Mai 2024 - Dominique Dalbin et Emmanuelle Zanchi, animateurs Réso’them de l’enseignement agricole
Guérande : des projets … au fil de l’eau
Le lycée professionnel Olivier Guichard n’est décidément pas un lycée comme les autres : sous triple tutelle (ministères de l’agriculture, de l’éducation nationale et secrétariat d’état de la mer), il ne propose pas moins de 14 formations en hôtellerie-restauration, maintenance automobile et matériel espaces verts, horticulture, aménagements paysagers, fleuristerie, aquaculture et cultures marines !
Son exploitation associée est composée elle-même de nombreux ateliers : serres horticoles, boutique florale, éco-pâturage (avec 40 brebis de race Lande de Bretagne), aquaculture en eau douce … et en eau marine sur son deuxième site de Pen-Bron.
Le premier des gros projets évoqué par Brice Lucas, le directeur de l’établissement, vise à améliorer la synergie entre les structures et les formations, en reconfigurant les installations horticoles et hôtelières en un seul pôle hôtellerie-restaurant d’application-serres maraichères-magasin de producteurs. « La vente à emporter représente déjà 1/3 des recettes de l’exploitation, il y aura davantage encore de valorisation de nos produits, y compris sur le restaurant, en circuits ultra-courts ! », précise-t-il. Il est vrai que l’exploitation transforme dans son atelier des produits originaux et très prisés, comme le sandre, l’esturgeon et son caviar, la lotte de rivière, la truite, les fruits de mer, …
L’atelier aquaculture d’eau douce pour sa part est constitué par un étang de prise d’eau (qui est d’ailleurs également la source du Mès, petit fleuve de 20 km de long), alimentant sur un premier niveau 2,5 ha d’étangs à parois de béton (où l’on fait grossir notamment poissons rouges, carpes koï, truites, esturgeons, …mais aussi des crevettes chevrettes, les « gambas d’eau douce »). Le deuxième niveau comprend 2 500 m2 de bassins, avec une recirculation de l’eau grâce à des filtres biologiques (pour épurer) et des air-lifts (pour renvoyer l’eau par insufflation d’air).
Des bâtiments complètent ce pôle aquaculture continentale, avec des salles de cours, des locaux techniques, des circuits d’eau recirculés et thermorégulés (pour l’écloserie et la nurserie des salmonidés ou pour le grossissement des sandres par exemple). Un nouvel atelier permet également aux apprenants de la filière aquaculture de se former à la première transformation des produits : abattage méthode Ikijeme, éviscération et filetage du poisson (la seconde transformation – fumage, rillettes, conditionnement du caviar – étant sous-traitée).
Le retour de l’aquaponie
C’est au niveau de ce pôle, sur un terrain de 2 500 m2 que la mairie de Guérande est prête à mettre à disposition, que le lycée porte le projet de reconstruction d’une unité d’aquaponie. L’ancienne structure pilote avait été démontée en 2017 pour des besoins d’agrandissement de la serre horticole. Pierre Garsi, enseignant en aquaculture et responsable de l’atelier aquacole de l’exploitation, témoigne : « Nous impliquons les étudiants en BTSA Aquaculture, dans le cadre d’un module d’initiative locale (MIL) dédié à l’aquaponie, notamment sur l’étude du dimensionnement des installations et équipements ». Le projet prévoit une modularité entre unités horticoles et aquacoles couplées ou découplées, une diversité des espèces aquatiques (truite, sandre, esturgeon, lotte de rivière), des essais sur des espèces végétales à forte valeur ajoutée (aromatiques, vanille, safran, …) et sur des supports variés (gouttières tubulaires percées NFT, tours verticales, …).
Le site de Pen-Bron à rénover
Direction la pointe de Pen-Bron, à une dizaine de kilomètres du lycée entre marais salants et océan, l’atelier “cultures marines” de l’exploitation. Paysage magnifique, site labellisé natura 2000, l’établissement y produit sur deux hectares de bassins et de claires et sur une réserve d’eau de mer d’un hectare, des huitres, palourdes, bars, turbots, crevettes … et même des microalgues dans son bâtiment-laboratoire. Mais, comme le déclare Pierre Garsi, « les bassins sont endommagés, les bâtiments d’exploitation et le logement de fonction du technicien également, suite aux différentes tempêtes. Il faut rénover et recréer les conditions optimales pour que les classes d’aquaculture puissent revenir ici aussi ». D’autant plus que le SMIDAP (Syndicat mixte pour le développement de l'aquaculture et de la pêche en Pays de la Loire) a conventionné avec le lycée pour y mener des expérimentations innovantes en conchyliculture et en retour impliquer activement les apprenants. L’idée est à terme d’y expérimenter et développer l’aquaculture multitrophique intégrée (élevage de plusieurs espèces ensemble de niveaux trophiques différents : algues, mollusques, crustacés, poissons) … et proposer une licence pro « micro-algues » avec l’Université de Nantes-IUT de Saint Nazaire et des formations courtes sur les cultures marines, pour des projets de reconversion ou de perfectionnement.
Sur ce territoire où les sujets sur l’eau sont sensibles (préservation de la qualité, conflits d’usages en zone urbanisée et touristique), l’établissement porte, on le voit, des projets ambitieux, au service d’un développement durable tout en répondant aux besoins des filières économiques de la région.
En savoir plus :
Contacts :
Brice Lucas, directeur de l’EPLE : brice.lucas(at)educagri.fr
Frédéric Borie, directeur adjoint en charge de l'enseignement agricole : frederic.borie(at)educagri.fr
Jérôme Binet, directeur de l’exploitation : jerome.binet(at)educagri.fr
Pierre Garsi, enseignant et responsable de l’atelier aquacole : pierre.garsi(at)educagri.fr
Fabrice Cugny, enseignant et référent Enseigner à produire autrement : fabrice.cugny(at)educagri.fr
Lena Leducq, chargée de mission animation des territoires, DRAAF-SRFD Pays de la Loire : lena.leducq(at)agriculture.gouv.fr