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“Être Eleveur à 35 heures” le défi Aurillacois

A Aurillac, dans le Cantal, pays d’herbe au cinq AOP fromagères, l’exploitation de l’EPL Georges Pompidou s’est lancé depuis cinq ans dans l’agriculture biologique. Une véritable rente de situation qui a attiré pendant des années les futurs agriculteurs laitiers du secteur. Mais aujourd’hui le nouveau défi est de former et attirer de futurs actifs agricoles avec un objectif : “être éleveur à 35 heures, c’est possible !”.

Dans un décor de carte postale et des produits emblématiques… fermiers et AB.

Situés à flanc de collines, les bâtiments de l’exploitation de L’EPL Georges Pompidou sont au cœur d’un îlot permettant aux 50 vaches laitières de pâturer dans un rayon de 400 m. Un autre ilot situé à 5 km permet au troupeau allaitant de vaches Salers de produire des broutards et d’assurer une grosse partie des stocks fourragers de l’exploitation.  

Une sole en maïs de cinq hectares reste nécessaire pour sécuriser le stock hivernal. Les 170 ha restants sont conduits en prairie dont une quinzaine d’hectares est sursemée chaque année pour faire face à un appauvrissement de la flore et aux dégâts occasionnés par les campagnols terrestres.  

Les troupeaux sont conduits en agriculture biologique depuis 5 ans. Le lait ainsi produit est valorisé en filière longue, collecté par Sodiaal. L’autre moitié est transformée en fromage en blanc Cantal et Salers (le Cantal est réalisé avec le lait dit « d’hiver », le Salers, quant à lui, est réalisé avec le lait d’été) qui sera ensuite affiné par l’atelier technologique de l’EPL Georges Pompidou.  

Forte de l’expérience acquise sur les conduites des différents troupeaux, et fière du référencement national du fromage Salers dans les magasins Biocoop, l’agriculture biologique semble bien ancrée. Le troupeau allaitant produit des broutards qui sont engraissés généralement en Italie et bien évidemment quitte la filière AB. Cependant l’exploitation cherche des débouchés en AB qui nécessitent de pourvoir engraisser les veaux notamment pour alimenter une filière « veau rosé ».  

Développer des stratégies pour renouveler les générations

Nous sommes en réflexion pour optimiser le temps de travail, diminuer la pénibilité du travail et soustraire le plus possible de tâches répétitives” souligne Eric Cazassus directeur de l’EPL, et il rajoute “ le renouvellement des générations est un impératif, il faut redorer l’image du métier ”. L’équipe de direction nous dévoile le plan d’élevage Massif Central qui s’inscrit dans le plan de relance France 2030. Ce projet ambitieux et en phase avec les enjeux modernes, il a pour titre “Agriculteur, un métier comme un autre... la nature en plus ! ”, et il met l’accent sur la connectique et la robotique au service de l’attractivité. Le directeur de l’EPL affirme que ce projet est transversal “Il vise l’acquisition de matériels appropriés ainsi que des formations courtes basées des retours d’expériences pour de potentiels futurs utilisateurs. Le futur installé, ou futur utilisateur puisse voir dans un même lieu les dispositifs qui existent avec le Centre de Formations Professionnelle et de Promotions Agricoles (CFPPA)  et l’exploitation les montrera”.  

La mono traite, une solution innovante et cohérente dans un système salarié

Claire Dupont-Beaudrey, directrice de l’exploitation nous le dit fièrement :  “depuis six mois nous sommes passés à la mono-traite, cela change la vie de l’exploitation, nous ne pourrions plus faire machine arrière ! ” Avis largement partagé par le salarié croisé lors de la démonstration du robot “repousse fourrage » qui nous confirme cette évolution qui favorise une plus grande souplesse du travail “Avant quand nous faisions les foins, nous étions obligés d’arrêter le chantier les après-midis vers 16 h, pour le reprendre après 18 h, une fois la traite du soir terminée. Maintenant nous faisons des journées continues”. Claire explique également que le prix du lait depuis le passage à la mono traitre a progressé, ceci étant due à une augmentation des taux, “ le plus spectaculaire, c’est que notre rendement fromager est passé de 10 litres de lait à 7.8 litres pour un kilo de fromage, soit 22% de gain de rendement ”. Les aliments concentrés distribués ont également été divisé par deux, ainsi que la consommation d’eau de lavage et surtout l’électricité. Mais pour Claire, la véritable plus-value, c’est la santé des animaux : “en six mois nous avons divisé par quatre les pathologies”.  

