“Notre objectif est que l’exploitation reflète ce que les élèves rencontreront dans les fermes de la région” explique Christophe Lebret, directeur de l’exploitation de La Touche. Ce lycée agricole, au cœur de la Bretagne, est un exemple emblématique d’une exploitation moderne alliant performance et innovation. Il ne se contente pas de former les futurs professionnels du secteur agro-alimentaire, il incarne également une vision novatrice de l’agriculture. Parmi ses nombreuses activités, les productions laitière et porcine occupent une place prépondérante, soutenues par des infrastructures de pointe.
Le bâtiment dédié à la production laitière, construit en 2018 pour un coût de 1,2 million d’euros, est équipé d’aménagements spécifiques pour les apprenants, notamment une salle de classe surplombant le troupeau et une salle de traite pédagogique. Cette stabulation à logettes, bien éclairée et ventilée, est très robotisée. Deux robots de traite permettent de traire les 120 vaches Prim’Holstein, tandis que deux autres robots repoussent les fourrages pour garantir un accès constant à une alimentation fraîche et adéquate. Enfin, un robot aspirateur à lisier assure une gestion hygiénique et efficace des déjections animales.
En plus de la production laitière, l’exploitation compte 4 000 porcs charcutiers issus d’un cheptel de 175 truies, réparties en 7 bandes. En 2021, la porcherie s’est équipée de cases de maternité “liberty”, offrant un espace plus vaste et confortable pour les truies et leurs portées. Ce système innovant favorise le bien-être des animaux, encourageant un comportement naturel et réduisant le stress. Des conditions d’élevage adaptées sont essentielles pour garantir à la fois la santé des animaux et la qualité des produits.
En 2012, l’exploitation a construit un méthaniseur, dans le but de valoriser les déchets organiques issus de l’exploitation. La capacité du générateur, renouvelé il y a deux ans, a été doublée, passant de 135 kW à 250 kW. En transformant ces déchets en biogaz, la méthanisation permet de produire de l’énergie renouvelable tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Cette initiative illustre parfaitement l’intégration des principes d’économie circulaire au sein de l’exploitation. Le digestat résultant de ce processus peut également être utilisé comme fertilisant pour les cultures.
Une partie importante de l’assolement est dédiée à la production de fourrage pour les vaches laitières, avec 57 hectares de maïs destinés à l’ensilage, 40 hectares de cultures dérobées et 4 hectares de betteraves fourragères. De plus, 30 hectares sont utilisés pour le pâturage des bovins, auxquels s’ajoutent 35 hectares de landes pâturées par des bovins allaitants.
Une part significative de l’assolement est consacrée aux cultures de vente, notamment le blé et l’orge. Une convention avec Arvalis permet également d’utiliser 15 hectares pour une plateforme de cultures spécifiques. En outre, une dizaine d’hectares est consacrée aux légumes de plein champ, tels que les petits pois et les haricots verts, destinés à l’entreprise D’Aucy.
Les Cultures Intermédiaires à Vocation Energétique (CIVE) permettent de maintenir un couvert permanent, qui est soit récolté pour le méthaniseur, soit directement restitué aux sols. La diversité des productions végétales est une caractéristique essentielle de l’exploitation du lycée, illustrant son engagement envers une agriculture plus durable et innovante.
"Une partie de notre exploitation jouxte la forêt de Brocéliande. Nous avons des vaches allaitantes qui entretiennent les landes, jouant ainsi un rôle de pare-feu pour protéger le massif forestier" explique Christophe Lebret. L'exploitation a choisi de conduire deux troupeaux de races rustiques : des Aubracs, issues d'un projet pédagogique, et des Armoricaines, une race locale et robuste. "Avec cette race, nous contribuons à la préservation des races endémiques" souligne t-il. De plus, les élèves participent avec cette race au Trophée International de l'Enseignement Agricole (TIEA) lors du Salon International de l'Agriculture. Enfin, l'exploitation propose la vente directe de caissettes de viande provenant des deux races.
Le lycée dispose également de deux bâtiments d’élevage avicole couvrant une surface totale de 2400 m². L'un de ces bâtiments accueille des dindons destinés à l'exportation vers les Pays-Bas, avec des normes strictes en matière de bien-être animal, notamment une densité d'élevage deux fois moins élevée que la moyenne. Cependant, ces infrastructures vieillissent et nécessitent une modernisation importante.
« Réaliser des supports de cours et d’organiser des travaux pratiques est primordial pour une pédagogie de terrain » confie Christophe Lebret. Lors de la visite des différents ateliers, nous croisons des groupes d’élèves habillés de combinaisons de différentes couleurs. En effet, le lycée a mis au point un système astucieux pour la sécurité sanitaire des élevages. Chaque couleur est affectée un élevage spécifique. Les combinaisons sont systématiquement lavées après la séquence de cours.
L’exploitation du lycée illustre une approche novatrice et productiviste, tout en prenant en compte le bien-être animal ainsi que les enjeux agronomiques et territoriaux en Bretagne. Grâce à l’innovation dans la production laitière, l’élevage porcin, la méthanisation et les diverses productions végétales, cet établissement prouve qu’il est possible de conjuguer performance économique, pédagogie et respect de l’environnement.
Christophe Lebret, directeur de l’exploitation : christophe.lebret(at)cneap.fr
Nicolas Jehanno, directeur du lycée agricole La Touche: nicolas.jehanno(at)cneap.fr
Site de l’établissement : https://www.lycee-latouche.fr/
Emmanuelle Zanchi, chargée de mission animation des territoires, DRAAF-SRFD Bretagne : emmanuelle.zanchi@agriculture.gouv.fr
Novembre 2024, Herve Longy, animateur Réso’them de l’enseignement agricole
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