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Les abeilles sauvages de l’enseignement agricole

« Il faut avoir la nervure basale dans l’œil ! ». Treize enseignants et techniciens du réseau Apiformes de l’enseignement agricole ont apporté des boîtes d’abeilles sauvages à la formation organisée à la Bergerie nationale les 30 novembre, 1er et 2 décembre 2021. Les spécialistes de l’INRAE d’Avignon vérifient les collections d’abeilles sauvages des établissements. Ces spécimens ont été collectés avec les élèves dans les exploitations agricoles pendant ces deux dernières années.

 

Dans un contexte d’effondrement de la biodiversité et de changement climatique, le réseau Apiformes a comme objectif de sensibiliser des agriculteurs, des futurs agriculteurs et d’autres publics à l’observation des abeilles sauvages et la pollinisation. Dans les établissements volontaires, les enseignants et les techniciens encadrent des élèves pour collecter et identifier les insectes. Cette connaissance doit leur permettre de mieux prendre en compte la biodiversité dans la gestion des cultures et de l’environnement. Cet exercice montre aussi aux apprenants l’importance de la rigueur du suivi d’un protocole scientifique et de l’utilisation d’une grille d’identification. La préparation des animaux (étalement des ailes, des mandibules, extraction des genitalia, etc.) n’est confiée qu’à certains élèves, car cette délicate étape requière minutie et patience pour ne pas abîmer les spécimens. En règle générale, ce travail revient souvent aux enseignants et techniciens. Les BTS GMNF et GPN, les bac pro STAV sont les classes dans lesquelles s’intègrent le plus facilement ces travaux. Mais les clubs nature ou apiculture, les écodélégués sont aussi des groupes intéressants à mobiliser. Un stagiaire ou une décharge de temps d’enseignement (Tiers temps) peuvent aussi apporter une aide précieuse pour ces projets chronophages.

Certains élèves rechinent à tuer des insectes. Les enseignants doivent argumenter : cette phase est indispensable à ce stade car les critères d’identification sont parfois microscopiques. Les prélèvements sont minimes par rapport aux multiples dangers mortels auxquels ces animaux sont confrontés. Un autre argument philosophique est aussi avancé : « Ce qui n’est pas nommé n’existe pas ».

Des évènements comme la fête de la Science, la journée de l’agro-écologie, la semaine de la biodiversité… sont autant de possibilités pour valoriser l’engagement de l’établissement dans le réseau. La biodiversité locale, via les collections, est montrée auprès des équipes éducatives, des apprenants et des autres publics du territoire.

 

Une première identification est réalisée sur la famille et le genre dans les établissements. Laurent Guilbaud et Bernard Vaissière de l’INRAE d’Avignon et Christophe Philippe du LEGTA de Cahors contrôlent les échantillons à Rambouillet. « La discoïdale en S est un critère déterminant. »  Le sexe et le genre de l’animal sont confirmés. Les boîtes sont évaluées : quantité et diversité des échantillons, montage des abeilles, remplissage et taille des étiquettes, hauteur sur les aiguilles… tout est scruté et ajusté !

 

Les spécimens sont ensuite rassemblés par genre pour être envoyés aux spécialistes européens qui en détermineront l’espèce. L’année suivante, ils sont de nouveaux assemblés selon leur origine géographique. Les plus beaux spécimens constitueront les collections pédagogiques des établissements.

Les résultats récoltés grâce à ce dispositif de sciences participatives, viennent enrichir les connaissances sur la biologie et la distribution les données et la répartition des abeilles dont beaucoup espèces sont mal connues. Ils donnent des indications sur la biodiversité locale et une meilleure connaissance des répartitions des espèces au niveau national.

 

Le saviez-vous ?

Les plus grosses abeilles sont les Xylocopes (les abeilles charpentières) et les plus petites sont les Nomicides. Avec leur 3 à 5 millimètres de long, il faut les regarder de très près pour admirer leurs yeux verts sur une tête jaune.

 

 

Une première phase de 2009 à 2012 a initié la récolte des données avec l’engagement de 23 établissements. Ainsi 4574 spécimens ont été prélevés. 195 espèces abeilles sauvages ont été identifiées et localisées sur les exploitations agricoles des EPLEFPA (Etablissements publics locaux d'enseignement et de formation professionnelle agricoles).

La deuxième phase de 2017 à 2021, malgré la crise sanitaire, a enrichi la base de données avec une vingtaine d’établissements. Grâce au reversement des informations dans les carnets de terrain de la plateforme https://www.florabeilles.org/, les données sont consultables par tous.

C’est sur la base des 12000 échantillons fournis, qu’une troisième période devrait commencer en 2022 avec l’intégration du dispositif  PhytAbeilles. Tout en gardant les objectifs pédagogiques et d’inventaire, ce programme intègre une autre dimension, celle de l’impact des traitements phytosanitaires sur l’abondance et la diversité des abeilles. Comme dans les phases précédentes, il sera co-piloté par l’Unité de Recherche Abeilles et Environnement de l’INRAE d’Avignon et le CEZ-Bergerie nationale de Rambouillet. Les établissements présents dans le réseau vont continuer leur engagement, rejoints par quelques nouveaux établissements dont les exploitations engagées dans Ecophyto.

Etablissements présents :

Les EPLEFPA de Morlaix, de l’Oise/ Beauvais, de Nérac, d’Oloron Ste-Marie, de Meurthe et Moselle, de Vic en Bigorre, de Cahors, de Bourg en Bresse, de Digne-Carmejane, de la Cote St-André, de Belleville sur Saône et de Metz Courcelles Chaussy.


Contact utile :

  • Bernard Vaissière - UR 406 Abeilles & Environnement - Laboratoire Pollinisation & Écologie des Abeilles -INRAE Avignon, bernard.vaissiere(at)inrae.fr

 

Décembre 2021 - Marie-Sylvie Auffret, CEZ-Bergerie nationale de Rambouillet