C’est en traversant le bâtiment des vaches laitières, que nous apercevons les « Brunes des Alpes ». Ces nouvelles venues viennent compléter le troupeau de Prim Holstein. “Nous voulions des animaux plus rustiques mais nous ne voulions pas anéantir le travail de sélection fait sur les Prim Holstein en faisant du croisement, c’est pour cela que nous avons introduit une seconde race, en achetant des animaux très rustiques” nous explique Claire : “Je ne veux pas des vaches qui produisent à outrance mais des vaches dont je n’entends pas parler” ajoute-t-elle, insistant ainsi sur l’importance accordée à la santé des troupeaux. Les critères de sélection sont ainsi orientés sur les aplombs pour l‘aptitude à marcher, sur les taux pour le rendement fromager, et sur la facilité à se reproduire. Claire et ses salariés accordent de l’importance à la bonne persistance de la lactation et ils concluent par “nous avons clairement changé de paradigme”.

La technologie au service de meilleures conditions de travail

Le projet de transformation des bâtiments de l’exploitation vise à répondre concrètement aux problématiques posées par les travaux quotidiens. Celui est mené avec les salariés, les apprenants et l’interprofession. Quatre matériels ont été acquis pour un montant de 40 700 €. Il s’agit d’un DAL (Distributeur d’Aliment Lacté), d’un DAC (Distributeur d’Aliments Concentrés), d’un robot repousseur de ration et de colliers enregistrant plusieurs paramètres (chaleur, vêlage, rumination). L’ensemble de ces équipements contribue au confort de travail mais aussi à la santé des animaux. Claire nous indique que l’utilisation du DAL a permis de réduire les diarrhées pour les veaux. Selon elle une consommation reguliere ansi qu’une meilleure surveillance sont les facteurs explicatifs. 

 Dans le cadre de ce projet de transformation, d’autres matériels sont à l’étude comme :  

  • Sondes à fourrages pour gagner en sécurité  

  • Brouettes autotractées distributrices d’aliments pour gagner du temps et lutter contre les Troubles Musculo Squelettique (TMS) 

  • Porte-outils radiocommandés pour entretenir les surfaces accidentées avec une sécurité adéquate  

  • Caméras et détecteurs de vêlages afin de diminuer les temps d’astreinte   

  • Rideaux intelligents pour mieux maitriser l’ambiance des bâtiments et augmenter le confort des animaux  

  • Pailleuse connectée pour gagner temps et confort pour les animaux par la réduction des poussières 

  • Robot aspirateur de lisier pour gagner du temps et diminuer la consommation globale de carburant sur l’exploitation. 

D’après nos estimations, l’économie annuelle générée sur les charges seraient de 41 000 €” explique Claire, et ce malgré un amortissement annuel de 22 000 €. Le directeur Eric Cazassus tient à souligner que l’attractivité pour ces matériels auprès des apprenants et de la profession passera aussi par la démonstration de la rentabilité économique d’un atelier ainsi équipé.  

Une adaptation du parcellaire au réchauffement climatique

L’exploitation travaille également sur la qualité de ses fourrages. Suite au réchauffement climatique et aux cycles d’invasion de campagnols terrestres, certaines prairies sont fortement dégradées. Ainsi 15 ha de prairies sont enrichis par un sursemis avec des légumineuses. L’exploitation se tourne aussi vers d’autres solutions, plus expérimentales, Un essai sur un hectare  avec de la Silphie perfoliée est en cours de réflexion. Cette plante est très productive (de 14 à 18 t de MS/ha), résistante à la sècheresse, et très pérenne (de 12 à 15 ans). A ce jour, très peu de références existent dans le Massif Central sur cette plante et encore moins lorsqu’il s’agit de la faire consommer à des vaches laitières.

Chiffres Clefs de l’exploitation :

Surface totale : 175 ha conduits en AB  

Cultures : céréales, prairies temporaires  

Bovins allaitants : 40 Salers  

Bovins lait : 50 Prim’Holstein et Brune des Alpes  

Transformation : Salers AOP et Cantal AOP (fromage) d’avril à novembre  

Main d’œuvre : 4 ETP  

Contacts

EPL Georges Pompidou 4 rue de Salers 15000 Aurillac : www.gpompidouenilv.fr

Eric Cazassus directeur de l EPL Georges Pompidou : eric.cazassus(at)educagri.fr

Claire Dupont-Beaudrey Directrice de l’exploitation : claire.beaudrey(at)educagri.fr

Février 2024  – Cedrric Boussouf  et Hervé Longy animateurs Réso’them de l’enseignement agricole