Aller au contenu principal
Logo du ministère en charge de l'agriculture et de l'alimentation

Animation et développement
des territoires
de l'enseignement agricole

Juin 2016 - Regroupement 2016 "cultures pérennes" à l'EPLEFPA Olivier de Serres

Le 16 juin 2016 s’est tenu le regroupement « cultures pérennes » de l’Action 16 Ecophyto I à l’EPLEFPA Olivier de Serres, au Pradel, sur la thématique de réduction des produits phytosanitaires en viticulture et en arboriculture.

Des Directeurs d’Exploitation Agricole (DEA) et enseignants de divers établissements de l’Action 16 (EPL de Bordeaux, de Borgo, de Saint-Yrieix La Perche, du Valentin et d’Olivier de Serres), ainsi que divers partenaires (Réseau national Agronomie Ecophyto, réseaux DEPHY viticulture et arboriculture, INRA de Gotheron, Agri Bio Ardèche) se sont retrouvés pour échanger et partager leurs expériences.

Nous avons pu découvrir la démarche de réduction des intrants de l’EPL Olivier de Serres (systèmes vigne AB, vigne bas-intrants et vigne en agroforesterie), ainsi que deux fermes du réseau DEPHY (une en viticulture et une en arboriculture).

Retour sur les points forts de la journée, accueillie par l’équipe de l’EPLEFPA Olivier de Serres : Jean-Marc Giacopelli (DEA), Patrice Saussac (formateur CFPPA du Pradel), Matthieu Richard (salarié viticole), Marion Bealet (formatrice CFPPA) et Anne Gerin (enseignante EPA lycée agricole d’Aubenas).

Un vignoble bas-intrant en pleine restructuration et en constante adaptation

Le vignoble du Domaine du Pradel à l’EPL Olivier de Serres, d’une superficie de 10 ha, est aujourd’hui en pleine restructuration : 10% est renouvelé par an.  Situé en zone IGP Ardèche, différents  cépages sont cultivés : Grenache, Syrah, Merlot pour les rouges, Viognier, Ugni blanc, Grenache blanc pour les blancs. Ce vignoble produit 45hl/ha en moyenne sur des  sols argilo-calcaire en côteau  présentant 20 % cailloux basaltiques.

En termes de gestion des adventices, l’objectif est d’éviter le stress sur la vigne au printemps pour favoriser une bonne sortie de grappe et une bonne floraison. La réflexion menée est de laisser le système se « salir » un peu sur le rang et ne pas désherber tous les ans. Lorsque plus de 10% de vivaces sont observées, la décision de désherber chimiquement est adoptée. Cette règle permet de gagner quelques euros en achat de produits et de limiter le temps de travail. Pour approfondir leur réflexion sur la gestion des adventices, l’équipe du Pradel souhaiterait réaliser un diagnostic performant de la flore présente.

Pour gérer les principales pressions sanitaires que sont le mildiou et l’oïdium, et réduire l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, le modèle Opti-dose est utilisé. En combinant les informations données par le modèle et le Bulletin de Santé du Végétal (BSV), ainsi que l’expérience du salarié viticole, les doses de traitements et la date d’intervention sont raisonnées et adaptées.

Afin de limiter les risques liés à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, la cohérence entre le positionnement des traitements effectués et les courbes de précipitations d’infoclimat est analysé. L’objectif est de bien positionner les traitements avant ou après les pluies.

La force du système réside dans  une remise en question constante et une adaptation aux pressions, qui évoluent au cours du temps. 

Les résultats en termes de réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques montrent un IFT de 5, inférieur à l’IFT DEPHY vigne ardéchois de 12. Concernant la fertilisation, l’utilisation de compost et d’engrais verts enfouis a permis de faire progresser le rendement.

Des fruits et des arbres au milieu des vignes

L’arbre est-il vraiment un ennemi des vignes ? Sur une parcelle du Domaine Olivier de Serres, ont été plantés en 2012 des arbres fruitiers (pommiers, poiriers et amandiers) et des muriers sur 1,85 ha en rangs intercalés avec des plants de Grenache et de Syrah en IGP Ardèche, répartis en trois clones, afin de rechercher la meilleure résilience possible sur le terroir local. Les fruits et le vin sont destinés à la transformation et à la vente directe (vin, jus et pâtisserie locale) au magasin de l’exploitation.

Suite aux réflexions menées dans le cadre de l’Action 16 Ecophyto et de Biodivea (inventaire des habitats et diagnostic des infrastructures agro-écologiques), le système d’agroforesterie viticole a été conçu en privilégiant la diversité (variétés de fruitiers rustiques et anciennes et clones de vigne) et la fertilité des sols. 

Les résultats sur la biodiversité seront à étudier d’ici quelques années.

Des arbres fruitiers menés en bio et une biodiversité à fort potentiel

Au sein du réseau DEPHY de l’Ardèche, Laurent Chaussabel conduit son exploitation d’arbres fruitiers (kiwis, cerises, pêches et poires) en systèmes biologiques. Selon lui, la réussite en arboriculture biologique repose sur la diversification des productions et l’adaptation des variétés aux pressions locales. Sa gestion des bioagresseurs repose sur un niveau de tolérance aux pressions plus élevé : « tant que l’arbre pousse » assure-t-il.

Pour mener ses systèmes à bien, la biodiversité fonctionnelle est favorisée un maximum :

- Enherbement permanent pour favoriser les auxiliaires. En automne, des moutons permettent de gérer la croissance de l’herbe.

-  Mise en place de tas de bois aux bordures pour favoriser la présence de belettes et de serpents afin de lutter contre les campagnols.

- Mise en place de nichoirs à oiseaux, en projet avec la Ligue pour la Protection des Oiseaux.

Pour lutter contre les insectes, des leviers alternatifs aux produits chimiques ont fait leur preuve : filet monorang sur cerisiers contre la mouche ou encore purin de fougères et d’orties contre le puceron noir.

Un paillage naturel en vigne pour favoriser la vie dans les sols

Au sein du réseau DEPHY vigne ardéchois, le GAEC Rémondat, situé à Valvignères, a développé la technique de paillage par roulage des herbes naturelles afin de préserver la biodiversité des sols. Cette technique permet d’étouffer les adventives et de préserver les sols. 

Le projet du GAEC est de passer au semis direct en 2017 avec un mélange légumineuses-graminées entre les rangs de vigne. Le semis se fera grâce à l’achat d’un semoir triple trémie. L’objectif est de diminuer l’épandage d’engrais tout en limitant les herbicides. 

L’objectif de baisse des IFT entre 2010 et 2015 s’est limité à – 5 % à cause notamment des attaques de black-rot, champignon originaire d’Amérique du Nord, très présent dans cette zone. L’objectif est de baisser l’IFT de – 20 % sachant que le GAEC pourra utiliser des panneaux récupérateurs fixes pour les premiers traitements. L’IFT actuel est compris entre 10 et 12, la moyenne du réseau DEPHY local étant de 12.

En conclusion...

La journée fut riche en échanges entre acteurs de différents horizons. Il a été démontré, une fois de plus, la richesse des innovations possibles et des initiatives prises pour réduire l’utilisation des produits phytopharmaceutiques et ses risques.