine Pacques leur a proposé de faire des visites. En parrallèle, après avoir fait des recherches avec moi, certains ont conçu et réalisé plusieurs jeux sur le thème de l’eau », raconte Marie Saurin enseignante en biologie écologie. La déclinaison du jeu du loup garou présentée par les élèves compte parmi les personnages, une sorcière et un défenseur de la rivière. Et sur chaque carte du jeu des 7 familles, figurent des chiffres et infos clés sur la gestion de l’eau. « On espère qu’à la fin de la partie, déclare Angéline, l’une des conceptrices du jeu, les participants garderont une trace de ces informations… »
(1) : établissement public local
Zoom sur les conférences
Réglementation phytosanitaire
Depuis le Grenelle de l’environnement en 2007, les politiques publiques cherchent à réduire l’usage des produits phytosanitaires. Formation à l’utilisation efficiente de ces produits, expérimentations et recherches autour de solutions alternatives innovantes se sont développées sans pour autant atteindre les objectifs fixés. Lors de cette conférence, Charles Bessière, formateur au CFPPA est aussi revenu sur les problématiques de main-d’œuvre, les aléas climatiques qui freinent les évolutions agricoles. Néanmoins, les solutions alternatives comme les semis sous couverts, les cultures en association se développent. Et c’est dans la combinaison de solutions que se trouverait une réponse possible.
Les différents leviers pour s’adapter au changement climatique
Le climat du sud de l’Espagne à Clermont-Ferrand en 2100… Les prévisions climatiques ainsi que les impacts de l’agriculture intensive sur le fonctionnement des milieux naturels depuis le remembrement ont exposées par Myriam Desanlis ( FRAB AuRA) d’après des documents de l’ADEME. Ils auront sans doute marqué les esprits. Alors que les maraîchers sont déjà confrontés aux aléas climatiques, le blanchiment des serres, les cultures placées à l’ombre, l'adaptation des espèces, le développement des haies font partie des solutions testées pour retrouver des systèmes de production plus respectueux des milieux naturels et des ressources en eau.
Une vision collective de l’agriculture
Depuis plus de vingt ans, entre Valence et Crest, la ferme de Voloteux développe un modèle coopératif en agriculture sur une trentaine d’hectares avec maraîchage en plein champ et sous serre, des arbres fruitiers et des céréales. Depuis sa création en 2011, d'autres projets se sont développés : un jardin pédagogique, une pépinière, un fournil… my Léger a témoigné de son quotidien au sein de ce collectif qui, au-delà des questions purement agricoles et de préservation de la biodiversité, travaille à concilier, emploi en agriculture et vie de famille, revenus décents et logements accessibles à tous. ²
Le milieu urbain concerné
Si bien des conférences tournaient autour de l’agriculture, alors que le site de Marmilhat se situe à proximité de Clermont-Ferrand, plusieurs interventions étaient consacrées aux transitions qui s’opèrent aujourd’hui en milieu urbain. Deux interventions de Clermont Auvergne Métropole portaient sur « l’épuration de l’eau usée et la réutilisation des eaux non conventionnelles » et « Les ressources en eau de la métropole et l’usine de traitement de l’eau potable ». Le CAUE 63 a présenté « Villes perméables : gestion alternative des eaux pluviales et de ruissellement ».
